La Banque Nationale, la Banque de Montréal, le RBC et la CIBC ont dévoilé leurs résultats pour le deuxième trimestre de 2024.
Des résultats en hausse pour la BN
La Banque Nationale (BN) a de nouveau présenté des résultats financiers en hausse dans tous ses secteurs d’activités, malgré un environnement économique qui reste difficile.
L’institution financière établie à Montréal a signalé mercredi un bénéfice de 906 millions de dollars (M$) au deuxième trimestre de 2024, en hausse par rapport à 832 M$ pour la même période l’an dernier.
Ces résultats ont été salués par les marchés boursiers, puisque le cours de l’action de la Nationale a bondi de 2,55 % à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 115,89 $, en hausse de 2,88 $. Cette progression en Bourse a été réalisée malgré un recul de 367 points de l’indice composé S&P/TSX.
« Notre discipline, notre composition diversifiée des activités et notre positionnement défensif nous procurent résilience et souplesse », a affirmé le président et chef de la direction, Laurent Ferreira, lors d’un appel avec les analystes visant à discuter des résultats, mercredi après-midi.
Plus tôt dans la journée, Laurent Ferreira a indiqué par communiqué que la Banque Nationale allait tout de même maintenir une « approche prudente au niveau du capital, du crédit et des coûts » dans un contexte d’incertitude économique.
L’économie canadienne montre toujours des « signes de ralentissement », notamment avec un taux de chômage à la hausse, a-t-il souligné au moment de la conférence téléphonique.
Avec le recul de l’inflation au cours des derniers mois, la Banque du Canada pourrait maintenant offrir un allègement des taux d’intérêt, selon lui.
La prochaine décision de la banque centrale sur le taux directeur est prévue la semaine prochaine et plusieurs observateurs s’attendent à l’annonce d’une première baisse.
Soutenus par les marchés financiers
Les revenus de la Banque Nationale ont totalisé au quatrième trimestre 2,75 G$, comparativement à 2,45 G$ un an plus tôt.
« La banque a de nouveau réalisé un solide trimestre. La progression est principalement due aux marchés financiers et aux activités de financement spécialisé aux États-Unis et à l’international », ont écrit dans une note des analystes de Valeurs mobilières Desjardins.
Le secteur du financement spécialisé aux États-Unis et à l’international a en effet affiché un revenu total en hausse de 23 % d’une année à l’autre, pour atteindre 350 M$. Cette augmentation provient de la croissance des revenus des filiales Credigy et ABA Bank de la Banque Nationale.
Le revenu du secteur des marchés financiers a, quant à lui, bondi de 14 % en raison de la hausse des revenus des marchés mondiaux et des services financiers aux entreprises et services de banque d’investissement, a précisé la BN.
Pour sa part, le secteur des particuliers et des entreprises a généré un revenu de 1,13 milliard de dollars (G$), une hausse de 6 % par rapport à la même période l’an dernier. La Banque Nationale explique que cette croissance provient principalement du revenu net d’intérêts, en lien avec un plus fort volume de prêts et de dépôts et l’accroissement de la marge nette d’intérêts.
Le résultat net de ce secteur a toutefois enregistré un recul par rapport au deuxième trimestre de 2023, passant de 320 M$ à 311 M$. La BN attribue principalement cette diminution à l’augmentation de ses dotations aux pertes de crédit.
Sa provision pour pertes sur créances s’est chiffrée à 138 M$, alors qu’elle était de 85 M$ un an plus tôt.
Les activités de gestion de patrimoine ont aussi connu leur trimestre le plus élevé en matière de revenus, a indiqué la première vice-présidente à la direction de Gestion de patrimoine, Nancy Paquet.
« Il a eu un élan en termes de clients et d’actifs sous gestion », a-t-elle affirmé.
Sur une base ajustée, la Banque Nationale a affirmé avoir gagné 2,54 $ par action, en hausse par rapport à un bénéfice ajusté de 2,34 $ par action il y a un an.
Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice de 2,45 $ par action, selon la firme de données financières Refinitiv.
En marge du dévoilement, l’institution financière montréalaise a annoncé qu’elle versera désormais un dividende trimestriel de 1,10 $ par action, ce qui représente une augmentation de quatre cents.
BMO affiche des résultats inférieurs aux attentes au T2
Les actions de BMO Groupe financier ont chuté de près de 9 %, mercredi, après que la banque a publié des résultats inférieurs aux attentes dans un contexte de provisions pour pertes sur prêts plus élevées et de problèmes de croissance aux États-Unis.
La banque, qui a considérablement accru sa présence aux États-Unis au début de l’année dernière avec son acquisition de Bank of the West pour 16,3 G$ US, a fait valoir que les résultats reflètent un environnement difficile dans ce pays ainsi que la pression exercée sur les emprunteurs canadiens par des taux d’intérêt plus élevés.
BMO gère bien le risque lié au crédit, mais celui-ci est élevé par rapport au trimestre précédent, a indiqué le chef de la direction Darryl White.
« Certains particuliers et entreprises sont affectés par des taux d’intérêt plus élevés sur une longue période et un ralentissement de l’économie », a-t-il déclaré mercredi lors d’une conférence téléphonique sur les résultats.
Aux États-Unis, le secteur bancaire est sous pression depuis mars de l’année dernière, dans un contexte de croissance des prêts plus modérée et de concurrence accrue sur les dépôts, a-t-il souligné.
La combinaison de ces pressions a amené BMO à enregistrer un bénéfice de 1,87 G$ au cours de son deuxième trimestre, en hausse par rapport à 1,03 G$ un an plus tôt, lorsque les résultats avaient été affectés par les charges liées à l’acquisition de Bank of the West.
Sur une base ajustée, BMO affirme avoir gagné 2,59 $ par action diluée, en baisse par rapport à un bénéfice ajusté de 2,89 $ par action diluée au même trimestre de l’année dernière.
Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice de 2,77 $ par action, selon LSEG Data & Analytics.
Les actions de BMO ont clôturé en baisse de 11,62 $, ou 8,86 %, à 119,48 $ mercredi à la Bourse de Toronto, malgré une hausse de son dividende trimestriel de quatre cents à 1,55 $.
Détérioration de la qualité du crédit
Selon les résultats présentés mercredi, les provisions pour pertes sur créances de BMO pour le trimestre se chiffraient à 705 M$. Le total était en baisse par rapport à 1,02 G$ il y a un an, lors de la provision initiale de 705 M$ liée au portefeuille de prêts de Bank of the West.
Une grande partie de l’augmentation de l’année dernière concernait les provisions sur le portefeuille de prêts productifs, qui sont plus automatiquement prélevées sur les prêts par mesure de précaution. Le dernier trimestre a toutefois été marqué par une croissance importante des provisions sur les prêts douteux, où la banque a constaté une détérioration de la qualité du crédit et ne peut plus s’attendre à un remboursement intégral du prêt.
Les provisions sur prêts douteux ont totalisé 658 M$, en hausse par rapport à 243 M$ l’an dernier.
Les pertes sur les prêts douteux comprenaient 247 M$ provenant des services bancaires personnels et professionnels au Canada, en hausse de 44 M$ par rapport au trimestre précédent, en raison de l’augmentation des défauts de paiement sur les cartes de crédit et de l’insolvabilité accrue des consommateurs, a indiqué Piyush Agrawal, chef de la gestion des risques, lors de la conférence téléphonique.
Il a déclaré que la banque s’attend à ce que les provisions sur les prêts douteux restent aux niveaux actuels au cours des deux prochains trimestres en raison des attentes réduites en ce qui a trait aux baisses de taux de la Banque du Canada, une situation qui a un effet plus important sur les consommateurs que certains ne l’avaient prévu.
« Il y a le facteur exogène des insolvabilités ou des propositions canadiennes qui ont été et continuent d’être étonnamment supérieures aux attentes générales », a affirmé Piyush Agrawal.
Les volumes aux États-Unis
Aux États-Unis, les provisions ont totalisé 288 M$, montrant notamment la pression du secteur du camionnage qui est en difficulté depuis un certain temps, a-t-il déclaré.
« Depuis 18 mois, vous avez vu les taux de fret rester à un creux historique, les volumes n’ont pas repris. Si vous regardez l’indice de tonnage américain, c’est un point bas. Et les valeurs de revente, en raison de l’offre excédentaire, ont également été touchées. »
Dans l’ensemble, les provisions sur les prêts douteux étaient 25 % plus élevées que ce que les analystes attendaient, a déclaré Meny Grauman, analyste à la Banque Scotia.
« Le scénario de taux d’intérêt plus élevés pendant plus longtemps est une réalité et semble avoir un impact plus important sur la performance du crédit que Wall Street, ou franchement les équipes de direction, ne l’avaient prévu », a-t-il déclaré dans une note.
« La question est de savoir où vont les attentes (en matière de provisions pour pertes sur créances) à partir de maintenant et il est raisonnable de croire qu’elles seront plus élevées », a-t-il ajouté.
Dans l’ensemble, les revenus bancaires ont totalisé 7,97 G$, en hausse par rapport à 7,79 G$ au même trimestre de l’année dernière.
Les activités bancaires personnelles et commerciales de BMO au Canada ont rapporté 872 M$ au cours du trimestre, en hausse par rapport à 819 M$ au même trimestre de l’exercice précédent, tandis que les activités bancaires personnelles et commerciales aux États-Unis ont rapporté 543 M$, en baisse par rapport à 731 M$.
Les activités de gestion de patrimoine de la banque ont généré 320 M$, une progression comparativement à 240 M$ un an plus tôt. Les activités de marchés financiers de BMO ont rapporté 459 M$, en hausse par rapport à 370 M$.
Le secteur des services d’entreprise de BMO a enregistré une perte de 328 M$ au deuxième trimestre, comparativement à une perte de 1,13 G$ au même trimestre de l’exercice précédent.
RBC annonce une hausse de son bénéfice
La Banque Royale du Canada (RBC) a haussé son dividende après avoir annoncé que ses bénéfices au deuxième trimestre ont augmenté par rapport à l’année dernière, grâce aux bénéfices records de ses activités sur les marchés des capitaux.
La banque annonce qu’elle versera désormais un dividende trimestriel de 1,42 $ par action, soit une augmentation de quatre cents. Elle annonce également son intention de racheter jusqu’à 30 millions de ses actions.
Ces mesures sont annoncées alors que RBC déclare avoir gagné 3,95 G$, ou 2,74 $ par action, pour le trimestre terminé le 30 avril, contre 3,68 G$, ou 2,60 $ par action, un an plus tôt.
Les revenus ont totalisé 14,15 G$, contre 12,45 G$ au même trimestre de l’année dernière tandis que la provision pour pertes de crédit de la banque s’est élevée à 920 M$ pour le trimestre, contre 600 M$ il y a un an.
Sur une base ajustée, RBC indique avoir gagné 2,92 $ par action, en hausse par rapport à un bénéfice ajusté de 2,68 $ par action un an plus tôt.
Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice de 2,75 $ par action, selon LSEG Data & Analytics.
La CIBC annonce un bénéfice de 1,75 G$
La CIBC a déclaré un bénéfice de 1,75 G$ au deuxième trimestre, en hausse par rapport à 1,69 G$ au même moment l’année dernière.
La banque affirme que le bénéfice s’est élevé à 1,79 $ par action pour le trimestre terminé le 30 avril, contre 1,76 $ par action au même trimestre un an plus tôt.
Les revenus ont totalisé 6,16 G$ pendant le trimestre, comparativement à 5,70 G$ il y a un an.
La provision pour pertes sur créances de la CIBC pour le trimestre s’est élevée à 514 M$, en hausse par rapport à 438 M$ un an plus tôt.
Sur une base ajustée, la CIBC affirme avoir gagné 1,75 $ par action au cours de son dernier trimestre, en hausse par rapport à un bénéfice ajusté de 1,70 $ par action au même trimestre de l’année dernière.
Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice de 1,65 $ par action, selon LSEG Data & Analytics.