LES ALLIANCES

Quoique moins reconnue, cette méthode a été utilisée plusieurs fois dans l’histoire et est très similaire à ce que plusieurs corporations font dans de semblables situations, soit notamment lors de fusions et d’acquisitions. La récente fusion des villes au Québec a été fondamentalement motivée par le besoin de sauver plusieurs municipalités d’une situation de dettes excessives en les fusionnant avec des entités ayant des bilans beaucoup plus sains.

Jusqu’à un certain point, la création de l’Europe se voulait une solution pour repartir la croissance de cette région afin d’aider à faire face aux obligations futures déjà consenties à la population (système de pension non capitalisé, un filet social très généreux versus une population vieillissante). Dans ces deux cas, on ne peut pas dire que ce fut jusqu’ici de grands succès. La raison en est simple. Le transfert de richesse que ces fusions/alliances impliquent rend l’exercice périlleux, car contraire à la nature humaine.

La bonne stratégie de marché est à court terme d’acheter les actifs de l’endetté pour plus tard acheter les actifs du dominant quand la situation s’envenime.

LA RESTRUCTURATION

Quoique plus rare, cette approche est la plus saine. On utilise ici une restructuration de la dette avec les créditeurs, des ventes d’actifs ou une combinaison des deux. L’exemple le mieux connu de restructuration est la création des Brady Bonds pour solutionner la crise de dette de l’Amérique Latine.

Pour ce qui est de la vente d’actifs, nous avons deux cas très connus : la vente de la Louisiane par la France aux Américains et la vente de l’Alaska par les Russe à ces mêmes Américains. Dans les 2 cas, ces transactions se sont révélées fabuleuses pour l’acheteur.
Point de vue investissement, ce genre d’approche est très « bullish » pour les marchés, car elle assainit la situation et permet une relance de la croissance.

LE DÉFAUT

Le défaut a été utilisé très fréquemment dans l’histoire, mais curieusement la très grande majorité des gens croient encore que les pays ne renient pas leurs obligations. Le cas le plus fameux est le cas russe qui fut le résultat de la révolution bolchevique. Dans ce cas, si un créancier qui aurait récupéré un peu de son argent pourrait se considérer chanceux.

LA MONÉTISATION

J’ai gardé le meillur pour la fin, car c’est la stratégie la plus fréquente et pernicieuse de toutes. Il a été utilisé depuis toujours. La première trace que j’ai réussi à découvrir remonte aux Assyriens, mais ce procédé fut aussi utilisé par les anciens Grecs, les Romains, les Français, les Italiens, les Allemands, les Américains, etc. On a même une expression populaire pour ce phénomène: « Payer en monnaie de singe ».

À la base, le résultat est le même, c’est la méthode qui varie. On repaie notre dette avec une devise qui vaut moins que ce qui était attendu au moment de l’émission de cette dette. Avant l’arrivée de la monnaie papier, les gouvernements réduisaient unilatéralement le contenu de métal précieux dans les pièces en circulation en conservant la même valeur nominale ce qui réduisait dramatiquement la valeur du remboursement de la dette. Fait amusant, c’est la raison derrière les stries sur les tranches des pièces de 25 cents aux US (gracieuseté de Benjamin Franklin), car les gens limaient les pièces pour récupérer de l’argent sterling).

Comme j’ai dit plus tôt, le but est de repayer la dette avec une devise de valeur moindre que celle utilisée lors de l’émission de celle-ci. Si la dette est locale, donc propriété de gens qui utilisent la même devise, nous n’avons qu’à créer de l’inflation pour en réduire la valeur. Si la dette a été émise à des étrangers, donc des gens qui utilisent une autre devise, on doit aussi dévaluer notre devise pour y arriver. Le vingtième siècle est rempli d’exemples de ce genre, d’où l’idée de lier la valeur des devises a un actif commun ou a une devise centrale.

Ceci fonctionne jusqu’à ce que les gouvernements décident de ne plus faire les sacrifices nécessaires au maintien de ce système monétaire. En effet, pour maintenir un système semblable, on doit faire les ajustements à travers le marché des actifs tangibles en diminuant les coûts de production pour augmenter la productivité et en réduisant les dépenses. Ce n’est pas très vendeur pour un gouvernement.

La prochaine chronique se consacrera à ce que Bill Gross de Pimco a nommé « Financial Repression ». C’est en fait un cas particulier de la monétisation et c’est la politique actuelle choisie par les dirigeants de nos institutions monétaires et politiques. Nous aborderons aussi l’impact sur les marchés et le dilemme que cela crée pour les investisseurs en ce qui concerne les investissements en titres à revenus fixes.
 

Ce texte provient du Stratège, une publication de l’Association de planification financière et fiscale (APFF), et a été écrit par Pascal Duquette.