De l'escrime olympique à la gestion de patrimoine
Gracieuseté

 

« Après les Jeux de 2012, j’ai un peu ralenti l’escrime, j’ai terminé mon baccalauréat en commerce [à l’Université Concordia], puis j’ai eu un premier travail d’adjoint-analyste auprès de deux conseillers en placement à la Financière Banque Nationale », raconte celui qui a été sacré champion national d’escrime à 17 reprises dans diverses catégories entre 2002 et 2010. « Après un peu moins d’un an, j’ai réalisé que je m’ennuyais, assis tout le temps derrière l’ordinateur. J’ai bougé pour travailler chez Groupe Investors durant quelques mois, puis la Financière des professionnels est venue me chercher. »

Depuis janvier, Philippe Beaudry oeuvre donc comme conseiller en gestion de patrimoine, auprès des membres de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, de l’Association des chirurgiens dentistes du Québec, de la Corporation de service de la Chambre des notaires, de l’Association des architectes en pratique privée du Québec et de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires. Il détient les permis de conseiller en placement et de conseillers en sécurité financière.

La firme compte entre autres des fiscalistes, des notaires et une équipe de spécialiste en valeurs mobilières dans ses rangs. « Je vois un gros parallèle avec ma carrière sportive, parce que si je me suis rendu là où je me suis rendu, je ne l’ai certainement pas fait tout seul », note celui qui a été en 2007 le premier Canadien à remporter une médaille dans une épreuve de sabre aux Championnats du monde junior. « Quand j’ai débuté ma carrière à 13 ans, mes parents payaient mes compétitions, puis j’ai commencé à recevoir des subventions d’autres personnes. J’ai eu trois entraîneurs dans ma carrière, ils étaient une partie primordiale de mon équipe, qui incluait les massothérapeutes, les physiothérapeutes, les psychologues sportifs, etc. Maintenant, quand j’utilise cet exemple pour expliquer à ma clientèle l’importance d’avoir une bonne équipe de soutien pour pouvoir accomplir ses objectifs, c’est plus inspirant pour eux. »

Lesdits objectifs constituent d’ailleurs un autre lien entre le sport et la planification financière. « Un sportif, c’est reconnu pour se fixer des objectifs, trouver des façons d’y arriver et ensuite ne jamais lâcher, illustre M. Beaudry. Nos clients ont aussi des objectifs : leur retraite, rembourser des dettes, faire des voyages, etc. J’essaie de leur donner les moyens pour qu’ils réussissent à accomplir ce qu’ils veulent. Je les avertis qu’il peut y avoir des reculs et que quand ceux-ci arriveront, nous serons là pour les aider à se relever. »

Le conseiller estime que cette capacité à dépasser les obstacles est « un trait distinctif des athlètes ». « Un sportif ne doit pas avoir peur de tomber, car nous savons que ça va prendre plus qu’une chute, précise-t-il. Chaque fois, on va se relever et réessayer jusqu’à temps de réussir. Nous ne parlons jamais de ça, mais pour me rendre où je me suis rendu, j’ai dû subir plusieurs milliers de défaites. »

Cette façon d’aborder les obstacles lui a été très utile à ses débuts dans le domaine financier. « C’est tellement difficile de changer d’expertise, admet-il. J’étais l’un des meilleurs au monde dans ma discipline, et là je commençais dans un nouveau milieu, donc je ne connaissais pas grand-chose. Je me suis rattaché aux valeurs d’organisation, de discipline et de persévérance que j’avais développées dans le sport, je me suis fixé des objectifs et de fil en aiguille, j’ai réussi à faire mon chemin », résume celui qui se sent aujourd’hui « en symbiose » avec son employeur, dont il partage la vision et les valeurs.

Équilibre et partage

Le conseiller en gestion de patrimoine est ravi de pouvoir retrouver dans son travail l’un des aspects qui lui plaisait le plus en escrime : l’équilibre. « L’escrime est un sport de combat, mais c’est aussi un sport très équilibré, avec une partie très stratégique, également une partie très technique et une autre très physique, détaille-t-il. Je vois un peu la même chose en tant que conseiller : je dois servir ma clientèle, faire du démarchage pour trouver de nouveaux clients, et également faire de la planification et de l’analyse avec l’aide de nos experts. Sans oublier les formations. »

S’il apprécie pouvoir poursuivre son propre apprentissage, M. Beaudry veut lui aussi partager ses connaissances sportives, que ce soit en donnant un cours d’escrime hebdomadaire aux employés montréalaise d’Ubisoft ou en prononçant de conférences dans les écoles. Depuis 2007, il en a donné entre 250 et 300 dans le cadre du programme Jouez gagnant de l’Institut national du sport du Québec. « Je pense que c’est à travers ces conférences-là que je veux rester attaché au sport, admet celui qui a aujourd’hui remplacé l’escrime par le CrossFit. Quand on a atteint un certain niveau comme athlète, je pense qu’il y a pas mal de choses que nous pouvons enseigner aux jeunes. L’important, pour moi, c’est de leur faire réaliser que le sport, ce n’est pas juste un résultat ; le sport, c’est vraiment beaucoup d’apprentissage. C’est l’école de la vie. »