Selon Moody’s Ratings, la nouvelle approche des États-Unis en matière de politique commerciale menace de bouleverser les pratiques commerciales établies à travers le monde, qu’il s’agisse de menaces de droits de douane généralisés à l’encontre de certains pays, dont le Canada, de prélèvements spécifiques à certains secteurs ou de promesses de droits de douane réciproques à l’encontre de leurs partenaires commerciaux.
Depuis son entrée en fonction le 20 janvier, la nouvelle administration américaine a :
- imposé des droits de douane de 25 % au Canada et au Mexique (avec une pause temporaire de 30 jours),
- ajouté un prélèvement de 10 % sur les importations en provenance de Chine,
- promis de nouvelles taxes sur les importations d’acier et d’aluminium à partir du mois prochain,
- et lancé un processus visant à égaler les droits de douane que ses partenaires commerciaux appliquent actuellement sur les importations américaines dès le 1er
Cette approche de la fixation des droits de douane par pays « abandonne une pratique établie dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce […] qui exige des pays qu’ils accordent les mêmes conditions commerciales à tous leurs partenaires commerciaux », souligne l’agence de notation.
Au fil du temps, cette évolution pourrait entraîner des changements dans les pratiques commerciales de tous les pays qui participent au système commercial mondial.
« Un scénario bénin serait celui où les frictions commerciales et les négociations amèneraient les partenaires commerciaux à abaisser leurs barrières commerciales pour maintenir leur accès au marché américain », avance l’agence.
À l’inverse, cela pourrait se traduire par des relations commerciales de plus en plus « conflictuelles », « qui conduiraient à des barrières commerciales encore plus élevées », ajoute-t-elle, « l’histoire montre que les barrières commerciales ont tendance à rester en place une fois qu’elles ont été mises en œuvre ».
Alors que l’objectif des États-Unis semble être de réduire leur déficit commercial, d’augmenter les recettes publiques et de relancer la production manufacturière américaine, « les droits de douane bilatéraux sont plus susceptibles d’entraîner un détournement des échanges qu’une relance de la production manufacturière, prévient Moody’s Ratings. Ils réduiraient également la croissance et augmenteraient les prix des produits ciblés ».
Dans le même temps, les droits de douane qui visent à cibler les déficits commerciaux sectoriels bilatéraux « sont susceptibles d’avoir un effet négatif sur le commerce intra-industriel ».
En particulier, cette nouvelle approche « crée de l’incertitude pour les entreprises des pays ayant des excédents bilatéraux avec les États-Unis », notamment le Mexique, le Canada, l’Union européenne, la Chine, le Japon, la Corée et l’Inde.