Simon Bibeau a fait ses premiers pas dans le secteur au cours de l’été qui a suivi sa première année universitaire, à titre de représentant au service à la clientèle de la Banque de Montréal (BMO). C’est toutefois lorsqu’il a commencé sa deuxième année d’études qu’il a développé un réel intérêt pour le secteur financier.
Gestion de capitaux Desautels, une société de gestion de placements liée à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill, offre aux étudiants la possibilité d’agir, sous supervision, à titre d’analystes pour l’un des deux portefeuilles d’actions et d’obligations, qui cumulent au total environ 4 M$ d’actif. Le défi lui plaît. «Grâce à certains de mes pairs qui m’ont aidé à me préparer aux entretiens, j’ai été sélectionné. Le programme m’a permis de plonger plus profondément dans la théorie et la pratique, ce qui m’a motivé à aller chercher encore plus d’expérience en entreprise», témoigne-t-il.
À sa passion du basketball, qui l’a mené au cours de ses études secondaires à représenter le Québec, puis le Canada, dans des compétitions disputées en Allemagne, en Argentine et en France, Simon Bibeau ajoute alors celle de la finance.
Ses entrées au sein de la BMO lui ouvrent ensuite la porte à deux stages d’été consécutifs, l’un à Toronto et l’autre à Montréal, dans la division BMO Marchés des capitaux. «En plus d’avoir été des plus formateurs, ces stages m’ont permis d’approfondir mes connaissances du milieu financier qui, seulement deux ans auparavant, m’était alors en grande partie inconnu», constate-t-il.
Direction New York
C’est en 2015, par l’intermédiaire d’un stage suivant l’obtention de son baccalauréat, que Simon Bibeau fait son entrée chez Goldman Sachs. «En puisant dans le réseau des McGillois présents à Wall Street, j’ai réussi à décrocher des entretiens auprès de quelques firmes, dont Goldman Sachs. La chance m’a souri avec cette dernière, la seule m’ayant fait une offre aux États-Unis.»
Chez Goldman Sachs, l’intégration des analystes de première année s’effectue de manière relativement formelle, relate Simon Bibeau. Ils sont d’abord réunis au quartier général de New York pour une formation technique d’environ six semaines, au cours de laquelle on les initie également à la culture de l’entreprise.
«Plusieurs hauts dirigeants de la firme, dont le PDG Lloyd Blankfein, sont venus partager leurs expériences et conseils, dit-il. Ces premières semaines sont également une belle occasion pour rencontrer les analystes des autres groupes de la division et pour nouer des amitiés.»
Une fois sa formation terminée, Simon Bibeau a rejoint le groupe des ressources naturelles. «Mon rôle en tant qu’analyste consistait à assister les banquiers séniors dans la préparation de présentations, à bâtir des modèles financiers et à accomplir toute autre forme d’analyse économique, de marché, d’industrie ou d’états financiers.»
En arrivant à Wall Street, Simon Bibeau, qui a eu la chance d’installer ses pénates directement sur l’île de Manhattan en compagnie d’un autre diplômé de McGill amorçant alors tout comme lui sa carrière en finance, s’attendait à devoir supporter une très grande charge de travail. Ce fut le cas, mais il a toutefois constaté que «Goldman Sachs n’a pas froid aux yeux en matière d’innovation, et ce, même en ce qui a trait à la gestion de ses ressources humaines».
À cet égard, explique-t-il, la banque d’investissement a mis en place quelques initiatives afin que l’expérience des banquiers juniors soit relativement plus saine et gérable qu’elle l’était autrefois. Elle a par exemple instauré une règle stricte interdisant de travailler les samedis, sauf exception. Auparavant, la norme dans l’industrie consistait à être disponible sept jours sur sept.
Si les employés travaillent fort chez Goldman Sachs, la firme mise en contrepartie sur leur développement continu, mentionne Simon Bibeau. Outre la formation initiale, il a ainsi été en mesure de prendre part à plusieurs séminaires et à assister à des conférences animées par des leaders issus de domaines variés, dont les affaires, la politique et le sport. «J’ai notamment eu l’occasion d’entendre parler Shaquille O’Neil et Yao Ming, deux légendes de la NBA aujourd’hui impliquées dans des projets philanthropiques avec Goldman Sachs», évoque-t-il.
L’accent que met Goldman Sachs sur la communication et le travail d’équipe l’ont également impressionné, lance-t-il. Selon lui, la banque réussit à créer un environnement suscitant l’entraide et la coopération entre les professionnels afin que le meilleur service possible soit rendu aux clients. «Il me semblait que j’étais toujours à un coup de fil de recevoir de l’aide ou bien de mettre la main sur des données importantes», illustre Simon Bibeau.
Cap sur Toronto
Simon Bibeau se considère privilégié d’avoir amorcé sa carrière dans un tel environnement.
«Mon expérience a été enrichissante à plusieurs égards. Sur le plan professionnel, j’ai eu l’occasion de me bâtir une fondation en finance en travaillant sur des mandats exigeants et en baignant dans une firme regorgeant de ressources. Sur le plan personnel, j’ai fait de nombreuses rencontres, dont plusieurs sont devenues de sincères amitiés», indique-t-il.
C’est d’ailleurs dans le cadre d’un mandat pour Goldman Sachs qu’il a appris à connaître Northleaf Capital Partners. «Après près de deux ans dans le rôle de banquier, je commençais déjà à entreprendre des démarches pour passer du côté de l’investissement privé, qui me semblait être un secteur plus intéressant, afin de relever un nouveau défi professionnel, raconte-t-il. Malgré le fait que j’étais en contact avec plusieurs chasseurs de têtes, j’ai communiqué directement avec Northleaf Capital Partners.»
«Au début de 2017, Northleaf venait de lever son plus grand fonds d’infrastructure (environ 1 G$) auprès d’investisseurs institutionnels et cherchait à combler un poste d’associé, évoque-t-il. Après plusieurs séries d’entrevues, dont une prenant la forme d’un cas de modélisation, j’ai reçu une offre afin de rejoindre le groupe d’infrastructure à la maison mère de Toronto.»
À titre d’associé au sein du groupe d’infrastructure, Simon Bibeau a pour mandat d’évaluer les occasions d’investissement dans les secteurs de l’énergie, du transport, des partenariats public-privé, des services publics ainsi que des télécommunications.
«À la base, mes tâches consistent à faire de la modélisation de projections financières et de la valorisation des actifs dans lesquels nous envisageons investir afin d’évaluer le profil de risque-rendement», explique-t-il.
Par contre, son rôle d’investisseur privé va bien au-delà de la finance. «Je suis également impliqué dans toutes les facettes du processus de due diligence (technique, légale, commerciale et comptable, par exemple). De plus, à la suite de la période d’investissement, je participe à la gestion active en assurant l’élaboration du plan d’affaires, la viabilité de la stratégie d’entreprise, ainsi qu’en prenant part aux décisions importantes telles que les refinancements, les acquisitions ou bien les dépenses en capital», ajoute Simon Bibeau.
Le monde de la finance est extrêmement vaste, constamment en changement, parfois complexe, et surtout souvent très compétitif, mais ne soyez pas intimidé pour autant, lance Simon Bibeau à l’intention des nouveaux diplômés. «La finance s’apprend avec de la patience, de la persévérance et de l’humilité», analyse-t-il.