Un dessin de deux hommes d’affaires qui se passent le bâton dans la course de relais dans le stade.
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Victor Dodig, président et chef de la direction de la CIBC, prendra sa retraite cet automne, laissant derrière lui une banque plus solide que celle dont il a hérité il y a une dizaine d’années.

La banque torontoise a annoncé jeudi un plan de succession qui verra Victor Dodig quitter son poste le 31 octobre. Il sera remplacé par Harry Culham, responsable des opérations de Marchés des capitaux CIBC, également nommé chef de l’exploitation à compter du 1er avril, avant sa promotion importante plus tard dans l’année.

« Ensemble, nous avons jeté des bases solides pour l’avenir, grâce à une stratégie claire et cohérente axée sur les relations avec les clients, la solidité financière, l’innovation, la durabilité et un engagement communautaire authentique », a indiqué Victor Dodig par communiqué.

« Je suis très fier de tout ce que nous avons accompli ensemble et je pense que le moment est bien choisi pour passer le flambeau à Harry (Culham) », a-t-il ajouté.

Le départ de Victor Dodig marque la fin d’un chapitre prometteur pour la banque, qui a dynamisé son bilan, orchestré sa plus importante acquisition à ce jour et tiré parti de la vigueur du marché américain au cours de la dernière décennie.

Sous la direction de Victor Dodig, la banque a racheté le prêteur PrivateBancorp, établi à Chicago, pour 5 milliards de dollars américains en 2017, afin de générer un quart de ses bénéfices aux États-Unis à long terme. À l’époque, environ 5 % de ses bénéfices provenaient des États-Unis, principalement de ses activités de gestion de patrimoine et de marchés financiers.

La banque souhaitait accroître sa présence aux États-Unis, car l’économie du pays était en croissance, les taux d’intérêt augmentaient et Donald Trump, alors à son premier mandat présidentiel, promettait des réductions d’impôts et une déréglementation.

James Shanahan, analyste chez Edward Jones, attribue aujourd’hui à cette transaction et à l’orientation américaine de Victor Dodig le doublement des revenus de la CIBC et la diminution de la part attribuable au Canada de plus de 85 % à moins de 70 %.

« Pendant cette période, la CIBC s’est considérablement diversifiée, réduisant ainsi sa dépendance au Canada et à ses activités bancaires traditionnelles », a déclaré James Shanahan dans une note aux investisseurs.

Un autre élément marquant du mandat de Victor Dodig a été le temps qu’il a consacré au développement des activités de marchés des capitaux et de gestion de patrimoine de la CIBC, qui représentent désormais plus d’un tiers des revenus et des bénéfices, selon James Shanahan.

Le successeur de Victor Dodig a passé une décennie à la tête des activités mondiales de marchés des capitaux de la CIBC, mais a également occupé des postes de direction au sein du secteur bancaire en Europe et en Asie avant de rejoindre la banque torontoise en 2008.

Harry Culham a fait ses débuts à la banque bien des années auparavant, alors qu’il était stagiaire à Vancouver et participait à l’un des tout premiers programmes de jeunes diplômés de la CIBC.

Une modernisation de la banque

Lorsqu’il prendra la relève de Victor Dodig, il devra aider la banque à gérer la guerre commerciale qui a éclaté entre le Canada et les États-Unis et qui risque de bouleverser les économies des deux pays. Les tensions que Donald Trump, qui en est à son deuxième mandat présidentiel, a suscitées entre ces alliés autrefois très proches ont entraîné une chute du huard et un effondrement des marchés.

La CIBC dispose toutefois d’une solide clientèle sur laquelle s’appuyer pour traverser cette période difficile, car Victor Dodig a conduit la banque à acquérir les activités canadiennes de cartes de crédit de Costco en 2022, alors que le pays était encore aux prises avec les effets de la pandémie de COVID-19.

L’opération s’accompagnait de 3 milliards de dollars de soldes impayés. La présidente du conseil d’administration de la CIBC, Kate Stevenson, a mentionné jeudi que la banque avait gagné plus de deux millions de clients, dont de nombreux clients fortunés et professionnels.

Elle considère cette opération, ainsi que les investissements « transformateurs » dans les services bancaires numériques et les technologies, comme des moyens par lesquels Victor Dodig a modernisé la banque et l’a rendue plus « axée sur les relations ».

Alors que la banque se prépare à la transition de sa direction, toutes ses activités opérationnelles relèveront de Harry Culham, tandis que les fonctions centrales de la CIBC continueront de relever de la compétence de Victor Dodig jusqu’à son départ à la retraite.

Après son départ à la retraite, Victor Dodig continuera d’exercer ses fonctions de conseiller spécial auprès de Harry Culham et du conseil d’administration jusqu’au 30 avril 2026.

Ce transfert de pouvoir intervient alors qu’un autre concurrent de la CIBC a également remanié sa direction.

Raymond Chun a pris ses fonctions à la tête de la Banque TD le 1er février, à la suite des échecs de la lutte contre le blanchiment d’argent dans les activités américaines de la banque, qui ont assombri la fin du mandat du président-directeur général Bharat Masrani.

Raymond Chun devait prendre ses fonctions le 10 avril, mais sa date d’entrée en fonction a été avancée, la banque ayant indiqué en janvier qu’elle cherchait à tourner la page grâce à un plan de succession accéléré.