D’après un récent sondage de CIBC, seulement un tiers des couples qui vont s’engager dans un mariage, de droit ou de fait, ont vraiment eu une conversation sérieuse sur les questions d’argent. La très grande majorité de ceux qui ont évité d’en parler (83 %) ont dit qu’ils ne savaient pas comment ou à quelle occasion aborder le sujet, ou qu’ils attendaient le moment opportun.
Les problèmes d’argent sont souvent mentionnés comme une des raisons principales d’un divorce. Par exemple, 68 % des participants à une enquête de la Banque de Montréal en 2014 ont cité les conflits sur les questions financières comme leur principale raison pour divorcer. Attendre le moment opportun, ou éviter de parler d’argent, n’est pas une stratégie intelligente pour un couple qui va démarrer sa vie commune.
Quand et comment les couples qui ont décidé de se marier ou de cohabiter devraient-ils avoir une conversation sur leurs finances personnelles? Et de quoi devraient-ils parler exactement?
Dans l’idéal, une conversation honnête et franche sur l’argent devrait se tenir immédiatement après qu’un couple a décidé de se marier ou de cohabiter. Dans le climat chaleureux de l’amour et de ses serments, il se peut que ce sujet ne soit pas à l’ordre du jour, qu’un membre du couple ou les deux ne se sentent pas à l’aise pour aborder le sujet. Il y a dans une relation de grands moments qui peuvent se prêter à une discussion complète sur la gestion des finances d’un couple.
Décider des obligations financières à mettre en commun comme cosigner un bail ou acheter une maison ou un véhicule ensemble est l’occasion évidente pour vos clients de parler d’argent de façon détaillée.
Une autre façon d’aider ses clients à engager le dialogue sur l’argent est de lire le même livre sur les couples et l’argent, par exemple Couples Money : What Every Couple Should Know about Money and Relationships de Marlow et Chris Felton, ou The Couple’s Guide to Love and Money de Jonathan Rich.
Les couples qui choisissent une cérémonie de mariage religieux peuvent décider, ou être obligés, de prendre un cours offert par leur religion. Le programme de ce cours comprendra probablement des questions relevant des finances familiales. Par exemple, le programme de préparation au mariage offert par les Services familiaux catholiques de Toronto comprend une discussion dirigée visant à ce que les deux membres d’un couple aient une compréhension commune des aspects financiers de leur relation.
Les cours de préparation au mariage proposés par les autorités laïques peuvent aussi traiter des questions d’argent. Par exemple, la gestion financière fait partie des sujets abordés par le cours de préparation au mariage offert par les services familiaux du centre de l’Alberta.
Les cours de préparation au mariage exigent normalement une présence physique, mais certaines versions en wébinaires sont aussi offertes. Quel que soit le format de déroulement du cours, la section sur les finances fournit un excellent enchaînement aux discussions d’un couple sur l’argent.
Définir ce que signifie l’argent pour chaque partenaire du couple est une excellente façon d’engager la discussion avec eux. Des questionnaires comme celui sur la personnalité et l’argent peuvent faciliter le travail du conseiller. Si les partenaires ont des approches divergentes sur l’argent (par exemple s’ils sont du genre à économiser ou à dépenser, s’ils sont hostiles ou favorables au risque), parler en toute franchise de la manière de réconcilier ces différences permettra d’éviter les tensions futures.
Les deux conjoints devraient dévoiler leur situation financière passée et présente, notamment :
Leurs actifs : comptes en banque, économies, placements, propriétés immobilières, polices d’assurance vie, etc.
Leurs dettes : dette étudiante, prêt automobile, hypothèque, etc.
Leurs obligations financières : pension alimentaire (pour ex-conjoint ou pour enfant), aide financière aux parents
Leur emploi: leur revenu et leurs avantages sociaux du moment
L’état de leur crédit: leurs dettes et leurs faillites éventuelles
Une fois que les deux conjoints ont mis carte sur table, il faudra peut-être que chacun d’entre eux sollicite des conseils juridiques séparés sur les implications financières de la relation qu’ils sont en train de nouer. Leurs avocats peuvent recommander la signature d’un contrat de mariage ou d’un accord de cohabitation pour définir les droits et les responsabilités de chacun. Ce type de contrat peut s’avérer précieux en cas de divorce ou de séparation, et il est essentiel si un des conjoints ou les deux possèdent des actifs importants, comme des propriétés immobilières ou des entreprises, s’ils ont des enfants d’une liaison précédente ou s’ils attendent un héritage substantiel.
La planification successorale peut ne pas venir spontanément à l’esprit des couples s’engageant à une vie commune, mais c’est une partie importante de la conversation financière. Les partenaires devraient passer en revue et remettre à jour leur testament et leurs procurations, et confirmer quels sont les bénéficiaires de leurs comptes enregistrés, régimes de pensions et polices d’assurance vie éventuels. Cette tâche ne devrait pas être retardée pour éviter des conséquences imprévues comme un ex ou une ex héritant d’une propriété parce qu’un testament n’a pas été remis à jour.
Élaborer et s’entendre sur un budget réaliste pour le nouveau foyer est essentiel. Cela devrait se produire une fois que les partenaires se sont entendus sur les aspirations et les objectifs de leur vie commune. Voici quelques points à considérer :
Des enfants sont-ils prévus dans l’avenir?
Quel est le plan de carrière de chaque partenaire?
Est-il important d’être propriétaire d’un logement?
Comment les partenaires envisagent-ils leur retraite?
Quel train de vie est envisagé? Est-il question de voyager, d’avoir une résidence secondaire, des occupations et loisirs onéreux?
Au début du processus budgétaire, les couples doivent décider si leurs finances seront mises en commun ou resteront séparées. Mettre les ressources en commun et considérer que toutes les dépenses sont communes est une formule qui marche bien pour certains couples. D’autres partagent certaines dépenses communes comme les paiements d’hypothèques, et sont séparément responsables de leurs dépenses personnelles comme leur habillement. Si un partenaire a des dettes ou des obligations financières comme le versement d’une pension alimentaire, une décision devra être prise sur l’opportunité d’en faire une dépense familiale ou la seule responsabilité du membre du couple concerné.
Faire un budget implique l’identification et l’évaluation de dépenses familiales prévues comme le logement, la nourriture, l’habillement, les loisirs, les vacances, les transports, les assurances et l’épargne-retraite. Il y a de nombreux outils d’élaboration d’un budget qu’on peut simplement se procurer sur Google et qui peuvent faciliter les choses. La calculatrice budgétaire sur le site Web de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada en est un excellent exemple que l’on peut consulter gratuitement.
Pour inscrire une assurance au budget, par exemple, les risques doivent être identifiée, les besoins d’assurance déterminés et la couverture de l’assurance organisée. Voici quelques bonnes questions à se poser pour engager le processus :
Quelle assurance automobile ou résidentielle sera requise?
Chacun des deux conjoints a-t-il suffisamment d’assurance invalidité pour que la famille dispose d’un revenu suffisant s’il ou elle ne peut pas travailler?
De combien d’assurance vie aura besoin chaque partenaire?
De combien d’assurance médicale et dentaire les membres de la famille auront-ils besoin?
Les régimes d’avantages sociaux d’employeurs destinés à un membre du couple ou aux deux offrent-ils une protection suffisante?
Enfin, il y a les aspects plus banals des finances familiales à traiter :
S’il faut de nouveaux comptes bancaires comme un compte conjoint, qui va les ouvrir?
Combien de cartes de crédit faut-il à la famille? Devrait-il y avoir un seul compte familial avec une carte pour chaque membre du couple?
Qui aura la responsabilité de payer les factures et d’en garder la trace?
Comment les décisions de dépenses importantes seront-elles prises?
Les deux partenaires doivent-ils tomber d’accord avant qu’un seuil de dépenses soit engagé?
À quelle fréquence la situation financière de la famille sera-t-elle réexaminée et les plans financiers remis à jour?