La menace numérique n’a jamais été aussi présente, ni aussi raffinée. Selon le dernier Sondage RBC du Mois de sensibilisation à la fraude, une écrasante majorité de 96 % des Québécois estime que les escroqueries sont devenues plus ciblées et sophistiquées. Face à cette déferlante, un phénomène inquiétant émerge : l’épuisement de la vigilance.
Ce coup de sonde, mené auprès de 1500 adultes canadiens, dont 346 Québécois en janvier 2025, met en lumière un paradoxe préoccupant. Alors même que les tentatives d’escroquerie connaissent une hausse marquée selon 88 % des répondants (contre 71 % en 2023), près d’un tiers (30 %) admettent avoir tendance à baisser leur garde. Une majorité de répondants (64 %) se disent lassés de devoir constamment faire preuve de vigilance.
« Les escroqueries étant de plus en plus nombreuses et sophistiquées, il n’est pas étonnant que la vigilance des Québécois soit en baisse, explique Vanja Gorazi, vice-présidente, Lutte antifraude chez RBC. Grâce aux dernières technologies, les criminels peuvent recueillir des renseignements, inspirer confiance, créer un sentiment d’urgence et exploiter les besoins et les craintes de leurs victimes. »
Des menaces qui évoluent rapidement
L’hameçonnage et le harponnage demeurent les formes d’escroquerie les plus répandues selon 81 % des répondants québécois. Mais d’autres menaces gagnent rapidement du terrain. Les fraudes ciblant spécifiquement les aînés sont en hausse, selon 81 % des sondés.
L’hypertrucage, cette technologie permettant de manipuler l’image et la voix pour se faire passer pour une personne de confiance, connaît une progression fulgurante. Pas moins de 74 % des Québécois signalent une augmentation de ce type de fraude, contre 51 % seulement l’année précédente.
Cette évolution rapide explique pourquoi 84 % des répondants estiment qu’il est de plus en plus difficile de reconnaître les escroqueries et de s’en protéger.
Des mesures de protection radicales
Face à ces menaces, les Québécois ne restent pas passifs. La quasi-totalité (96 %) reconnaît l’importance de prendre des mesures de protection, et 87 % affirment que la meilleure façon de se protéger est de demeurer vigilant.
Pour 70 % des répondants, ces mesures doivent être « radicales » pour être efficaces.
Parmi les comportements adoptés par les Québécois figurent en tête :
- ne jamais divulguer ses mots de passe, NIP ou coordonnées d’accès (93 %) ;
- ne jamais répondre aux messages, appels ou courriels non sollicités (90 %) ;
- ne jamais donner suite aux demandes prétendument urgentes (87 %) ;
- et mettre en place l’authentification multifacteurs quand c’est possible (85 %).
Cependant, seuls 65 % se méfient systématiquement de toutes les communications non sollicitées, même celles qui semblent provenir d’une source fiable, ce qui laisse une marge de manœuvre importante aux fraudeurs utilisant des techniques d’usurpation d’identité.
L’importance de rester vigilant
« Il est naturel de vouloir agir à bon escient pour sa famille, ses amis et sa collectivité. Les fraudeurs en ont bien conscience et cherchent à en tirer profit », rappelle Vanja Gorazi.
« En matière d’escroquerie, la moindre erreur peut entraîner des pertes et un stress considérables », ajoute-t-elle.
RBC recommande trois approches essentielles pour se protéger :
- prendre le temps de réfléchir avant de répondre à toute sollicitation,
- configurer les fonctionnalités de protection comme l’authentification multifacteurs,
- et se tenir informé des pratiques des fraudeurs.
L’institution rappelle qu’elle ne demandera jamais d’identifiants de connexion, de NIP ou de mots de passe par téléphone, texto ou courriel, et n’exigera jamais de détruire une carte bancaire ou d’ajouter RBC comme bénéficiaire de paiement pour « sécuriser un compte ».
Face à l’ingéniosité croissante des fraudeurs, la meilleure défense reste une vigilance constante et informée, malgré la fatigue que cela peut engendrer.