Toutefois, le financier ne représentait pas son pays natal, le Canada, mais plutôt l’Estonie en tant que son seul et unique participant à cette épreuve. En fait, Connor O’Brien a déjà arboré le drapeau de quatre nations différentes dans cette discipline.
Il est né à Montréal, mais son père est originaire de Belfast en Irlande du Nord, ce qui lui a permis de skier pour l’équipe de la Grande-Bretagne aux Olympiques d’hiver de Sarajevo en 1994, où il avait terminé en 33e position. C’est sa mère qui est née à Tiiu en Estonie, qui lui a donné l’occasion d’accéder une dernière fois à la compétition internationale, à 33 ans, après neuf années de retraite du sport professionnel.
Même s’il n’a pas pu terminer la course comme il le voulait en raison d’un ski qui l’a abandonné, un article daté de février 1984 du New York Times, rapporte que plusieurs reporters l’attendaient au bas de la montagne pour discuter avec l’athlète « qui avait déjà skier pour quatre pays ».
Il a également participé à des compétitions pour l’équipe nationale canadienne et pour les États-Unis alors qu’il avait un permis de travail américain.
Question d’objectifs
Connor O’Brien a commencé le ski alpin à l’âge de 14 ans et comme plusieurs sportifs, il n’a pas immédiatement décidé quelle serait sa deuxième carrière après le ski, mais il savait qu’il en aurait une.
Il s’est finalement inscrit à l’université en économie et physique. La deuxième discipline lui aura permis de développer ses talents en mathématiques. « Les calculs en finance sont très simples comparativement à certains calculs en science », dit-il. Plus tard, il fréquentera le Darmouth College aux Etats-Unis où il complètera son MBA en business.
« La plupart de mes amis travaillaient à Wall Street et j’ai commencé à considérer cette option. Durant ma deuxième année de MBA, j’ai pris un emploi avec une banque new-yorkaise, Donaldson, Lufkin et Jenrette, achetée en 2000 par la banque Crédit suisse. »
En parallèle
Finalement, le skieur a constaté qu’il se glissait parfaitement dans le moule de la finance et qu’il y avait bel et bien un parallèle entre ses deux passions. « J’ai connu plusieurs athlètes qui se sont aussi dirigés vers la finance et la plupart ont très bien réussi. C’est un domaine où il y a beaucoup compétition et tout comme dans le sport il faut se fixer des objectifs, générer des rendements ciblés », raconte-t-il.
En ski alpin, tout se joue dans la descente, mais à Wall Street, Connor O’Brien a pris une pente ascendante. En 1987, il décroche un emploi chez JP Morgan où il a travaillé pendant deux ans. Ensuite, il a travaillé pour le département des fusions et acquisitions chez Lehman Brothers pendant six ans et finalement il a passé deux ans chez la banque Merrill Lynch.
Pour sa dernière participation aux jeux d’hiver de Norvège en 1994, il s’entraînait sept jours par semaine, tout en travaillant chez Lehman. « C’est plutôt inhabituel, normalement, une participation aux Olympiques nécessite une préparation à temps plein. Heureusement, j’ai eu la chance de pouvoir aller faire des entrainements avec l’équipe canadienne grâce à mes anciens entraineurs qui m’ont permis de me joindre à eux.
Aimer les hauteurs
(Suite p. 2)
Aimer les hauteurs
Le ski alpin fait encore partie de la vie de Connor O’Brien aujourd’hui. Il continue de pratiquer son sport lors de différents voyages et il encourage aussi sa fille qui fait du ski de compétition et rêve d’un jour se rendre aux Olympiques. « Je suis plus souvent sur le bord des pentes maintenant ! », dit-il en riant.
Néanmoins, avec la gestion d’O’Leary Funds, il ne manque pas d’occupations. Il partage les tâches avec son co-fondateur Kevin O’Leary, aussi bien connu pour sa participation comme juge à l’émission Dragon’s Den sur les ondes de CBC. Ils ont créé l’entreprise ensemble en 2008.
Au total, leur actif sous gestion se chiffre à un milliard de dollars, selon Connor O’Brien. « Ça se passe bien, nous avons gagné plusieurs prix pour nos fonds et nos stratégies de revenu fixe. Nous commençons à développer le marché des clients institutionnels », explique-t-il. Ce dernier occupe aussi le poste de président et chef des placements pour Gestion d’actifs Stanton.
L’ancien skieur professionnel a vécu son plus beau moment olympique du haut d’une montagne enneigée norvégienne alors qu’il s’apprêtait à dévaler la pente pour les Estoniens. Connor O’Brien ne grimpera plus sur les monts olympiens, mais il souhaite atteindre d’autres sommets, cette fois, avec O’Leary Funds, en guidant l’entreprise sur le chemin « d’autres firmes montréalaises, telles que Jarislowsky Fraser, Addenda Capital et Hexavest qui ont connu du succès ».
Photo : Gracieuseté