La Banque du Canada annoncera mercredi sa dernière décision en matière de taux d’intérêt, et les spéculations vont bon train concernant une possible réduction du taux directeur par la banque centrale pour la première fois en plus de quatre ans.
Dans l’ensemble, les marchés financiers s’attendent à ce que la banque centrale réduise son taux directeur d’un quart de point de pourcentage, mais cette opinion n’est en aucun cas universelle, certains s’attendant à ce qu’elle patiente encore.
« Tous les ingrédients sont réunis pour justifier une baisse des taux d’intérêt », a déclaré Nathan Janzen, économiste en chef adjoint de RBC, lors d’une entrevue.
Même s’il s’attend à ce que la banque centrale réduise ses taux d’intérêt en juin et en juillet, Nathan Janzen affirme que la banque centrale maintiendra probablement un « ton prudent » quant aux mouvements futurs.
Une baisse du taux directeur cette semaine marquerait un tournant majeur pour la Banque du Canada, qui a commencé à augmenter de manière agressive les taux d’intérêt en mars 2022 en réponse à la hausse de l’inflation.
Cela soulagerait également les ménages ayant des prêts hypothécaires à taux variable et réduirait la hausse des remboursements pour ceux qui devraient renouveler leur prêt hypothécaire dans les mois à venir.
Mais Nathan Janzen a noté que le passage à des réductions de taux d’intérêt est en quelque sorte une nouvelle peu reluisante, car il s’agit également d’un « symptôme de la sous-performance de l’économie canadienne ».
Une décision guidée par les données économiques
Si la Banque du Canada choisit de baisser son taux directeur mercredi, il s’agira de la première baisse depuis mars 2020, lorsque la pandémie de COVID-19 a incité la banque centrale à réduire son taux directeur à près de zéro.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a déclaré qu’une réduction des taux était possible, mais que la décision serait guidée par les données économiques. Il a affirmé que la banque centrale constatait ce qu’elle avait besoin de voir, mais qu’elle souhaitait le voir sur une plus longue période pour être sûre que les progrès vers la stabilité des prix seront durables.
Les économistes ont été particulièrement encouragés par le ralentissement marqué de la croissance des prix au Canada.
L’inflation annuelle pour avril s’est établie à 2,7 %, contre 2,9 % en mars.
Les mesures fondamentales de l’inflation, qui excluent la volatilité des prix, se sont également progressivement atténuées ces derniers mois.
La décision sur les taux d’intérêt vient dans la foulée d’un rapport de Statistique Canada la semaine dernière selon lequel la croissance économique au premier trimestre n’a pas répondu aux attentes de la Banque du Canada. Statistique Canada a également révisé à la baisse ses chiffres de croissance au quatrième trimestre de 2023.
Toutefois, le rapport sur l’emploi d’avril a montré que l’emploi a augmenté de 90 000 pour le mois, ce qui constitue la plus forte augmentation depuis plus d’un an. Le taux de chômage s’est maintenu à 6,1 %, un point de pourcentage de plus qu’il y a un an.
Un taux directeur à 4 % à la fin de l’année ?
Tu Nguyen, économiste au sein du cabinet comptable et de conseil RSM Canada, affirme qu’il ne fait « aucun doute » que la Banque du Canada devrait réduire ses taux d’intérêt cette semaine.
« Maintenir le taux à 5 % ne pourrait pas faire grand-chose à part freiner l’économie, étant donné que l’inflation a déjà chuté, que l’économie n’a pas connu de croissance depuis un certain temps maintenant et que le taux de chômage augmente », a-t-elle déclaré.
Tu Nguyen a soutenu que même après avoir réduit les taux d’intérêt, la politique sur les taux de la Banque du Canada demeurera « restrictive » pendant un certain temps, ce qui signifie que les taux d’intérêt continueront de peser sur l’économie et de ralentir l’inflation.
RBC s’attend à ce que la banque centrale réduise ses taux d’intérêt à quatre reprises cette année, ramenant ainsi son taux directeur à 4 %.
En revanche, elle ne s’attend qu’à une réduction d’un quart de point de la part de la Réserve fédérale américaine.
« Nous pensons que l’ampleur des divergences est justifiée, étant donné le contexte de croissance économique plus faible au Canada », a déclaré Nathan Janzen.
Tout de même, certains croient encore que la Banque du Canada attendra en juillet pour réduire son taux directeur.
Dans un rapport publié vendredi, la TD a déclaré qu’elle s’attend à ce que la Banque du Canada attende le mois prochain pour réduire ses taux d’intérêt, malgré les progrès sur le front de l’inflation.
« Premièrement, le gouverneur (Tiff) Macklem a seulement reconnu des progrès, mais n’a pas explicitement signalé son intention d’agir », a souligné la TD.
La TD a également noté que le récent résumé des délibérations de la Banque du Canada montrait que certains membres du conseil d’administration estimaient que le risque était moindre que des taux plus élevés ralentissent l’activité économique plus que nécessaire.