La tour du parlement à Ottawa sur un fonds de ciel bleu.
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Le premier ministre libéral Mark Carney a soutenu qu’il gouvernera pour tous les Canadiens au petit matin mardi, alors que les électeurs ont octroyé un quatrième mandat consécutif au Parti libéral.

La stabilité du gouvernement se jouera sur une poignée de sièges qui étaient trop serrés pour être déterminés au moment d’écrire ces lignes. Il semblait toutefois très probable que Mark Carney devra travailler avec les autres partis pour rester au pouvoir.

Devant ses partisans à Ottawa, le chef libéral s’est engagé à « faire de son mieux » pour représenter tous les citoyens, peu importe où ils habitent, quelle langue ils parlent ou pour quel parti ils ont voté.

Il a aussi remercié les Québécois pour leur confiance. « La langue française, la culture québécoise, sont au cœur de l’identité canadienne. Elles définissent le pays que j’aime tant, et je vais les défendre sans relâche », a-t-il soutenu.

Au terme d’une campagne électorale de 36 jours monopolisée par la guerre commerciale avec les États-Unis, Mark Carney a réitéré son engagement à défendre les intérêts des Canadiens devant les menaces du président Donald Trump.

« Lorsque je m’assiérai avec le président Trump, ce sera pour discuter de la future relation économique et de sécurité entre deux nations souveraines. Et ce sera en sachant parfaitement que nous avons beaucoup, beaucoup d’autres options que les États-Unis pour construire la prospérité pour tous les Canadiens », a dit Mark Carney, en anglais.

Vers 2 h dans la nuit de mardi, le Parti libéral était en voie d’obtenir 167 sièges, le Parti conservateur 145 sièges, le Bloc québécois 23 sièges, le Nouveau Parti démocratique (NPD) sept sièges et le Parti vert un siège.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a annoncé sa démission vers 1 h au petit matin, en concédant la victoire dans sa circonscription de Burnaby-Centre, en Colombie-Britannique.

Si Mark Carney a été élu dans la circonscription de Nepean, dans la région d’Ottawa, le sort du chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, était incertain. Au moment d’écrire ces lignes, le candidat libéral Bruce Fanjoy était toujours en avance sur le chef conservateur dans sa circonscription de Carleton, en Ontario.

S’exprimant devant ses partisans à Ottawa, Pierre Poilievre a soutenu qu’il continuera de se battre. Il s’est réjoui que les conservateurs aient réussi à rafler une vingtaine de sièges supplémentaires et d’avoir donné aux libéraux un mandat « minoritaire ».

Le Parti conservateur affichait une forte présence en Colombie-Britannique, en Alberta et en Saskatchewan, en plus d’être en voie d’obtenir plusieurs circonscriptions en Ontario, au cours de la nuit.

Du côté du NPD, Jagmeet Singh a soutenu que d’avoir représenté les citoyens de Burnaby-Centre avait été « l’honneur de sa vie ».

Au Québec, le seul député néo-démocrate, Alexandre Boulerice, conserve son siège dans Rosemont—La Petite-Patrie. La députée du NPD Leah Gazan a aussi été réélue dans Winnipeg-Centre, tout comme Heather McPherson dans Edmonton Strathcona.

Des gains pour les libéraux au Québec

Les libéraux ont fait des gains importants au Québec, et plusieurs candidats du parti ont été réélus.

Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a été réélu dans Saint-Maurice–Champlain. La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, garde sa circonscription d’Ahuntsic-Cartierville, tout comme la ministre des Anciens Combattants, Élisabeth Brière, dans Sherbrooke.

Steven Guilbeault, ministre de la Culture et de l’Identité canadiennes, est réélu dans Laurier-Sainte-Marie, ainsi que le ministre de l’Emploi et des Familles, Steven MacKinnon, dans Gatineau.

Le député libéral Jean-Yves Duclos a pour sa part regagné son siège dans Québec-Centre. Toujours dans les rangs libéraux, la porte-parole du groupe PolySeSouvient et survivante du massacre de l’École Polytechnique, Nathalie Provost, a été élue dans Châteauguay—Les Jardins-de-Napierville.

Les libéraux ont maintenu leur présence dans la circonscription de l’ancien premier ministre Justin Trudeau, Papineau, grâce à l’élection de Marjorie Michel.

Plusieurs ministres libéraux ont aussi été réélus en dehors du Québec.

En Ontario, le ministre de la Défense nationale, Bill Blair, dans Scarborough-Sud-Ouest ; la ministre des Transports, Chrystia Freeland, dans University—Rosedale ; la ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, dans Thunder Bay—Supérieur-Nord ; ainsi que le ministre de la Justice et ministre des Relations Couronne-Autochtones, Gary Anandasangaree, ont conservé leur siège.

Le Bloc perd des sièges

À 1 h du matin, le Bloc avait remporté 20 circonscriptions et était en avance dans trois autres, soit 10 de moins que les 33 sièges qu’il comptait à la dissolution de la Chambre.

Sur scène devant ses partisans à Montréal, le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, a dit que ses sympathisants ont retenu une vague « avec leurs mains ».

« Il se pourrait que dans l’histoire prochaine du Québec et du Canada, les enjeux que nous avons identifiés ne deviennent résolument incontournables pour le gouvernement du Canada. Il se pourrait que dans une soirée complexe et mouvementée, le poids de la députation du Bloc québécois ne soit extraordinairement important dans la composition du prochain Parlement », a soutenu M. Blanchet, qui a conservé son siège dans Beloeil–Chambly.

Parmi les députés du Bloc à avoir regagné leur siège, on compte Gabriel Ste-Marie dans Joliette, Louis Plamondon dans Bécancour—Nicolet—Saurel, Alexis-Brunelle Duceppe dans Lac-Saint-Jean et Mario Simard dans Jonquière.

Le nouveau venu bloquiste Alexis Deschênes a battu la députée libérale Diane Lebouthillier dans Gaspésie–Les Îles-de-la-Madeleine–Listuguj.

L’ancien responsable de campagne chez Greenpeace Canada, Patrick Bonin, est aussi entré dans les rangs du Bloc grâce à son élection dans Repentigny.

Pedneault perd, May reste 

Le Parti vert du Canada aura seulement réussi à obtenir un siège.

Le co-chef du Parti vert, Jonathan Pedneault, a perdu la course dans la circonscription d’Outremont, au profit de la ministre de l’Immigration, Rachel Bendayan.

La co-cheffe des verts, Elizabeth May, conserve cependant son siège dans Saanich–Gulf Islands, en Colombie-Britannique.

Lors d’un rassemblement à Victoria, elle a remercié son équipe, et s’est dite triste que son co-chef n’ait pas réussi à se faire élire.

« Mais c’était presque garanti que nous n’allions pas pouvoir faire une percée au Québec une fois que nous avons été exclus des débats des chefs. Et je laisse à la Cour fédérale le soin de décider si c’était moralement incorrect ou illégal », a-t-elle dit en anglais.

Élections Canada suspend le dépouillement des bulletins spéciaux

Élections Canada a décidé de suspendre le dépouillement des bulletins spéciaux jusqu’à plus tard mardi matin, alors que la course dans quelques circonscriptions reste trop serrée pour déterminer un vainqueur.

Cette décision signifie que les Canadiens ne sauront pas avant plus tard mardi si les libéraux de Mark Carney formeront un gouvernement minoritaire ou majoritaire.

Les bulletins spéciaux sont ceux qui sont transmis par la poste ou déposés aux bureaux d’Élections Canada par les électeurs ayant voté en dehors de leur circonscription.

Le dépouillement reprendra à 9 h 30, heure de l’Est.

L’une des circonscriptions les plus disputées était celle du chef conservateur, Pierre Poilievre. Tôt mardi, Pierre Poilievre était devancé par son rival libéral dans la circonscription de Carleton, à Ottawa.