Les investisseurs canadiens sont de plus en plus déterminés à intégrer des placements durables dans leurs portefeuilles. Près de la moitié (45 %) envisagent d’ajouter ces investissements au cours des deux prochaines années, malgré les préoccupations concernant l’écoblanchiment et la complexité des normes de durabilité, révèle la 5e étude sur le Jour de la Terre de Placements Mackenzie.
À ce jour, 23 % des Canadiens ont déjà adopté l’investissement durable, en hausse par rapport aux 20 % de l’année dernière. De plus, 77 % des investisseurs qui détiennent déjà des placements dans ce domaine prévoient d’augmenter leurs contributions à la transition énergétique.
Hadiza Djataou, vice-présidente et gestionnaire de portefeuille, Équipe des placements à revenu fixe chez Mackenzie, souligne cette évolution : « Les investisseurs vont au-delà des constats à l’égard des investissements durables. Ils agissent concrètement pour soutenir la transition énergétique », dit la spécialiste, qui animait un panel sur le financement de la transition énergétique lors du 4e Sommet de la finance durable.
Le manque de connaissance : toujours un obstacle
Cependant, malgré ces intentions, le manque de connaissance reste un obstacle majeur. Selon le rapport de Mackenzie, seulement un tiers (33 %) des investisseurs ont discuté de l’investissement durable avec leur conseiller.
« Cela démontre que les investisseurs n’achèteront pas des actions de sociétés uniquement parce qu’elles prétendent supporter l’investissement durable. Ils veulent en savoir plus », estime Hadiza Djataou.
Elle croit que davantage d’éducation est nécessaire pour dissiper les préjugés et comprendre pleinement les implications des choix d’investissement. « Il faut en parler avec les clients et continuer à faire de l’éducation en la matière. »
La proportion d’investisseurs qui se disent préoccupés par l’écoblanchiment n’a pas diminué depuis 2023. Plus de 40 % des investisseurs estiment que l’investissement durable manque de lignes directrices ou de normes claires. Ils croient que les rendements des placements durables sont inférieurs à ceux des placements traditionnels.
L’épreuve des chiffres
Pour surmonter les défis de l’écoblanchiment et des rendements perçus comme inférieurs, Hadiza Djataou recommande de privilégier les sociétés qui gèrent activement les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) tout en maintenant une performance financière robuste.
Les gestionnaires doivent également s’assurer que les objectifs annoncés dans les prospectus des fonds durables sont clairs et mesurables, et que les liquidités sont effectivement allouées à la réduction de l’impact initialement prévu, signale-t-elle.
Les données sur la performance à long terme des fonds durables montrent souvent des résultats comparables à ceux des investissements traditionnels. « Si on observe les rendements sur 10 ans des portefeuilles d’IR, la portion de revenu fixe liée à l’investissement durable livre une performance très similaire à celle des obligations traditionnelles », dit Hadiza Djataou.
Étant donné que les investisseurs institutionnels sont plus représentés dans les fonds d’investissement durable, ceux-ci affichent une performance très similaire à celle des obligations.
Transition énergétique : occasions à saisir
La transition énergétique offre des occasions pour les investisseurs. Selon l’étude, près de la moitié des investisseurs (48 %) envisagent d’investir dans des sociétés axées sur la transition énergétique afin de contrer le réchauffement planétaire au cours des deux prochaines années. Hadiza Djataou encourage une approche de portefeuille diversifié et équilibré pour maximiser l’impact tout en minimisant la volatilité.
Les investissements durables deviennent plus ciblés et la tendance s’accentuera dans ce sens, croit la gestionnaire. À l’avenir, les investisseurs auront la possibilité d’avoir plus d’impact sur les aspects clés de la transition énergétique.
L’enjeu est de taille alors que deux tiers (69 %) des investisseurs estiment que le fait d’investir dans ce domaine représente un pas vers un monde meilleur pour les générations futures, avec des bénéfices attendus pour l’environnement (67 %) et la santé (65 %).