Pont Ambassador au crépuscule.
Steven_Kriemadis

Le président élu américain, Donald Trump, menace d’imposer de nouveaux tarifs douaniers au Mexique, au Canada et à la Chine dès son entrée en fonction, dans le cadre de ses efforts pour lutter contre l’immigration illégale et la drogue.

S’ils sont mis en œuvre, les tarifs pourraient entraîner une hausse spectaculaire des prix des produits, allant de l’essence aux automobiles. Les États-Unis sont le plus grand importateur de biens au monde, le Mexique, la Chine et le Canada étant ses trois principaux fournisseurs, selon les données les plus récentes du gouvernement.

Donald Trump a proféré ces menaces dans des messages publiés sur son site Truth Social lundi soir, dans lesquels il s’en est pris à l’afflux de migrants illégaux, même si les passages frontaliers du sud sont à leur plus bas niveau depuis quatre ans.

« Le 20 janvier, dans le cadre de l’un de mes nombreux premiers décrets, je signerai tous les documents nécessaires pour imposer au Mexique et au Canada un tarif de 25 % sur TOUS les produits entrant aux États-Unis et sur ses ridicules frontières ouvertes », a-t-il écrit, se plaignant que « des milliers de personnes affluent par le Mexique et le Canada, amenant la criminalité et la drogue à des niveaux jamais vus auparavant », même si la criminalité violente est en baisse par rapport au sommet de la pandémie.

Le républicain a également tourné sa colère vers la Chine, affirmant qu’il avait « eu de nombreuses discussions avec la Chine au sujet des quantités massives de drogue, en particulier de fentanyl, envoyées aux États-Unis — mais en vain ».

« Tant qu’ils ne cesseront pas, nous imposerons à la Chine un droit de douane supplémentaire de 10 %, en plus de tout droit de douane supplémentaire, sur tous leurs nombreux produits entrant aux États-Unis », a-t-il indiqué.

Il n’est pas clair si le républicain mettra réellement ses menaces à exécution ou s’il les utilise comme tactique de négociation avant de prendre ses fonctions au cours de la nouvelle année.

Les arrestations pour avoir traversé illégalement la frontière américaine depuis le Mexique sont en baisse et sont restées en octobre à leur plus bas niveau depuis quatre ans, selon les chiffres américains les plus récents. La police des frontières a procédé à 56 530 arrestations en octobre, soit moins d’un tiers du total du mois d’octobre de l’année précédente.

Une grande partie du fentanyl américain est introduit en contrebande depuis le Mexique. Les saisies de cette drogue aux frontières ont fortement augmenté sous la présidence de Joe Biden, et les autorités américaines ont comptabilisé environ 12 247 kilogrammes de fentanyl saisis au cours de l’exercice budgétaire 2024, contre 1154 kilogrammes en 2019, lorsque Donald Trump était président.

Le candidat de Donald Trump au poste de secrétaire au Trésor, Scott Bessent, serait l’un des nombreux responsables chargés d’imposer des droits de douane à d’autres nations, si sa nomination est confirmée. Il a mentionné à plusieurs reprises que les droits de douane sont un moyen de négociation avec d’autres pays.

UN DÉFI POUR LE CANADA

Si le président élu devait aller de l’avant avec les tarifs douaniers, les nouvelles taxes poseraient un énorme défi aux économies du Canada et du Mexique, en particulier.

Le dollar canadien s’est fortement affaibli sur les marchés des changes immédiatement après la publication de Donald Trump.

Pendant le premier mandat du président Trump, sa décision de renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et les rumeurs selon lesquelles il envisageait d’imposer des droits de douane de 25 % sur le secteur automobile canadien étaient considérées comme une menace existentielle au Canada. Le Canada est l’un des pays les plus dépendants du commerce au monde, et 75 % des exportations canadiennes sont destinées aux États-Unis.

Les droits de douane remettraient également en question la fiabilité de l’accord commercial de 2020 négocié en grande partie par Trump avec le Canada et le Mexique, l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), qui a remplacé l’ALENA et doit être révisé en 2026.

Il n’est pas clair, d’après la publication de Donald Trump sur les médias sociaux, comment il appliquerait légalement les hausses de droits de douane sur ces deux partenaires commerciaux essentiels des États-Unis, mais l’accord de 2020 prévoit des exceptions pour des raisons de sécurité nationale.

Les responsables de l’équipe de transition du républicain n’ont pas immédiatement répondu aux questions sur l’autorité qu’il utiliserait, sur ce qu’il aurait besoin de voir pour empêcher la mise en œuvre des tarifs et sur l’impact qu’ils auraient sur les prix aux États-Unis.

Lorsque Donald Trump avait imposé des tarifs plus élevés au cours de son premier mandat, d’autres pays ont réagi en imposant leurs propres tarifs en représailles. Le Canada avait, par exemple, annoncé des milliards de nouveaux droits de douane en 2018 contre les États-Unis en réponse aux nouvelles taxes sur l’acier et l’aluminium canadiens.

Un haut responsable canadien avait déclaré avant les publications de Donald Trump que les responsables canadiens s’attendaient à ce que le républicain lance des décrets sur le commerce et la frontière dès qu’il prendrait ses fonctions. Le responsable n’était pas autorisé à parler publiquement et s’est exprimé sous couvert de l’anonymat.

Le ministère des Affaires étrangères et le ministère de l’Économie du Mexique n’ont pas non plus réagi immédiatement aux déclarations de Donald Trump. En règle générale, ces questions importantes sont traitées par la présidente lors de ses conférences de presse matinales.