L’Indonésie a de quoi attirer l’attention des investisseurs. Cinquième économie en importance en Asie, elle est dotée de ressources naturelles abondantes telles que le pétrole, le gaz naturel, le charbon et les métaux.

Ce pays musulman démocratique compte 250 millions d’habitants (la quatrième population en importance au monde), qui parlent quelque 300 langues différentes. L’indonésien, ou le malais, est la langue officielle. Comme les revenus des Indonésiens sont en hausse, le marché intérieur est important et en croissance.

De 2010 à 2013, le PIB indonésien a augmenté en moyenne de 6,2 % par an, selon la Banque mondiale.

Autre caractéristique majeure du pays : la population de l’Indonésie compte un pourcentage élevé de jeunes. «C’est une des populations les plus jeunes du monde», souligne Serge Pépin, spécialiste des marchés émergents chez LGM Investments (une filiale de BMO Groupe financier) à Londres.

Selon l’Agence centrale de statistiques de l’Indonésie, en 2012, plus de 45 % de la population avait moins de 25 ans en 2012 (par rapport à 29 % dans notre pays, selon Statistique Canada).

Nouveau président, grands espoirs

L’Indonésie connaît une nouvelle effervescence depuis l’élection à la présidence du pays en juillet de l’ancien gouverneur de Jakarta, Joko Widodo (surnommé Jokowi).

Les investisseurs et les Indonésiens partisans des réformes fondent beaucoup d’espoir dans la présidence de Jokowi, selon Manmohan Kumar, économiste en chef, marchés émergents à la Caisse de dépôt et placement du Québec.

«L’élection du nouveau président, qui présente un important programme de réformes structurelles, ainsi que la nomination récente d’un certain nombre d’experts apolitiques dans la fonction publique augurent bien pour la croissance à moyen et à long terme», souligne-t-il.

De son côté, Serge Pépin précise que Joko Widodo est considéré comme un homme politique intègre, branché sur les besoins du peuple. «Il a été élu en promettant une plateforme de réformes importantes.»

Il propose notamment d’améliorer l’accès à l’éducation et aux soins de santé, d’alléger la bureaucratie et de relancer l’économie (au deuxième trimestre, le PIB a progressé de 5,1 %, soit son plus faible niveau en cinq ans).

Dans ce contexte, BMO voit de bonnes occasions d’investissement en Indonésie dans les secteurs de la santé, de la consommation et des services financiers.

Jean-Benoit Leblanc, gestionnaire de portefeuille, marchés émergents chez Hexavest, aime lui aussi beaucoup ce marché. «C’est un pays assez jeune, où l’on construit beaucoup d’infrastructures», dit-il.

Hexavest investit dans plusieurs secteurs de l’économie indonésienne afin de maximiser le rendement de ses placements, étant donné qu’il ne s’agit pas encore d’un marché d’envergure comme certains pays occidentaux. «Ce n’est pas comme investir aux États-Unis, où l’on pourrait avoir une présence forte dans un secteur», explique le gestionnaire de portefeuille.

Quelques risques importants

Au-delà de son potentiel, le marché indonésien comporte plusieurs risques, selon Exportation et développement Canada (EDC), qui publie régulièrement des analyses détaillées sur la plupart des pays (http://tinyurl.com/nm329ay).

Par exemple, à court terme, la roupie indonésienne pourrait se déprécier par rapport aux principales devises, en raison des craintes que suscitent le déficit du compte courant du pays (qui inclut les revenus de placement) et le remboursement de la dette extérieure.

De plus, l’Indonésie a adopté récemment de nouvelles règles qui compliquent la vie des investisseurs. Ainsi, les autorités ont imposé des plafonds sur les participations que les étrangers peuvent détenir dans les secteurs bancaire et des ressources.

Manmohan Kumar estime pour sa part que le pays n’est pas à l’abri d’une paralysie politique.

Le pouvoir législatif indonésien est contrôlé par l’opposition, comme c’est aussi le cas aux États-Unis depuis les récentes élections de mi-mandat. Il y a donc un risque que le programme de réformes du gouvernement soit contrecarré. Des compromis sont cependant possibles, selon l’économiste.

L’éventualité d’une réduction par le nouveau président des subventions accordées pour l’achat de l’essence au pays – subventions qui représentent 20 % du budget de l’État, selon l’Agence France-Presse (AFP) – pourrait aussi déclencher une crise. Dans le passé, de telles tentatives avaient provoqué des émeutes dans le pays.

Belles perspectives

Cela dit, l’Indonésie présente un environnement favorable en matière de commerce et d’investissement à long terme, selon EDC.

Le secteur des infrastructures est particulièrement porteur, affirment les analystes d’EDC : «L’ambitieux plan économique du gouvernement, qui vise à accroître la connectivité dans tout le pays par le développement des infrastructures, est de bon augure pour les perspectives de croissance à moyen et long termes, et crée des débouchés pour les entreprises étrangères.»

Enfin, le pays a plusieurs atouts pour réussir, fait valoir Manmohan Kumar, de la Caisse de dépôt et placement.

Comme l’Indonésie compte beaucoup de jeunes, sa population active croît vigoureusement, soit d’environ 1,5 % par an (à titre de comparaison, la population active diminue en Chine).

La dette publique est peu élevée (21 % du PIB), et le taux d’épargne et d’investissement figure parmi les plus élevés du monde (soit plus de 30 % du PIB), selon Oxford Economics.

L’économie tend aussi à se diversifier dans les secteurs manufacturiers et des services, même si les exportations de ressources jouent un rôle majeur dans l’économie indonésienne.

Manmohan Kumar juge donc que le potentiel du pays à moyen terme est important. «Nous nous attendons à ce que la croissance annuelle moyenne du PIB s’établisse à environ 6 % au cours des prochaines années, ce qui représenterait un taux de croissance aussi élevé, voire plus élevé, qu’au cours de la dernière décennie», affirme-t-il.