Les investisseurs, dit-il, doivent identifier dans ce groupe de plus de 20 pays ceux qui mettent en œuvre des réformes importantes et qui ont appuyé avec succès des sociétés puissantes et mondialement concurrentielles dans des secteurs clés comme la technologie. « Les marchés émergents ne sont pas un groupe homogène. »
Matthew Strauss considère qu’à court terme, il pourrait y avoir plus de volatilité dans les actions des marchés émergents. « Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge; nous n’avons pas encore vu la fin de l’instabilité actuelle. » Il a relevé à 10 % la composante liquide du fonds des marchés émergents qu’il gère.
La performance des marchés émergents pour les 10 premier mois de 2014 est pratiquement stagnante en dollars américains, dit Matthew Strauss. L’Indice MSCI Marchés émergents a été légèrement à la traîne de celui des marchés développés que représente l’Indice MSCI Monde, mais ni un indice ni l’autre n’ont beaucoup progressé (en dollars américains) pendant les 10 mois qui se sont terminés le 31 octobre.
« Par opposition à leur piètre performance sur 10 mois, les marchés émergents ont connu un vif redressement du début février à la fin août », dit Matthew Strauss. En septembre et octobre, ces actions ont subi une forte correction. « Plusieurs facteurs macroéconomiques ont contribué à cette correction, notamment la réduction des attentes mondiales sur la croissance économique et la liquidation des actions de marchandises qui a suivi, dit-il. Cela a affecté les économies émergentes liées aux marchandises comme le Brésil, la Russie et l’Afrique du Sud. »
Matthew Strauss fait remarquer qu’au début du mois d’octobre, le Fonds monétaire international a réduit de nouveau sa prévision en matière de croissance économique mondiale, cette fois à 3,3 %. Cette prévision pour 2014 égale le taux de croissance économique mondiale enregistré en 2013, dit-il. Le FMI a aussi ramené sa prévision pour 2015 à 3,8 %, ajoute-t-il.
Les investisseurs sont devenus défensifs en septembre, dit Matthew Strauss. Dans cet « environnement hostile au risque », les catégories d’actifs considérées plus risquées, comme les actions des marchandises et des marchés émergents, ont subi une pression à la vente.
Bien que les actions des marchés émergents soient actuellement meilleur marché que leurs homologues des marchés développés, Matthew Strauss affirme qu’ « elles sont historiquement à leur juste valeur », donc que l’évaluation des marchés émergents en tant que groupe « ne devrait pas être un obstacle, mais ne stimulera probablement pas non plus le marché boursier ». Il est donc important de choisir à la fois les pays et les sociétés qui présentent des avantages distincts, dit-il.
Matthew Strauss aime bien le Mexique et l’Inde. « Tous deux s’orientent dans la bonne direction pour ce qui est de leurs réformes économiques ». Ici, qui dit placement dit infrastructure. Mais attention : le Mexique et l’Inde sont tous deux des marchés onéreux, et il convient donc d’y être extrêmement sélectif.
En ce qui concerne la Chine, Matthew Strauss met l’accent sur « la nouvelle Chine : des sociétés novatrices qui réussissent chez elles et qui sont concurrentielles dans le monde ».
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Signature Gestion mondiale d’actifs, une équipe de gestion de portefeuille distincte au sein de Placements CI, gère 51,3 milliards de dollars (G$) d’actifs toutes catégories confondues. Matthew Strauss fournit une stratégie macroéconomique sur le marché des changes et se spécialise dans les marchés émergents. Parmi ses responsabilités, il est co-gestionnaire du Fonds marchés nouveaux Signature CI , qui contient de 100 à 120 noms.
La surpondération nationale la plus importante dans le fonds par rapport à l’Indice MSCI Marchés émergents se situe en Chine, dit Matthew Strauss. Le Brésil, la Russie et l’Afrique du Sud y sont « fortement surpondérés ». Quant aux secteurs, le fonds connaît une surpondération dans les technologies de l’information (« reflétant ainsi l’accent mis sur la nouvelle Chine ») et une sous-pondération dans les ressources naturelles, la consommation de base et les télécommunications.
Alibaba Group Holding BABA est le plus gros avoir du fonds. Le 19 septembre, le premier appel public à l’épargne de la société, initialement fixé à un cours de 68 $US par action, a été lancé à la Bourse de New York à 92,70 $ US. L’action a augmenté depuis lors. « À un prix récent de plus de 100 $ US à la clôture, il n’est pas encore en territoire onéreux », dit Matthew Strauss.
Alibaba a recueilli 25 G$ US avec cette émission d’actions, qui représente le plus important premier appel public à l’épargne au monde. La capitalisation boursière de la société, qui est à présent de plus de 250 G$ US, dépasse haut la main la capitalisation boursière combinée des géants américains du commerce électronique Amazon.com AMZN et eBay EBAY.
Par l’entremise de ses filiales, Alibaba fonctionne comme une société de commerce électronique et mobile en Chine et dans le monde entier. « Les Chinois adoptent la technologie et les achats en ligne avec un grand enthousiasme, dit Matthew Strauss. La part de marché d’Alibaba en Chine est conséquente. » La société fournit aussi des services de paiement et d’informatique en nuage, note-t-il.
Un autre avoir de « nouvelle Chine » important dans le fonds est Tencent Holdings, qui est « la plus grande compagnie de médias sociaux dans le pays ». Ses produits comprennent des services de messagerie instantanée, de réseautage social et de jeux en ligne, ainsi que de commerce électronique. « Elle possède une franchise dominante dans le pays et développe sa gamme de services, dit Matthew Strauss. La société se débrouille très bien au chapitre des bénéfices, et même si son action n’est pas bon marché, son potentiel de croissance est encore élevé. »
Dans le secteur de la technologie, Signature a réduit les avoirs du fonds dans le géant de l’électronique Samsung Electronics, domicilié en Corée du Sud, et dans la société Taiwan Semiconductor Manufacturing Co., cette dernière étant détentrice d’un certificat américain d’actions étrangères à New York sous le symbole boursier TSM . « Nous avons élagué ces deux avoirs au bénéfice de sociétés liées à l’Internet comme Alibaba et Tencent. »
En ce qui concerne l’Inde, Matthew Strauss prend l’avoir du fonds dans Adani Ports & Special Economic Zone pour exemple de mise d’infrastructure dans ce pays. Cette société est une grosse exploitante d’installations portuaires, avec la gestion de six ports en Inde.
« Son plus important avoir portuaire, le port de Mundra dans l’état du Gujarat sur la côte ouest de l’Inde, est le plus gros port d’importation de charbon en Asie. » Il y a « une pénurie chronique de charbon en Inde », dit Matthew Strauss.
Adani Ports, qui agrandit actuellement ses installations, est bien placée pour profiter des réformes attendues en Inde, dit Matthew Strauss. Il est intéressant, ajoute-t-il, que le premier ministre de l’Inde M. Narendra Modi, qui a été élu en mai dernier, ait précédemment été à la tête du gouvernement de l’état du Gujarat et qu’il ait à son crédit de gros projets de reconstruction et de réforme économique dans son état d’origine.
Au Mexique, un exemple d’avoir d’infrastructure du fonds est Grupo Aeroportuario del Centro Norte S.A.B. de C.V., ou OMA. Cette société exploite et gère un portefeuille de 13 aéroports internationaux dans neuf états du centre et du nord du Mexique. « L’économie mexicaine s’améliore et OMA devrait en profiter », dit Matthew Strauss.