Léon Lemoine, porte-parole du RCF, craint qu’une éventuelle interdiction des commissions force les conseillers à tarifer leurs services uniquement avec des honoraires. Or, si c’était le cas, il redoute que des clients moins bien nantis refusent de payer des honoraires.
Cette incertitude risquerait de décourager les éventuels acheteurs de clientèles ou de leur accorder un rapport de force par rapport aux conseillers souhaitant vendre leur liste de clients.
Léon Lemoine appréhende ce qu’un jeune conseiller pourrait dire à un représentant sur le point de prendre sa retraite afin de négocier à la baisse la valeur de sa clientèle : « Si j’achète tes clients, est-ce qu’ils vont accepter de me verser des honoraires et est-ce qu’ils vont me les payer réellement? Avant c’était la compagnie de fonds qui me versait des commissions. Maintenant, je n’ai aucune certitude que le futur client que tu vas me vendre va me payer. »
En condamnant la commission de suivi, les régulateurs du Canada viendraient mettre la hache dans la valeur « du régime de retraite des conseillers », d’après Léon Lemoine. Il ajoute que les travailleurs autonomes et les indépendants seraient davantage pénalisés.
« Ce sont les indépendants qui se construisent une clientèle qui seraient perdants. Le conseiller à salaire d’une institution financière, sa clientèle ne lui appartient pas. Ça n’a pas d’impact. Tandis que nous, notre clientèle nous appartient. Quand on veut prendre notre retraite, on doit trouver des juniors qui peuvent prendre la relève. C’est une menace à peine voilée de nous éliminer », note Léon Lemoine.
Assemblée extraordinaire
Afin d’écrire une réplique au document de consultation des ACVM dans lequel ceux-ci envisagent entre autres la disparition des commissions, le RCF tiendra une assemblée extraordinaire d’ici le début d’avril à Montréal et à Québec. L’objectif est aussi de recueillir les préoccupations de l’industrie et démontrer, avec des experts juridiques et en fiscalité, « les dangers imminents que ces changements apportent dans ce projet de loi », selon une invitation que le RCF prévoit envoyer à ses membres.
« Dorénavant votre rémunération ne sera plus basée sur les risques de trouver un client, mais plutôt sur le risque à convaincre vos clients à vous payer », lit-on dans le communiqué du RCF.
Le RCF invite les conseillers qui veulent assister à cette rencontre à lui faire parvenir un chèque de 50 $ pour couvrir les frais de la salle et des conférenciers. « Il y a urgence d’agir, car la consultation sur le règlement 81-407 des ACVM qui termine le 12 avril », soutient Léon Lemoine.