Selon lui, en raison de la globalisation des marchés, « un changement de cap majeur des États-Unis en matière de réglementation financière nous forcerait tous à ajuster, voire possiblement remettre en question, certains éléments de notre propre réglementation ».
Une autre inquiétude évoquée par Louis Morisset a trait au fait que les régulateurs des États-Unis « pourraient vouloir réduire leur collaboration avec les régulateurs du reste du monde, en diminuant ou en mettant fin notamment aux négociations concernant la régulation bancaire au niveau mondial ».
Bien que l’économie mondiale continue de montrer des signes de croissance prometteurs, malgré les incertitudes qu’ont suscitées dans la dernière année la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne et l’élection de Donald Trump comme 45e président des États-Unis, Louis Morisset est d’avis que « l’amélioration des conditions économiques n’aurait pu se réaliser sans la collaboration internationale des gouvernements, des banques centrales et des principales institutions de premier plan, comme le G20 et le Financial Stability Board ».
Démantèlement de la Loi Dodd-Frank
C’est le 3 février dernier que Donald Trump a signé le décret visant à modifier la Loi Dodd-Frank, adoptée en 2010 par le Congrès. Le président américain donnait alors 120 jours au secrétaire au Trésor afin de recommander différentes actions. Ce décret a été suivi d’un autre, signé le 21 avril, demandant cette fois la révision de certaines dispositions de la Loi Dodd-Frank. L’une des dispositions visées est le processus relatif à la désignation de grands groupes non bancaires comme groupes à risque « systémique ».
Toute abrogation de la Loi Dodd-Frank nécessite toutefois l’accord du Congrès. Alors, bien que le démantèlement de la Loi Dodd-Frank « s’annonce compliqué et pourrait prendre des années avant de se concrétiser », Louis Morisset estime que le processus entamé est inquiétant pour de multiples raisons.
Il a rappelé d’abord que bon nombre des mesures entreprises par les régulateurs financiers au lendemain de la dernière crise visaient spécifiquement à solidifier le système financier et faire en sorte que les institutions soient dorénavant en mesure de faire face à un choc économique d’envergure, sans nécessiter de sauvetage au moyen de fonds publics.
Il estime aussi que des changements radicaux à la réglementation financière des États-Unis pourraient entraîner « un déséquilibre dans le cadre réglementaire mis en place depuis le dernier exercice, une crise publique, et perturber encore l’ordre réglementaire mondial », ce qui aurait pour conséquence de nuire au développement du secteur financier et de l’économie globale.
Il a ajouté : « chaque vecteur de stabilité ou d’instabilité exerce une influence directe sur la vigueur d’une économie. L’incidence économique d’un tel exercice d’évaluation des régulateurs par des instances internationales est donc extrêmement importante ».
Si la bonne performance d’un régulateur aux évaluations internationales confirme, indirectement, la santé des institutions et du marché qu’il encadre, sa bonne réputation contribue aussi « à renforcer la confiance des acteurs économiques, des investisseurs et des agences de notation, tout en envoyant un message clair de résilience en regard du système financier en place », a conclu Louis Morisset.