L’épidémie d’Ebola, cette fièvre hémorragique virale qui frappe l’Afrique de l’Ouest depuis décembre 2013, a fait près de 5 000 victimes au 19 octobre, selon le bilan officiel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce nombre pourrait être en réalité de trois fois supérieur, précise l’OMS.

Ce n’est que le 8 octobre, lorsqu’un premier cas a été diagnostiqué au Texas, aux États-Unis, que les marchés financiers ont vraiment réagi.

«Les investisseurs sont préoccupés par le risque que le virus se propage au-delà des trois pays touchés (Liberia, Sierra Leone et Guinée), d’autant que personne ne sait vraiment comment la situation va évoluer», constatait alors l’analyste britannique Alison Turner, de Panmure Gordon & Co, interrogé par l’Agence France-Presse (AFP).

Deux semaines plus tard, la situation était toutefois revenue à la normale dans les marchés.

Des secteurs ébranlés

Le transport et le tourisme ont été les premiers secteurs touchés.

Pierrick Fay, chef de service adjoint, marchés, du quotidien français Les Échos, écrivait au sujet de ces secteurs : «Dans les salles de marché, certains commencent à les appeler « indices Ebola ».»

En Europe, les indices boursiers qui mesurent la performance des titres des groupes de transport et de loisirs ont été malmenés dès l’annonce des premiers cas diagnostiqués hors de l’Afrique.

Ainsi, en une semaine, l’indice Stoxx Europe 600 Travel & Leisure a plongé de 9 %, puis a repris le dessus au cours de la semaine suivante.

L’indice FTSE 350 Travel & Leisure a pour sa part perdu plus de 8 % entre le 6 et le 16 octobre, pour revenir peu à peu à la normale plusieurs jours plus tard.

Des sociétés minières ont également été touchées à divers degrés, en fonction de leurs activités en Afrique de l’Ouest.

Les Échos rappelait que la valeur des actions de la London Mining avait chuté de 80 % dans la seule journée du 8 octobre. Le petit groupe minier risque de se trouver dans une impasse financière en raison de problèmes dans une de ses mines de fer de Marampa, en Sierra Leone.

«Pour l’instant, il n’y a pas d’impact majeur sur l’activité opérationnelle des groupes miniers, mais le risque d’une évolution plus dramatique s’accentue», affirmait alors Alison Turner.

Les secteurs du pétrole, du fer, de l’or et les activités minières en général en Afrique de l’Ouest sont ceux qui suscitent le plus d’inquiétude, a souligné un rapport de la Deutsche Bank. La banque allemande précisait que les sociétés aurifères Randgold, Norgold et AngloGold pourraient être atteintes.

Les sociétés inscrites en Bourse qui mènent des activités en Afrique de l’Ouest ont aussi subi les contrecoups de la propagation d’Ebola. C’est le cas de Bolloré, un groupe français spécialisé en transport, dont plus de 20 % des activités se font en Afrique. En quelques jours, la valeur de ses actions a plongé de près de 15 %.

Notons que certains analystes s’inquiètent également pour l’industrie du cacao dans la région, qui représente plus 70 % de la production mondiale de cette denrée.

Comme le SRAS

John Jares, vice-président du gestionnaire de placement USAA, relativise pour sa part la menace.

Il compare les réactions liées à Ebola à celles qu’avait suscitées le virus du SRAS il y a dix ans : «Les pires scénarios ne s’étaient pas concrétisés», rappelle-t-il. «Nous voyons déjà les titres des transporteurs aériens rebondir», ajoute-t-il au sujet d’Ebola.

Howard Simons, président de Rosewood, de Chicago, est du même avis. Une gestion rigoureuse des quelques cas d’Ebola fera en sorte que les inquiétudes «s’estomperont rapidement», croit-il, ajoutant que «les gens ont la mémoire courte».

De leur côté, les sociétés pharmaceutiques engagées dans le développement d’un médicament pour combattre le virus Ebola ont vu leur valeur boursière exploser au début d’octobre… avant de redescendre quelques jours plus tard.

Ainsi, les titres de Lakeland Industries, d’Alpha Pro Tech et de Tekmira Pharmaceuticals ont chuté, après avoir en quelques jours affiché des croissances qui dépassaient parfois 200 %.

Howard Simons résumait ainsi la situation en entrevue avec Reuters : «La personne qui achète des actions, quelles qu’elles soient, et qui est poussée par une sorte de pulsion liée à la panique, débourse généralement trop. Quand vous agissez sans réfléchir, vous perdez de l’argent.»

5 000

Nombre de décès causés par le virus Ebola, selon l’OMS.