C’est aussi ce que concluait une étude de la firme Vanguard, menée en 2012 (http://tinyurl.com/noop76t). L’analyse des rendements produits par les deux méthodes dans trois marchés différents (États-Unis, Royaume-Uni, Australie) sur des périodes plus ou moins longues (1926-2011, 1976-2011, 1984-2011, respectivement) révélait que pour chacun de ces pays, il est plus profitable d’investir la même somme d’un coup plutôt que d’échelonner les achats sur 12 mois.
Avec un investissement unique, la valeur d’un portefeuille (composé à 60 % d’actions et 40 % d’obligations) était après dix ans supérieure de 2,3 % aux États-Unis, de 2,2 % en l’Australie et de 1,3 % au Royaume-Uni.
Les résultats divergent néanmoins selon les études et les indicateurs choisis. En 2005, Michael J. Brennan, un professeur de finance à UCLA, publiait avec des collègues une étude comparant les deux mêmes stratégies pour le marché américain entre 1926 et 2003 (http://tinyurl.com/n3z2l25).
Michael J. Brennan concluait que les achats périodiques (sur un an ou jusqu’à six ans) surpassaient un investissement initial pour tous les types d’investisseurs, sauf les plus tolérants au risque, c’est-à-dire ceux qui investissent dans des actifs plus risqués.
En entrevue, Michael J. Brennan suggère que ses résultats viennent remettre en doute ce qu’il appelle les «stratégies rationnelles traditionnellement recommandées par les économistes». C’est d’autant plus paradoxal, selon lui, que «dans la pratique, plusieurs conseillers recommandent les achats périodiques, alors que les économistes ont ignoré jusqu’à très récemment cette stratégie.»
Une étude publiée cette année par l’économiste allemand Dirk Ulbricht suggère aussi que les achats périodiques offrent le meilleur rendement, à condition cependant que le marché soit haussier dans les années qui précèdent la retraite (http://tinyurl.com/m8v6ak9).
L’étude de Dirk Ulbricht offre une comparaison des deux stratégies pour le S&P 500 et pour le Nikkei, et montre également que les achats périodiques dans un marché baissier, comme au Japon à partir des années 1990, donnent «des résultats désastreux».
Pour se prémunir de ces risques, l’auteur suggère d’opérer une «diversification internationale» de son portefeuille.
Stratégie à parfaire
Le débat ne semble donc pas clos, et la science s’est avérée incapable de trancher définitivement la question. Les rendements semblent aussi dépendre d’autres facteurs tels que les actifs détenus, les marchés dans lesquels on investit, ainsi que le moment où l’on mesure le rendement de l’investissement.
Quoi qu’il en soit, les achats périodiques resteront certainement une stratégie «par défaut» pour plusieurs clients qui ne disposent pas d’une somme importante à investir, mais qui accumulent cette somme dans le temps.
Pour ces clients, une simple amélioration à la stratégie des achats périodiques pourrait être bénéfique. C’est ce que Lee Dunham, professeur de finance à l’Université Creighton, au Nebraska, propose dans un article publié en 2012 (http://tinyurl.com/k8yj4tp).
En entrevue, Lee Dunham explique qu’il a développé une technique d’achats périodiques «améliorée» afin de pallier la principale lacune qu’il voit dans cette stratégie, c’est-à-dire le fait qu’«elle ignore l’information nouvelle».
L’idée de Lee Dunham est de conditionner l’ampleur des achats mensuels à la performance des marchés durant le mois précédent. «Ce n’est pas sorcier au fond ! Il s’agit d’acheter un petit peu plus après un mois négatif, alors que les prix sont plus bas. Et d’acheter un petit peu moins après un mois positif, alors que les prix sont plus élevés», explique-t-il.
Lee Dunham et son collègue ont testé trois formules dites «améliorées» où un investisseur réduisait – ou augmentait – son investissement selon différentes proportions chaque mois. Pour tous les types d’actif (indices boursiers, matières premières, obligations et fonds communs), les formules améliorées offraient toujours de meilleurs rendements (de 0,17 à 0,7 % supérieurs, annuellement) que la formule traditionnelle d’achats périodiques. «Le problème, admet Lee Dunham, est dans l’application, puisqu’il est souvent difficile d’ajuster ses contributions.»