Cette réconciliation de l’humain avec la technologie «passe absolument par le refus de tout sacrifier à la recherche du profit à court terme», selon Guy Cormier. C’est pourquoi il est d’avis qu’il faut prendre davantage soin des analphabètes numériques, des gens pour qui la technologie va beaucoup trop vite actuellement et qui n’ont pas la capacité d’apprendre à se servir des outils numériques qui prennent néanmoins toujours plus de place dans leur vie.
À défaut d’y parvenir en adaptant collectivement la façon de servir ces laissés-pour-compte, «la révolution numérique va tout simplement générer une nouvelle catégorie d’exclus dans la société. Et augmenter le nombre d’exclus dans la société, ça n’a jamais été une grande voie pour la prospérité à long terme», estime-t-il.
Tous les atouts
La révolution numérique est «une tempête qui vient de toucher terre au pays des services financiers et elle nous frappe de plein fouet», illustre Guy Cormier. Il la caractérise par les capacités de stockage des ordinateurs, mais aussi par les avancées technologiques marquant notamment les domaines de l’intelligence artificielle, de la robotique et du big data, et insiste sur le fait qu’elle s’accompagne d’effets perturbateurs. «Desjardins et plusieurs autres entreprises de notre secteur doivent s’adapter. Cette tempête, c’est un vent nouveau, un enchaînement d’acteurs et de secteurs d’activité qui émergent et bousculent les acteurs établis», résume Guy Cormier. Certains ne vont pas s’en remettre, alors que d’autres vont devoir faire évoluer leur modèle d’affaires de façon très significative : «Dans le monde financier, dit-il, c’est notre avenir qui est en train de se dessiner.»
Guy Cormier est d’avis que, bien qu’elle ne soit pas seule dans la course, Montréal – et le Québec – a tous les atouts pour devenir un leader dans ce nouvel écosystème, parce qu’on y trouve «des cerveaux, du savoir-faire, des infrastructures et des réseaux de collaboration qui vont devenir jour après jour encore plus étendus et intégrés».
Citant une étude du Brookfield Institute, il confirme que le grand Montréal est la métropole canadienne où il y a la plus importante concentration d’emplois dans le secteur technologique. Puis, évoquant le pouvoir d’attraction de Montréal, Guy Cormier rappelle qu’elle accueillera notamment les centres de recherche de DeepMind (Google), de Facebook et de la multinationale française Thales. «Je n’aurais pas assez du dîner pour vous parler des entreprises qui ont des projets d’investissement à Montréal, parce qu’il se passe quelque chose ici en matière de haute technologie», résume-t-il.
Tout cela est extrêmement excitant, convient Guy Cormier, «à condition que ces géants du numérique contribuent au renforcement de notre écosystème et qu’ils contribuent chacun à créer de la valeur pour notre économie».
On doit refuser de sacrifier l’intérêt collectif au droit de faire n’importe quoi pour favoriser quelques intérêts particuliers, estime Guy Cormier. «Pour développer une économie durable et responsable, dans le respect des personnes, des collectivités et de la nature, la technologie doit renforcer notre capacité à faire des choix plutôt que d’être une source de contraintes.»