Je vous ai aussi fait part du fait que, selon moi, les pressions sur les finances publiques seront très fortes dans le futur et que, conséquemment, les taux d’intérêt resteront plus bas plus longtemps qu’en temps normal.

Qu’en est-il des conséquences de ce changements démographique pour l’épargnant-investisseur qui planifie sa retraite et organise son épargne et ses placements? Voici une série d’observations personnelles qui m’apparaissent comme hautement probable.

– La retraite à 65 ans sera un luxe que peu de gens pourront se payer.
– Il faudra épargner plus et pour plus longtemps.
– Les rendements futurs à long terme risquent de décevoir.
– Les régimes à prestations déterminées devront être revus et réformés sinon ils seront fermés.
– Le transfert intergénérationnel tant attendu sera bien moins substantiel que ce qu’on croyait.
– Maintenir le niveau de vie dans les pays industrialisés pourrait être un dur défi.
– Les épargnants et les mieux nantis sont à risque de subir différentes formes d’appropriation de richesse. Si la cigale ne peut pas payer, il faudra peut-être aller chercher l’argent chez la fourmi.
– Le risque de perturbations sociales va augmenter, car il y aura dans bien des pays, une renégociation du contrat social.
– Le marché des devises sera très volatil. L’attrait de la dévaluation pourrait être trop fort pour bien des pays qui seront tentés d’utiliser une devise faible pour régler leurs problèmes et augmenter leur compétitivité relative.
– Le risque de guerre commercial augmentera.
– L’état pourrait devenir un mauvais patron et un mauvais client, car ses ressources pourraient être très limitées.

Dans un monde de faible croissance économique, les entreprises qui ont les caractéristiques suivantes devraient faire partie des gagnants dans le marché réel et en Bourse:

– Celles qui auront la capacité d’augmenter ses prix (pricing power) et encore plus si c’est à un rythme plus élevé que l’inflation et que leur compétition.
– Celles qui auront un modèle d’affaires qui repose sur de vraies rentes économiques et qui génèrera une vraie valeur ajoutée.
– Celles qui seront capables de défendre leur position dominante grâce a des barrières à l’entrée solides et durables.
– Celles qui feront des gains de parts de marchés.
– Celles qui adopteront et génèreront des innovations qui changeront les pratiques de marchés (disruptive technology).
– Celles qui seront dans des marchés profitant de la vague démographique et du vieillissement de la population.
– Celles qui apporteront au marché des produits et des procédés générant de la productivité.
– Celles qui auront une approche innovatrice dans l’acquisition et la rétention de talent.
– Celles qui s’adapteront à la gestion de la population de travailleur vieillissant en adoptant des mesures permettant la flexibilité.
– Les entreprises solides financièrement qui pourront en profiter pour consolider les marchés

Bref, des entreprises qui rencontreront le modèle de compétitivité, tel que prôné par Michael Porter de l’Université Harvard, mais qui démontreront aussi une grande agilité et une capacité d’adaptation phénoménale, car la vitesse d’ajustement des firmes devra être plus rapide.

Quant au marché de la dette, les conditions pourraient continuer d’être difficiles.

– Les rendements ne seront pas excitants, surtout en ce qui concerne la dette gouvernementale.
– La dette corporative d’entreprises internationales en bonne santé financière pourrait être plus attrayante à long terme.
– D’autre véhicules pourraient être préférables, tels que les actions ordinaires ou privilégiées générant des dividendes ainsi que les investissements directs dans des véhicules de placements privés.
Quelques observations générales maintenant.
– Les titres d’entreprises générant de la croissance réelle continue seront les grands gagnants.
– Les multinationales seront très bien placées en raison de leur capacité à faire l’arbitrage des différentes conditions géographiques.
– La proposition de valeur ajoutée doit être claire, car la délimitation entre les industries est de moins en moins évidente. Qui aurait cru qu’Amazon serait présente un jour dans autant d’autres domaines que le livre?
– Géographiquement, le plus gros risque est politique, assurez-vous que les conditions légales et de gouvernance des pays où vous investissez tiennent la route.

Pour finir une série de pensées :

– La seule constante qui nous attend est le changement.
– Seul celui qui s’adapte survivra.
– Le changement n’arrive que lorsque le changement est plus pénible que le changement.
– Plus on attend, plus l’ajustement sera dur et violent.

Le changement que nous vivons est unique dans l’histoire moderne. Seule la période du Moyen Âge amenant à la Renaissance et le début de la révolution industrielle du 19e siècle s’y apparentent. Par contre, rien ne nous permet de tirer des conclusions non-anecdotiques sur le futur. Alors, je peux vous dire sincèrement que nul ne sait vraiment ce qui s’en vient. Dans ce cas, le meilleur conseil que je puisse vous donner pour la retraite de vos clients est de planifier pour le pire et d’espérer le mieux.
 

Ce texte provient du Stratège, une publication de l’Association de planification financière et fiscale (APFF), et a été écrit par Pascal Duquette.