En outre, le client doit composer avec des impondérables, comme son état de santé et ou sa longévité, lesquels bouleversent ses plans de retraite.

Tous ces facteurs méritent une analyse personnalisée pour le client.

«Chaque cas est différent. Il faut faire des scénarios de décaissement en fonction de l’âge de la pleine retraite, des prestations reçues et des pénalités ou des bonifications, s’il y a lieu», affirme Josée Jeffrey, fiscaliste et planificatrice financière pour son propre cabinet Focus Retraite & Fiscalité.

Reporter la PSV ou la RRQ

Ainsi, pour éviter de survivre à ses épargnes, un client a un avantage financier à reporter le moment où il demande sa rente de la RRQ.

Cette prestation sera bonifiée de 8,4 % par année de 65 à 70 ans. Si le client attend jusqu’à 70 ans, il pourra toucher des prestations majorées de 42 %, ce qui représente un revenu additionnel de 5 233 $ par année pour un client qui touche la rente maximale, laquelle s’établit à 12 459,96 $ à 65 ans en 2014.

Notons d’autre part que depuis le 1er janvier 2014, les gens de 60 ans et plus qui ont cotisé au moins une année à la RRQ ont le droit de demander leur rente de retraite, même s’ils travaillent.

À 65 ans, un client peut également reporter sa PSV. Ce choix reposera notamment sur l’importance de ses revenus annuels. «La portion de revenu net individuel d’un client supérieure à 71 592 $ en 2014 sera amputée d’un impôt de récupération de la PSV de 15 %», rappelle Jean-Pierre Poulin, associé en fiscalité au bureau de Québec de Raymond Chabot Grant Thornton.

Un travailleur qui gagne 81 592 $, par exemple, devra rembourser sur ses versements de PSV, 15 % des 10 000 $ excédentaires, soit 1 500 $ par an ou 125 $ par mois. Et si son revenu pour l’année 2014 dépasse 116 103 $, il n’aura plus droit à la PSV.

En retardant de 65 à 70 ans le paiement de la PSV, un client recevra une prestation bonifiée de 7,2 % par année ou de 36 % après cinq ans. Cela représente à 70 ans, un montant supplémentaire de 2 435 $ par an pour un client qui a droit à la PSV maximale à 65 ans de 6 764,88 $.

«Si on peut se le permettre ou si on gagne plus de 71 592 $, jusqu’à concurrence de 116 103 $, on souhaitera reporter le versement de la PSV», remarque Josée Jeffrey.

«En retardant de 65 à 70 ans sa PSV et sa RRQ, un client qui a droit aux rentes maximales pourrait récolter une majoration annuelle de 7 668 $ en dollars d’aujourd’hui. Et ces montants seront indexés en fonction de l’indice des prix à la consommation, ce qui est un avantage non négligeable, rappelle Josée Jeffrey. Ceci n’empêchera pas une personne malade, ayant une espérance de vie diminuée ou qui en a vraiment besoin, de devancer le versement de sa RRQ à 60 ans ou encore de ne pas reporter le versement de sa PSV», ajoute-t-elle.

Le fiscaliste Martin Dupras et Josée Jeffrey ont analysé lors d’un récent congrès de l’IQPF, l’impact sur les REER de retirer à 60, 65 ou 70 ans la RRQ, et à 65 ou 70 ans, la PSV. D’après leurs résultats, si on reporte la RRQ et la PSV à 70 ans, on a besoin de moins de capital-retraite à 60 ans.

Il suffit alors de puiser des montants investis dans ses REER. «Cela devient de plus en plus intéressant, d’autant plus que la RRQ et la PSV sont des rentes garanties et indexées», précise Josée Jeffrey.

«Si le travailleur à la retraite a des épargnes dans des comptes non enregistrés, il devra d’abord piger de ce côté, puisqu’il paie déjà des impôts sur ses revenus de placement et sur les gains en capitaux», confirme-t-elle.

L’impact du SRG

Par ailleurs, lorsqu’un client a un revenu tel qu’il touche le Supplément de revenu garanti (SRG), le revenu maximum pour en profiter est relativement faible. Pour une personne qui vit seule, c’est moins de 17 088 $. «La PSV est toutefois exclue de ce calcul», note Jean-Pierre Poulin.

«Un retraité qui perçoit déjà du SRG ne sera pas pénalisé sur les premiers 3 500 $ de revenu gagné», ajoute Normand Verville, spécialiste principal en planification fiscale et successorale du Groupe Investors.

Il reste qu’étant donné la récupération du SRG qui se fait à mesure que le revenu d’un client augmente, le travail à la retraite devient moins avantageux.

«Les séparations involontaires permettent parfois à certains conjoints de recevoir ce supplément», remarque Josée Jeffrey. Prenons l’exemple d’un couple dont l’un des conjoints tombe malade et doit être placé dans un centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).

Puisque les conjoints ne vivent plus sous le même toit, on calculera leur revenu individuel. Le conjoint qui gagne le moins pourra dans certains cas avoir droit au SRG, ce qui permettra de payer ses soins de longue durée.

Si un travailleur n’a qu’un REER modeste et qu’il a peu cotisé à la RRQ, il pourrait reporter de 65 à 70 ans les versements de la RRQ et de la PSV. Pendant ces quelques années, ce dernier retirerait le manque à gagner de son REER. À 70 ans, il profitera de plus importantes prestations de la RRQ et de la PSV et il pourrait même avoir droit au Supplément du revenu garanti si son revenu est inférieur à 17 088 $.

Par ailleurs, il existe au provincial un crédit d’impôt pour les travailleurs de 65 ans ou plus. Il faut avoir des revenus de travail de plus de 5 000 $ pour en profiter. Dès qu’on gagne plus de 8 000 $, on a droit au crédit maximum de 451,20 $.