Pour sa part, le titre de Canadian Solar (Nasdaq, CSIQ) a presque décuplé depuis le 2 janvier 2013, passant de 3,40 $ US à 27,65 $ US le 25 juillet dernier. Le titre s’est lui aussi replié depuis le sommet de 43,67 $ US qu’il a atteint au début de mars.
D’autres entreprises montrent un dynamisme aussi fort. SunEdison (NY, SUNE) a vu son titre multiplié par cinq depuis le début de 2013, passant de 3,44 $ US à 20,95 $ US au 25 juillet 2014.
Même chose chez SunPower (Nasdaq, SPWR), dont le titre, qui était à 6,13 $ US en janvier 2013, atteignait 37,60 $ US le 25 juillet.
Il est certain que ces titres restent assez spéculatifs. En outre, SunEdison et SolarCity sont déficitaires (perte par action de 2,96 $ US et de 0,72 $ US, respectivement, au cours des 12 derniers mois).
D’autres montrent toutefois un bilan positif. Canadian Solar et SunPower affichent respectivement un bénéfice par action de 0,73 $ US et de 1,45 $ US sur 12 mois, ce qui leur procure un ratio cours/bénéfice de 37,9 et de 26,43.
Premiers stades
L’envol boursier survient alors que «nous en sommes encore aux premiers stades» de l’évolution de l’industrie solaire, indique Wilson Magee, gestionnaire principal du Global Listed Infrastructure Fund chez Franklin Templeton Investments, à New York.
«Il fallait que les prix atteignent un niveau concurrentiel, et c’est ce qui commence à se passer», précise-t-il.
Wilson Magee souligne qu’il en coûte maintenant en moyenne environ 130 $ US par mégawatt/heure pour produire de l’électricité grâce aux panneaux photovoltaïques, comparativement à 95 $ US avec le charbon, à 80 $ US avec l’éolien et à 65 $ US avec le gaz naturel.
Cela survient au terme d’une chute du prix des panneaux photovoltaïques, qui est passé de 77 $ US du watt en 1977 à 0,70 $ US à la fin de 2013, note John Gorman, président de la Canadian Solar Industries Association (CanSIA), à Toronto.
«Cela se compare presque à ce qu’on a constaté dans le secteur des processeurs informatiques», souligne-t-il.
De plus, l’efficacité des panneaux s’élève maintenant à 20 %, dit Wilson Magee (il s’agit du degré de transformation de la lumière en électricité). Un niveau de 40 % peut même être atteint en laboratoire.
Dans ce contexte, la puissance solaire photovoltaïque installée dans le monde a explosé au cours des dernières années.
À la fin de 2007, elle n’était que de 9 gigawatts (GW). Elle s’établissait à 137 GW à la fin de 2013, soit 15 fois plus, selon EurObserv’ER, et on prévoit qu’elle passera à 150 GW à la fin de 2014, fait ressortir John Gorman. Ce mouvement sera renforcé au fur et à mesure que les gouvernements rendront obligatoire le passage aux énergies renouvelables.
La loi californienne est exemplaire à ce chapitre, juge Wilson Magee. L’État exige que les grands producteurs d’électricité haussent leur offre de ces énergies à 33 % de leur portefeuille en 2020. «Déjà, les trois plus grands fournisseurs de cet État sont à 23 %», précise-t-il.
Un potentiel prometteur
Il ne faut pas s’attendre à ce que l’énergie solaire déloge bientôt les sources traditionnelles du gaz, du charbon et de l’hydro-électricité, indique Wilson Magee. Le solaire apparaît plutôt comme une solution parmi plusieurs autres.
«Ce n’est pas une seule technologie énergétique qui sauvera le monde», remarque Oumarou Savadogo, professeur titulaire à l’École Polytechnique, de Montréal, qui donne un cours sur l’énergie solaire. «Je pense qu’on pigera plutôt dans des assiettes énergétiques variées.»
Un obstacle majeur à la croissance de l’énergie solaire tient au coût important des batteries.
Le jour où apparaîtront «des technologies d’accumulation pratiques et économiques, cela changera complètement l’échiquier de la production énergétique dans le monde», prévoit Wilson Magee.
Selon John Gorman, le solaire recèle déjà le potentiel de disloquer l’ancien modèle de distribution électrique que les pays ont privilégié au cours des 130 dernières années.
Ce modèle était à l’image de la société industrielle très centralisée, où de gigantesques unités de production visaient à distribuer le plus d’énergie au plus grand nombre de consommateurs.
Le solaire, plus que toutes les autres sources renouvelables, propose un modèle décentralisé.
SolarCity est pionnière à ce chapitre, car elle propose un modèle que John Gorman appelle «Utilité 2.0». Cette entreprise californienne offre aux consommateurs d’installer gratuitement des panneaux solaires sur leurs toits, en leur promettant de réduire de 15 % leur facture d’électricité au cours des 20 prochaines années. Tout surplus d’énergie est récupéré par SolarCity qui le revend au réseau général.
On peut juger de la promesse du photovoltaïque grâce aux avancées réalisées au Los Alamos National Laboratory, au Nouveau-Mexique. La technologie des points quantiques agissant comme des capteurs solaires a le potentiel de transformer les fenêtres des résidences en producteurs d’énergie.