Le bénéfice du Groupe Banque TD au deuxième trimestre a chuté de 22 % par rapport à l’année dernière, en raison des coûts liés aux échecs très médiatisés de son programme américain de lutte contre le blanchiment d’argent.
La banque avait déjà prévenu qu’elle aurait une provision initiale de 615 millions de dollars (M$) dans le cadre de ses négociations avec les organismes de réglementation américains. Cela a ainsi permis aux analystes d’ajuster les attentes que la banque a ensuite facilement dépassées.
« Ce fut un bon trimestre pour la TD, toutes nos activités ayant dépassé les attentes », a soutenu le président et chef de la direction Bharat Masrani lors d’une conférence téléphonique jeudi, juste après avoir réitéré le mea culpa de la banque sur ses contrôles de lutte contre le blanchiment d’argent.
Malgré les questions répétées des analystes, la banque n’a fourni aucune nouvelle information, comme le calendrier ou les sanctions prévues, concernant les multiples enquêtes auxquelles elle fait face aux États-Unis.
Mais Bharat Masrani a assuré que la banque faisait tout ce qui était en son pouvoir pour aider à les boucler.
« Nous avons librement partagé toutes les informations dont nous disposions avec le ministère de la Justice et d’autres régulateurs américains, même lorsque cela démontrait nos faiblesses », a-t-il soutenu.
Bénéfice net de 2,56 G$
Sans le dossier du blanchiment d’argent, pour lequel la banque a déjà dépensé 500 M$, le trimestre aurait été bien différent.
La banque a déclaré jeudi avoir réalisé un bénéfice net de 2,56 milliards de dollars (G$), ou un résultat dilué par action de 1,35 $, pour le trimestre clos le 30 avril, en baisse par rapport aux 3,31 G$, ou 1,69 $ par action, du même trimestre de l’année dernière.
En tenant compte des frais et autres éléments exceptionnels, TD affirme avoir réalisé un résultat dilué par action de 2,04 $, en hausse par rapport à 1,91 $ un an plus tôt.
Les résultats, aidés par une hausse de 10 % du chiffre d’affaires à 13,82 G$, étaient bien supérieurs à l’estimation moyenne des analystes de 1,85 $ par action, selon les données fournies par LSEG Data & Analytics.
Selon Meny Grauman, analyste à la Banque Scotia, les résultats étaient mitigés, étant donné que les chiffres positifs étaient principalement dus à des dépenses meilleures que prévu et à une baisse des impôts, tandis que les problèmes de lutte contre le blanchiment d’argent restaient importants.
Même si les accusations liées aux problèmes de réglementation aux États-Unis sont préoccupantes, l’impact potentiel sur les entreprises de son plus grand marché en croissance constitue un risque à plus long terme. Meny Grauman a indiqué qu’il n’en voyait pas encore de signes dans les derniers résultats.
« L’un des principaux risques pour le trimestre était que toute faiblesse importante de l’activité aux États-Unis soit considérée comme un signe de contraintes de croissance dans le contexte des problèmes réglementaires de la banque. La bonne nouvelle est que nous n’en avons pas vu de preuve », a-t-il écrit dans une note.
Le Globe and Mail a rapporté mercredi que la banque faisait également face à des ordres de l’organisme de réglementation bancaire du Canada pour améliorer ses contrôles de risque, incitant les analystes à se demander si la banque était confrontée à des problèmes plus globaux.
Bharat Masrani s’est inscrit en faux contre ce reportage, affirmant que la banque est en dialogue constant avec les organismes de réglementation.
« Il est regrettable que l’article contienne des inexactitudes et dénature nos interactions courantes avec les régulateurs canadiens. »
Bharat Masrani a également déclaré que la banque, avec un ratio de fonds propres de 13,4 %, dispose des réserves de fonds propres nécessaires pour faire face aux conditions incertaines du marché et aux divers scénarios qui pourraient se produire ce trimestre.
Il a aussi fait valoir que l’institution est bien positionnée pour faire face à un ralentissement de l’économie.
La provision pour pertes sur créances de la banque s’est élevée à 1,07 G$ pour le trimestre, en hausse de 472 M$ par rapport à l’année dernière et de 70 M$ par rapport au trimestre dernier.
Le secteur des services bancaires personnels et commerciaux de TD au Canada a enregistré 1,74 G$ au cours de son dernier trimestre, en hausse par rapport à 1,63 G$ à la même période l’année dernière.
Pendant ce temps, les activités de détail de TD aux États-Unis ont gagné 580 M$, en baisse par rapport à 1,41 G$ au deuxième trimestre de l’année dernière.
Les activités de gestion de patrimoine et d’assurance de la banque ont rapporté 621 M$, contre 524 M$ un an plus tôt, tandis que ses opérations bancaires de gros ont été de 441 M$, contre 213 M$ il y a un an.