L’automne dernier, Barry Heitin, avocat à la retraite de 76 ans résidant à Arlington, en Virginie, a vu disparaître presque 740 000 dollars de ses économies dans une arnaque en ligne sophistiquée. Pendant près de trois mois, il a cru aider les autorités à protéger ses fonds et à capturer des voleurs. En réalité, il participait involontairement au pillage de ses propres comptes bancaires, selon un article du New York Times.
Les cybercriminels visent de plus en plus souvent les Américains de plus de 60 ans, attirés par leurs comptes de retraite bien garnis, signale le média. Leurs techniques se raffinent. Ils sévissent sur les sites de rencontre, les réseaux sociaux, les applications de messagerie ou par le biais de logiciels malveillants. Une fois l’arnaque réalisée, il est quasiment impossible pour les victimes de récupérer l’argent disparu, car les fonds sont souvent transférés à l’étranger ou blanchis via des portefeuilles de cryptomonnaies.
Les arnaques sont dignes de scénarios de film, selon l’auteure. Les escrocs se font passer pour des fonctionnaires, des techniciens d’assistance technique ou des prétendants amoureux. Ils enseignent aux victimes comment contourner les mesures de prévention des fraudes des institutions financières, tout en utilisant des tactiques de manipulation psychologique comme l’isolement, le sentiment d’urgence ou l’exploitation de la confiance.
Pris dans une fausse enquête
Les problèmes de Barry Heitin ont commencé en septembre 2023 lorsqu’il n’a pas réussi à se connecter à son compte de retraite. Plus tard, quand il a essayé de nouveau, un message à l’écran l’a invité à appeler un numéro, censé être celui du service antifraude de son fournisseur.
Il a alors été mis en contact avec une personne prétendant être un agent d’enquête sur la fraude. Celle-ci l’a informé que quelqu’un tentait d’accéder à son compte et l’a dirigé vers un complice se faisant passer pour un employé de la banque où il détenait ses comptes.
Cet individu lui a dit que deux transactions de 10 000 $ avaient été effectuées sur ses comptes pour l’achat d’images d’abus sexuels sur des enfants via un site en Chine. Il a convaincu le retraité qu’il pouvait aider à arrêter un réseau de criminels tout en protégeant ses économies, à condition d’agir rapidement. Le retraité, pensant faire le bon choix, a donné aux escrocs l’accès à son ordinateur, leur permettant ainsi de vider progressivement ses comptes bancaires.
Le déclin de ses économies
Après avoir retiré 113 000 $ de ses comptes courants et d’épargne, Barry Heitin a été incité à transférer ses économies dans des comptes où il pourrait, soi-disant, plus facilement effectuer des transactions. Pour retirer des fonds de son compte de pension et de son compte de courtage, il a prétexté l’achat d’une propriété au Canada pour ses enfants. Cependant, son conseiller, suspectant une fraude, a contacté la banque, qui a confirmé qu’aucune transaction immobilière n’avait été effectuée. Sous la pression des escrocs, le retraité a alors prétendu avoir besoin de cet argent pour acheter de l’or, mais la banque, flairant une arnaque, a refusé de lui remettre les fonds.
Finalement, il a transféré son compte de retraite vers une institution financière moins vigilante. En moins de deux semaines, il a retiré 834 000 $ et transféré l’argent dans divers comptes bancaires. Selon Robert Rabinowitz, l’avocat de la victime, cette activité aurait dû alerter la banque, car elle présente les signes classiques d’un potentiel blanchiment d’argent.
Le cauchemar du retraité a duré trois mois. Finalement, en novembre, des agents du FBI l’ont informé qu’il était l’une des sept victimes d’une arnaque basée en Inde. En plus de la perte de ses économies, le retraité floué doit aussi payer une facture de près de 285 000 $ en impôts sur les retraits effectués de ses comptes de retraite.
Aujourd’hui, Barry Heitin reconnaît qu’il aurait dû agir autrement. Avec le soutien de sa famille, il tente de tourner la page et de récupérer une partie de l’argent perdu de sa retraite.