Cependant, pour les autres types de fonds, ces recherches ne mènent pas à des conclusions tranchées.

«La taille d’un fonds a-t-elle des effets négatifs sur ses rendements ? La réponse est « Ça dépend »», résume Joseph Chen, professeur adjoint en management à l’Université de Californie à Davis.

Relation nette dans certains cas

En 2004, Joseph Chen a étudié en compagnie de collègues les rendements de quelque 3 400 fonds américains, de 1962 à 1999. Ils ont conclu qu’en règle générale, une grande taille nuit aux rendements d’un fonds (http://tinyurl.com/kc4xp7m).

«Dans l’ensemble, plus grand ne signifie pas meilleur», souligne-t-il en entrevue.

Cela dit, on constate certaines nuances. Selon l’étude de Joseph Chen, cette relation est mise en évidence surtout dans le cas de petits fonds spécialisés, comme les fonds de sociétés à petite capitalisation.

En ce qui concerne les autres types de fonds, la relation entre la taille et le rendement n’était pas significative sur le plan statistique.

Par ailleurs, les universitaires ont noté un effet inverse quand le fonds fait partie d’une grande famille de fonds, car cela a un effet positif sur son rendement.

Les auteurs expliquent qu’un regroupement de fonds qui fonctionne de façon décentralisée, permettant à chaque fonds de prendre ses propres décisions, peut profiter d’économies sur les frais de transactions accordées au groupe tout entier.

En 2011, une autre étude portant sur 16 316 fonds dans 27 pays, de 1997 à 2007, a relevé l’effet négatif d’une grande taille sur les rendements seulement aux États-Unis, d’où proviennent la moitié des fonds communs dans le monde (http://tinyurl.com/kkx7bma).

Une question de liquidités

Une recherche publiée cette année portant sur quelque 3 126 fonds américains, de 1979 à 2011, concluait de son côté que la gestion d’un actif élevé nuisait probablement aux rendements.

Toutefois, la corrélation obtenue par les auteurs n’atteignait pas le fameux seuil de confiance de 95 % cher aux statisticiens (http://tinyurl.com/l8nx7ta).

Un des auteurs de cette étude, Lubos Pastor, professeur de finance à l’Université de Chicago, explique qu’ils ont eux aussi conclu que dans le cas des fonds de sociétés à petite capitalisation, une grande taille avait un effet nettement négatif sur le rendement.

Le phénomène s’explique par un problème de liquidité de l’actif : les fonds de grande taille investis dans de plus petits marchés ne peuvent pas réaliser de transactions aussi discrètement que les autres, précise-t-il en entrevue.

«Quand un tel fonds veut bouger ne serait-ce que un pour cent de son actif, il est comme un éléphant dans un magasin de porcelaine», souligne Lubos Pastor.

L’effet de la concurrence

Fait intéressant, l’étude révèle que les moins bons rendements des fonds seraient liés davantage à la taille de l’industrie dans son ensemble qu’à celle d’un fonds en particulier. Plus l’industrie croît, moins les rendements sont intéressants.

La valeur de l’industrie mondiale des fonds communs est passée de quelque 6 000 à 32 000 G$ US de 1996 à la mi-année 2014, selon l’Investment Company Institute, une association américaine des acteurs de l’industrie.

L’effet négatif de la taille de l’industrie est «très fort», selon le professeur Pastor, et met au jour un paradoxe intriguant.

«Ce qui est intéressant, c’est qu’on a découvert que les gestionnaires de fonds sont plus performants aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a 30 ans. Cependant, la concurrence croissante fait en sorte que les rendements individuels ne sont pas nécessairement meilleurs que les autres», explique-t-il.

«C’est un peu comme les sprinteurs de 100 mètres qui sont devenus plus rapides au fil du temps. Mais parce qu’ils sont en concurrence les uns avec les autres, ils ne remportent pas plus de médailles pour autant», ajoute Lubos Pastor.

Une taille optimale ?

Joseph Chen juge qu’il serait «extrêmement difficile» de déterminer la taille optimale des fonds communs.

Pour sa part, Lubos Pastor croit qu’il existe bel et bien une taille optimale, mais qu’elle est surtout théorique.

«La taille optimale d’un fonds, c’est un actif élevé si le gestionnaire du fonds est très compétent ou si le fonds négocie des titres plus liquides», affirme-t-il.

«Pour établir de façon précise la taille optimale d’un fonds, il faudrait faire quelques hypothèses et évaluer ces deux éléments. Cela pourrait se faire, mais il y aurait une marge d’erreur importante dans de tels calculs», explique Lubos Pastor.

Lire aussi l’article «Pourquoi plafonne-t-on un fonds ?» en Une de ce journal.