Le thème de l’ESG est toujours d’actualité parmi les investisseurs institutionnels canadiens. Cependant, les priorités ont changé et certaines entreprises ont mis à jour leur stratégie de communication en raison de la montée de la répression des questions ESG aux États-Unis, selon une étude de sentiment publiée par la société montréalaise Millani.
L’étude a consisté en des entretiens en juin 2024 avec 37 propriétaires et gestionnaires d’actifs représentant 5,4 billions de dollars d’actifs sous gestion.
« Il semble que nous soyons au milieu des inévitables douleurs de croissance associées à la formalisation de nouveaux systèmes et de nouvelles structures, analyse Millani. Cependant, il est clair que la matérialité des questions E, S et G est maintenant bien comprise par les investisseurs et qu’elle n’est pas près de disparaître. »
E, S et G
Parmi les thèmes environnementaux, sociaux et de gouvernance sous l’égide de l’ESG, le thème environnemental, ou « E », reste la priorité initiale pour les investisseurs, avec 54 % des répondants mentionnant les sous-sujets environnementaux comme une priorité pour leurs portefeuilles, leurs votes ou leurs engagements, selon l’étude.
Le thème social, ou « S », a suivi, ses sous-thèmes étant mentionnés dans 29 % des cas. Les investisseurs institutionnels ont reconnu qu’il s’agissait d’un risque de marché croissant, selon le rapport, avec un accent particulier sur la compréhension des droits des autochtones, la réconciliation et le développement dans le contexte des entreprises canadiennes.
La gouvernance, ou « G », arrive en queue de peloton, ses sous-thèmes étant mentionnés dans 17 % des cas.
Des priorités qui évoluent
L’étude s’est également penchée sur quatre domaines d’intérêt ESG, à savoir le climat, la biodiversité, l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI), ainsi que le capital humain, les droits de l’homme, la réconciliation avec les peuples autochtones et les relations avec les communautés.
Parmi ces domaines, l’attention portée à l’EDI est celle qui a le plus diminué sur une période de deux ans. Elle a été mentionnée par 51 % des répondants en juin 2022, mais seulement par 16 % d’entre eux en juin 2024.
En revanche, c’est l’attention portée à la biodiversité qui a le plus augmenté au cours de cette période, les répondants la mentionnant 35 % du temps en juin 2024, contre 16 % du temps deux ans plus tôt.
Refus de l’ESG
À la lumière de la répression des questions ESG aux États-Unis, 94 % des gestionnaires d’actifs canadiens ont déclaré qu’ils n’avaient pas modifié leur processus d’investissement, selon l’étude. Cependant, 46 % des répondants ont suggéré que « le terme perd du poids dans la façon dont il est utilisé ».
Par ailleurs, 21 % ont déclaré que la politisation du sujet a conduit à « un examen approfondi » de leurs communications sur les ESG.
Les gestionnaires d’actifs ont déclaré que les réactions au sud de la frontière ont rendu leur travail plus difficile et ont suscité un examen plus approfondi.
L’étude a également révélé que les gestionnaires d’actifs utilisaient des termes tels que « investissement durable » ou « croissance responsable » pour donner l’impression qu’une stratégie d’investissement a un champ d’application plus large que le seul « ESG ». Toutefois, 71 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles utilisaient le terme « ESG » pour désigner certains produits en interne parce que c’était plus facile, rapporte Millani.