Malgré des mesures extrêmement stimulatrices de la part des banques centrales, surtout de la Réserve fédérale américaine (Fed), les économies de plusieurs régions éprouvent encore beaucoup de difficultés à retrouver un rythme de croissance comparable à ce qu’il était avant la crise.
Comme à chaque année, le Centre for Economic Policy Research, un influent think tank européen, publiait en début de semaine son Geneva Report on the World Economy. Fait inquiétant, on y mentionne la possibilité d’une nouvelle crise financière si des mesures ne sont pas prises rapidement pour contrer les effets d’une augmentation de la dette globale conjuguée à un taux de croissance économique trop faible.
La dette totale dans le monde, en excluant le secteur financier, a atteint l’an dernier 212 % du PIB mondial comparativement à 180 % en 2008, estime les auteurs du Geneva Report. Selon eux, le mal viendrait surtout d’Asie où l’augmentation de la dette a été le plus appréciable, mais aussi d’Europe où les dirigeants ont été incapables de capitaliser sur des taux d’intérêt historiquement bas pour relancer la croissance économique.
Les auteurs du rapport interpellent les dirigeants de la zone euro. Ils leur demandent d’effacer la dette des pays les plus durement touchés et de mettre rapidement en place un programme d’assouplissement quantitatif afin de faire baisser les taux d’intérêt à long terme.
Le risque que la croissance économique mondial avorte est plus élevé qu’il ne l’est normalement, estime François Dupuis, économiste en chef chez Desjardins. Le scénario de base du groupe des Études économiques de l’institution québécoise est que le taux de croissance mondial augmentera progressivement au cours des prochains trimestres. Mais on n’accorde qu’une probabilité de 50 % à ce scénario, ce qui n’est pas très élevé, selon François Dupuis. « Les perspectives seraient plus encourageantes si l’on pouvait établir cette probabilité à 65 % et plus », dit-il.
De plus, il estime à 30 % la probabilité que les résultats soient pires que le scénario de base, c’est-à-dire que le taux de croissance économique mondial s’effrite. « Pour reprendre les mots du Fonds monétaire international, nous estimons que la reprise mondiale est inégale, fragile et faible », dit-il.
Une nouvelle crise financière n’est pas un scénario qu’il faut exclure, selon M. Dupuis. « La banque centrale européenne a-t-elle attendu trop longtemps », demande-t-il.
Par ailleurs, les marchés financiers ne se semblent pas trop s’inquiéter de la situation, du moins pour l’instant, note-t-il. Les écarts de taux d’intérêt chez les pays les plus endettés sont à leur plus bas. « Malgré l’endettement en Europe et les difficultés que rencontrent toujours plusieurs grandes banques, la complaisance s’est installée », dit-il. Mais cela est rarement de bon augure.