Contexte du concept de crypto-monnaie et de portefeuilles numériques. Rendu 3D CGI
da-kuk / iStock

Le lancement de la plateforme de cryptomonnaies de Donald Trump, World Liberty Financial (WLF), n’a pas rencontré le succès escompté. Cependant, selon Kavita Gupta, fondatrice de Delta Blockchain Fund, l’optimisme de Trump a contribué à faire grimper les prix des cryptomonnaies.

À la suite du lancement de la plateforme WLF sur X, le Bitcoin a atteint 70 000 $ US, son plus haut niveau depuis juillet dernier. Les fonds négociés en Bourse (FNB) de Bitcoin ont également bénéficié de cet engouement, avec des créations nettes de 2,7 milliards de dollars en une semaine.

« La communauté crypto soutient la victoire de Trump aux élections présidentielles, ce qui contribue un peu à cet effet, combiné avec un afflux de liquidités provenant de Chine », explique Kavita Gupta lors d’une entrevue à CNBC.

Le 15 octobre, le candidat républicain a lancé la plateforme WLF, dirigée par deux de ses fils. Environ 927 millions de jetons (token) à 0,015 $ l’unité ont été vendus immédiatement après le lancement. L’objectif initial de l’équipe était de vendre 20 milliards de jetons, mais seulement 1,7 % de cet objectif a été atteint, ce qui représente des ventes de 14 millions de dollars américains, bien en deçà des 300 M$ prévus.

WLF utilise la technologie de la chaîne de blocs (blockchain) et repose sur le protocole DeFi, permettant aux utilisateurs d’emprunter ou de prêter des cryptomonnaies. Les jetons achetés ne peuvent pas être revendus, mais donnent le droit aux investisseurs de participer à la gouvernance de la plateforme.

Selon des responsables de WLF, plus de 100 000 investisseurs qualifiés s’étaient enregistrés la veille du lancement. Toutefois, ce dernier a été perturbé par une série de bogues informatiques, ce qui, selon plusieurs observateurs, pourrait expliquer le faible volume de ventes.

Ces problèmes ont suscité des doutes quant à la fiabilité de la plateforme, qui a reçu un accueil mitigé. « Lorsque la stratégie autour de ce lancement a été discutée, l’enthousiasme général laissait penser que ce serait le produit phare du marché, surtout avec l’association de Trump. Cependant, les résultats sont loin d’atteindre les objectifs fixés, qui étaient très ambitieux. Les investisseurs semblent hésiter, attendant de voir si Trump sera élu avant de s’engager pleinement », observe Kavita Gupta.

La plateforme d’échange de cryptomonnaies Coinbase a également commenté le flop. Dans un article publié sur son site web, elle a indiqué qu’« un tel échec technique pour un projet de cette envergure soulève des questions sur la préparation et la capacité de l’équipe à gérer un projet crypto d’une telle ampleur ».

L’intérêt limité suscité par la plateforme peut être attribué à plusieurs facteurs, selon des observateurs : l’exclusivité réservée aux investisseurs accrédités, l’incertitude quant à la réglementation à venir, ou encore le fait que la plateforme n’est pas encore opérationnelle.

Le fait que des personnalités politiques influentes comme Trump soutiennent des projets dans l’espace crypto suffit à créer un sentiment de FOMO (fear of missing out) parmi les investisseurs, même si les résultats immédiats ne sont pas spectaculaires, générant une anticipation sur l’évolution du marché à plus long terme, estime Kavita Gupka.

Lors du lancement, Donald Trump a indiqué que le projet visait à rendre les services financiers basés sur la blockchain « plus accessibles au grand public », en permettant aux acheteurs d’accéder à des services financiers sans intermédiaire. L’ex-président des États-Unis qui s’était montré jusqu’à récemment plutôt sceptique à l’égard des cryptomonnaies a affirmé l’importance d’adopter cette technologie et de s’éloigner des grandes institutions bancaires, qu’il considère comme lentes et obsolètes.

Concernant les perspectives des cryptomonnaies d’ici la fin de l’année et les élections présidentielles américaines, Kavita Gupta estime qu’une victoire de Donald Trump en novembre pourrait entraîner une forte hausse du marché. Cependant, une correction pourrait se produire en janvier ou février. Si la candidate démocrate, Kamala Harris, est élue, des baisses de taux d’intérêt de la Réserve fédérale et des annonces concernant l’absence de taxes sur les gains non réalisés seront nécessaires. Kavita Gupta souligne que ces ajustements pourraient amorcer un cycle haussier. « Tout le monde se demande si ce sera en novembre ou en juillet de l’année prochaine que ce cycle haussier commencera. »