Le hockey est souvent décrit comme un sport où chaque joueur doit non seulement maîtriser ses propres compétences, mais aussi travailler en harmonie avec ses coéquipiers pour atteindre la victoire. Pour Alain Rioux, cette mentalité de jeu d’équipe a transcendé les patinoires pour se transformer en une philosophie de vie et de carrière.
De joueur professionnel de hockey à conseiller en services financiers, en passant par le bénévolat auprès des enfants défavorisés de Québec, le parcours d’Alain Rioux est empreint de détermination, d’engagement et de solidarité.
Alain Rioux se destinait à une carrière en comptabilité, mais c’est au sein de la ligue de hockey junior majeur qu’il s’est d’abord illustré, avec les Remparts de Québec, dans sa ville natale. « J’avais l’intention d’aller à l’université après mon DEC en administration. Pour moi, le hockey se terminerait là », dit-il. Le destin en a décidé autrement. Le jeune homme reçoit une offre pour aller jouer en Europe. Le séjour prévu pour quelques mois se prolongera pendant 13 ans, lui enseignant de précieuses leçons de vie.
Alain Rioux se revoit débarquer de l’avion à Genève, en Suisse, à l’âge de 20 ans, avec ses bâtons, son sac de hockey et sa valise. Le choc culturel est considérable pour le jeune Québécois qui prenait l’avion pour la première fois. « Ça a été un gros changement dans ma vie. Ça m’a ouvert des horizons », déclare-t-il.
Alain Rioux rentre à Québec en 1993 avec sa femme et ses deux garçons : Jonathan, 8 ans, et Guillaume, 5 ans. Il s’inscrit à l’université pour étudier en administration. Sa route croise celle d’Hervé Leclerc, fondateur du Groupe financier Concorde. Celui-ci, impressionné par la détermination du jeune homme, lui propose de se joindre à l’équipe, qui se compose également d’André Geoffrion et de Claude Marcoux. Hervé Leclerc sera le mentor d’Alain Rioux pendant de nombreuses années.
En 1997, le groupe Concorde intègre Services financiers Peak. Alain Rioux y mène depuis ce temps une carrière heureuse à titre de conseiller en sécurité financière autonome. Il apprécie l’indépendance que lui confère ce statut. « On n’a aucun produit maison à pousser à nos clients. On leur propose tout ce que peut offrir le marché. C’est un avantage important », considère-t-il.
Des défis à surmonter
Au cours de sa carrière de plus de 30 ans en finance, le conseiller a relevé plusieurs défis. L’expérience du hockey l’a aidé à faire son chemin à travers les embûches. « Pendant mes années comme hockeyeur, j’ai appris à jouer en équipe et à utiliser les forces de mes coéquipiers. Au hockey, si le gardien ne joue pas bien, tu ne peux pas gagner. Si les défenseurs ne te passent pas la rondelle, tu ne peux pas marquer de buts. J’ai appris que c’est en équipe qu’on peut gagner. C’est pareil dans le domaine de la finance. »
Un de ses défis a été de développer une clientèle à partir de zéro. « Loin du Québec pendant 13 ans, j’avais perdu contact avec beaucoup de personnes, mais j’avais beaucoup de relations dans le monde du hockey. Mes premiers clients ont été dans ce milieu », dit le conseiller.
Les joueurs de hockey professionnels, en activité ou à la retraite, forment toujours une partie de sa clientèle, qui se compose de quelque 500 familles de la région de la Capitale nationale pour un actif total sous gestion d’environ 200 millions de dollars.
Aider des joueurs de hockey professionnels à gérer leurs finances présente plusieurs défis. L’incertitude des revenus des joueurs et la frénésie qui peut tourner la tête à la signature d’un contrat exigent une gestion circonspecte des actifs de la part des conseillers. « Aucun joueur ne sait combien de temps il va jouer. Pour chacun, il faut effectuer une projection comme si c’était son dernier contrat, car une blessure ou une mauvaise saison peut arrêter brutalement une carrière », rapporte Alain Rioux.
Il incite les jeunes joueurs professionnels à ne pas faire de dépenses extravagantes et de planifier leurs finances avec prudence. « À chaque contrat, on repart à 0. Par exemple, avec son premier contrat, le joueur achète une maison. Puis, si d’autres contrats suivent, on priorise d’autres dépenses. On y va progressivement, pour s’assurer que, si le jeune ne joue que trois saisons, il soit quand même en bonne situation financière pour commencer un nouveau défi. »
La planification fiscale est également très importante, non seulement au regard de l’impôt, mais aussi parce que de nombreux joueurs possèdent le statut de non-résidents. Pour servir cette clientèle, Alain Rioux s’est entouré d’une équipe de professionnels spécialisés en fiscalité, en assurances, en placements, etc.
Quelles que soient les caractéristiques des clients, la clé du succès pour être un bon conseiller est de bien les connaître et d’essayer d’en savoir le plus possible sur leurs objectifs, estime Alain Rioux. Certains clients ont beaucoup d’argent, mais n’ont pas de gros revenus. D’autres clients ont des revenus considérables, mais ne réussissent pas à épargner, illustre-t-il. Dans tous les cas, son rôle consiste à les orienter et à les aider à repérer leurs forces et leurs faiblesses. Le plus beau cadeau à ses yeux se matérialise dans la confiance que lui témoigne sa clientèle depuis plus de trente ans.
Autre sujet de satisfaction pour Alain Rioux : une relève est assurée grâce à son fils aîné, Jonathan, qui travaille avec lui depuis 9 ans. « C’est super de pouvoir travailler avec lui aujourd’hui. On a chacun nos forces. On se complète. On fait une équipe extraordinaire. »
une rencontre qui a changé sa vie
En 1997, Alain Rioux a fait une rencontre qui a changé sa vie. Invité par une vieille connaissance à dîner au Pignon Bleu, un organisme qui offre du soutien alimentaire aux enfants défavorisés du quartier Saint-Sauveur, à Québec, il est choqué par l’ampleur de la misère qu’il y voit. Il se sent d’autant plus interpelé qu’il a grandi dans ce quartier. « J’ai vu une occasion de redonner la chance que j’ai eue de pouvoir réussir. C’est à mon tour d’aider ceux qui l’ont plus difficile », dit Alain Rioux. Élevé dans une famille modeste, le hockey ainsi que la finance ont beau l’avoir amené à un autre niveau, il n’a jamais oublié d’où il venait. Aussi, quand les bénévoles du Pignon Bleu lui ont demandé de l’aide, il a trouvé naturel d’accepter.
La cause qu’il a choisie est immense. Au début des années 90, près de 3000 enfants ne mangeaient pas à leur faim tous les jours à Québec, selon une étude du CLSC local. Aujourd’hui, ce chiffre atteint plus de 11000. Le besoin ne cesse de croître, tandis que la pauvreté gagne du terrain.
Pour lutter contre la pauvreté, Alain Rioux a mis sur pied l’Opération panier de Noël. Chaque année, quelque 200 familles défavorisées en bénéficient. La semaine précédent Noel, 200 enfants peuvent aller choisir pour 100 $ de cadeaux dans un magasin de jouets. En 2009, Alain Rioux fait appel à son réseau pour créer le Pro-Am Gagné-Bergeron. L’événement permet à des joueurs amateurs, moyennant un don de10 000 $, de jouer avec des joueurs de la LNH lors d’un match. L’an dernier, il a attiré 10000 spectateurs au Centre Vidéotron et a permis de récolter 500 000$, entièrement remis à des organismes communautaires de Québec. En 15 ans d’existence, le Pro-Am Gagné-Bergeron a rapporté près de 4 millions de dollars au profit de la communauté, signale Alain Rioux.
Depuis trois ans, le conseiller préside la campagne de financement d’un projet inspirant qui sera achevé en 2024 : la construction d’une cuisine, qui fournira chaque jour de la nourriture à des enfants issus de quartiers défavorisés de la Vieille capitale. « Ce qui compte vraiment pour moi, c’est l’impact durable que nous laisserons derrière nous pour toutes ces familles défavorisées qui luttent dans la vie », déclare Alain Rioux.
Ce succès a été atteint en équipe, insiste-t-il. « J’ai été le leader, mais tout seul, je n’aurais pas été capable de faire ça. Aujourd’hui, j’en retire beaucoup de fierté », dit celui qui a reçu en mars la Médaille du service méritoire de la Gouverneure générale du Canada pour sa contribution à la communauté.
Alain Rioux a une pensée pour ses parents, qui lui ont donné l’exemple de l’entraide, du partage et de la compassion. « J’ai vu comment ma mère et mon père ont aidé des enfants du quartier pour lesquels la vie était plus dure que chez nous. J’ai appris beaucoup de leur engagement. Cela fait partie des choses importantes pour moi. »