Le principal obstacle au report du versement des prestations du Régime de pensions du Canada (RPC), pour ceux qui en ont les moyens, est l’aversion aux pertes. Ce phénomène psychologique se produit lorsque les retraités estiment qu’il est injuste de ne pas bénéficier du revenu du RPC auquel ils auraient pu prétendre s’ils étaient décédés avant d’avoir atteint leur seuil de rentabilité.
L’Institut national du vieillissement a proposé, dans un rapport publié le mois dernier, d’instaurer une « garantie de remboursement » du RPC en tant que prestation de décès, ce qui pourrait améliorer la prise de décision.
À la retraite, les gens craignent essentiellement de manquer d’argent et de voir l’inflation éroder la valeur de ce qu’ils ont, rappelle Bonnie-Jeanne MacDonald, coautrice du rapport et directrice de la recherche sur la sécurité financière à l’Institut national du vieillissement de la Ted Rogers School of Management de l’Université métropolitaine de Toronto.
Mais en refusant de retarder le versement des prestations du RPC, qui est le moyen le plus sûr de se prémunir contre le risque de manquer d’argent, ils ne respectent pas leur plus grande priorité en matière de retraite, précise-t-elle.
Les paiements du RPC sont indexés sur l’inflation et le montant du paiement est augmenté de façon permanente pour chaque mois de retard du premier paiement.
« Leur propre cerveau travaille contre eux parce qu’ils sont tellement habitués à penser à court terme, explique l’experte. Malheureusement, ce n’est pas le moment de prendre sa retraite. »
Selon Bonnie-Jeanne MacDonald, le versement d’une pension de réversion pour tout montant de RPC non réclamé aiderait les retraités à surmonter cet obstacle mental.
Cet avantage permettrait également d’éliminer le biais du seuil de rentabilité, puisque celui-ci serait toujours égal à zéro, ajoute Bonnie-Jeanne MacDonald. Le cadrage du seuil de rentabilité détourne l’attention des gens de la planification à long terme et les encourage à penser à court terme.
Outre le fait qu’elle permettrait de surmonter un obstacle psychologique, l’instauration d’une pension de réversion rendrait le RPC plus équitable, car les Canadiens à faible revenu ont tendance à décéder plus tôt et ils recevront une prestation de décès plus importante, dit Bonnie-Jeanne MacDonald.
Elle pourrait également améliorer l’équité entre les générations. Les personnes âgées vivant plus longtemps risquent davantage d’épuiser leurs fonds de retraite si elles ne retardent pas les versements du RPC, et peuvent avoir besoin du soutien financier de leurs enfants adultes.
« Nous pourrions les aider à prendre la meilleure décision, celle de doubler les fonds du RPC en les reportant. Cela ne les rendra pas seulement plus heureux, mais aussi leurs enfants », ajoute Bonnie-Jeanne MacDonald.
Selon les calculs effectués dans le rapport, la pension de réversion réduirait le niveau des prestations de 1,4 % à 3,7 %, en fonction de l’âge du retraité.
« La probabilité que les gens meurent avant d’avoir récupéré leur argent est tellement faible. Le coût de cette mesure est très, très faible », précise Bonnie-Jeanne MacDonald.