Un homme d’affaires regarde vers la ville à l’horizon à travers une longue-vue.
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La riposte aux nouveaux tarifs américains sur les produits canadiens par des tarifs plus élevés sur les importations américaines est peut-être populaire, mais elle aura aussi un coût : celui d’attiser l’inflation et de ralentir davantage la croissance au Canada, prévient le Mouvement Desjardins.

Dans un rapport récent, les économistes de la Coopérative tentent d’estimer les effets sur l’économie canadienne des contre-tarifs que le Canada a l’intention d’imposer aux États-Unis.

« Le gouvernement fédéral a publié une longue liste de produits importés qui ont été ou pourraient être frappés de tarifs de rétorsion de 25 %. Ces produits se comptent par milliers et vont des parapluies aux sous-vêtements et de l’acier aux spiritueux », indique le rapport. Il ajoute que les contre-tarifs devraient augmenter les prélèvements sur plus de la moitié des importations en provenance des États-Unis.

Selon le rapport, le gouvernement ne cible pas ses mesures de rétorsion pour minimiser l’impact national en ciblant des biens qui peuvent être facilement remplacés par les ménages canadiens.

Au contraire, ces tarifs semblent être calibrés pour maximiser leur impact sur les exportateurs américains, tout en répondant directement aux mesures américaines et en essayant d’éviter que les impacts ne soient concentrés au niveau régional au sein du Canada, analysent les auteurs du rapport.

« En conséquence, les droits de douane de 25 % sur certaines importations en provenance des États-Unis devraient se traduire globalement par une réduction éventuelle de 25 % de la demande. »

Et ces tarifs douaniers de rétorsion alimenteront l’inflation.

« Selon nos estimations, les tarifs douaniers pourraient augmenter l’inflation de 0,6 point de pourcentage pour l’année commençant au [deuxième trimestre] », calculent les experts du rapport.

L’impact de la forte hausse des prix à l’importation serait encore pire si les droits de douane ne ralentissaient pas la croissance économique, ce qui exercerait une certaine pression désinflationniste.

« Nous avons estimé que si des contre-tarifs de 25 % sont appliqués à 185 milliards de dollars d’importations au cours du prochain mois, le niveau du PIB réel serait inférieur d’environ 0,3 % à son niveau le plus élevé d’ici la fin de 2025 », note Desjardins.

Une croissance plus faible atténuera les effets inflationnistes des mesures de rétorsion, qui pourraient également être tempérés par l’absorption par les entreprises d’une partie des coûts supplémentaires et par la perspective d’un dollar américain plus faible, tempèrent les auteurs du rapport.

Normalement, la Banque du Canada devrait lutter contre l’augmentation de l’inflation en augmentant les taux d’intérêt, mais dans ce cas, « étant donné la nature du choc inflationniste », Desjardins s’attend à ce que la banque centrale continue de réduire progressivement le taux directeur du financement à un jour, jusqu’à ce qu’il atteigne 1,75 % en 2025, dans le but de limiter les dommages économiques causés par la guerre commerciale.

De plus, l’organisme a noté que, même si les tarifs douaniers de rétorsion pèseront sur la croissance au Canada, l’économie se dirigeait vers une contraction en raison des seuls tarifs douaniers américains.

« Si le fait d’éviter les tarifs douaniers de rétorsion peut atténuer la douleur des Canadiens, cela ne suffira probablement pas à éviter une récession », prévient le rapport.

Répliquer aux États-Unis sur les tarifs douaniers sans s’infliger trop de dommages constitue un défi de taille pour les décideurs politiques.

« Jusqu’à présent, le gouvernement du Canada semble avoir fait un travail aussi bon qu’on pouvait l’espérer », indique le rapport. La stagflation pourrait être le coût des représailles.