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CFIQ : 20 ans à défendre l’industrie

Lorsqu’il a été fondé, en 1997, le Conseil des fonds d’investissement du Québec (CFIQ) voulait être la voix du Québec au sein de l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC). Près de 20 ans plus tard, l’organisme est devenu un interlocuteur pour le gouvernement du Québec et l’Autorité des marchés financiers (AMF).Robert Frances, président et chef de la direction du Groupe financier PEAK, a contribué à fonder le CFIQ : «J’étais au conseil de l’Institut des fonds d’investissement du Canada et j’étais aussi impliqué au sein de l’Association des courtiers indépendants multidisciplinaires (ACIM). Il était clair qu’il y avait des besoins des deux côtés : chez les émetteurs, soit les maisons de fonds, mais aussi chez les courtiers.»

En 1996, il y avait 21 maisons de fonds au Québec et elles avaient un actif sous gestion de 8,7 G$. En 2013, le nombre de maisons de fonds était passé à 13, mais l’actif sous gestion avait grimpé à 65,6 G$, selon l’IFIC.

On retrouvait les gros acteurs, comme le Mouvement Desjardins, la Banque Nationale et le Groupe Investors, mais aussi de plus petits concurrents, tels que Capital DRM et, après leur lancement au début des années 2000, les fonds Diamant de MICA.

L’avocat Pierre-Yves Châtillon a aussi participé au lancement du CFIQ : «Le Québec est la seule province à avoir ce statut particulier (au sein de l’IFIC). Le fait qu’il n’y ait pas de common law au Québec, qui utilise plutôt le Code civil, explique notamment qu’on lui ait accordé un statut particulier.»

C’est dans ce contexte qu’une vingtaine de membres de l’ACIM se sont joints à l’IFIC afin de fonder le CFIQ. «Les frais d’adhésion des membres de l’ACIM à l’IFIC étaient suffisants pour faciliter l’ouverture du bureau de Montréal du CFIQ, raconte Robert Frances. Ensuite, les grandes institutions financières du Québec sont venues se greffer à notre cause et nous avons pu mettre sur pied une permanence et faire décoller le CFIQ.»

Influence pertinente

De nos jours, le CFIQ participe à des réunions presque mensuelles avec l’AMF afin de discuter d’enjeux propres à l’industrie, rappelle Pierre-Yves Châtillon.

«Le CFIQ évite à l’AMF d’avoir à faire des sondages particuliers. Le régulateur peut recevoir des commentaires de la part des membres de l’industrie sur une base ponctuelle ou immédiate. Ces rencontres mensuelles avec l’AMF sont précieuses pour les deux côtés», dit-il.

C’est ainsi plus facile pour tous les acteurs d’avoir le pouls de différentes parties de l’industrie financière, indique pour sa part Kia Rassekh, chef de bureau et conseiller principal en politiques pour le Québec au CFIQ : «Ça apporte une certaine efficacité dans le système. Quand le CFIQ dialogue avec l’AMF, ce n’est pas seulement au niveau du président et des surintendants, ce sont aussi les directeurs (du régulateur) qui viennent à nos différents comités techniques de réglementation et de conformité. Ainsi, l’AMF n’a pas à rencontrer chacune des firmes séparément, puisque tout le monde est déjà autour de la table.»

L’IFIC est inscrit au registre des lobbyistes du Québec. Toutefois, le CFIQ se défend d’essayer d’influencer les décisions et insiste sur le fait qu’il fonde ses représentations «sur les faits et non pas strictement sur des opinions». Elles visent aussi à amener une valeur ajoutée dans la discussion sur les réformes réglementaires des politiques.

Stéphane Blanchette, président du CFIQ et vice-président, Finances et opérations chez Investia Services Financiers, abonde dans cette direction : «Ultimement, la décision appartient au gouvernement et à l’AMF, mais nous jouons un bon rôle d’informateur, parce que nous sommes capables de leur faire comprendre de quoi a l’air la réalité, sur le terrain.»

Du pain sur la planche

Selon Robert Frances, le CFIQ est maintenant une organisation à part entière sous le chapeau de l’IFIC.

«Ce qui est intéressant avec le CFIQ, c’est qu’il regroupe des émetteurs, mais aussi des distributeurs, dit-il. Avec tout ce qui se passe dans l’industrie, nous sommes heureux de voir qu’il y a un endroit où le conseil, les émetteurs et les distributeurs peuvent s’asseoir à la même table pour discuter et apporter des pistes de solution.»

Le CFIQ regroupe 50 % de courtiers, 30 % de manufacturiers et 20 % de membres affiliés. Selon le CFIQ, en 2002, l’industrie représentait 22 % de la richesse financière du Québec. En 2016, cette proportion avait grimpé à 35 % du patrimoine financier des Québécois.

«C’est un organisme rassembleur, c’est une tribune de partage de l’information et un organisme qui a la capacité d’influencer, souligne pour sa part Stéphane Blanchette. Même si des concurrents sont autour de la table, il y a une belle harmonie et une belle complicité, parce que nous affrontons tous les mêmes défis avec des degrés d’intensité différents.»

La concertation est d’autant plus importante que les membres du CFIQ naviguent dans un contexte de changements réglementaires quasi perpétuels : «Un des défis du CFIQ est de s’assurer de participer à l’implantation de ces changements tout en étant conscient de la réalité quotidienne des membres de l’industrie.»

D’ailleurs, selon Stéphane Blanchette, cette collégialité est au coeur de la pertinence du CFIQ : «À la seconde où les membres ne sentiront plus que le CFIQ amène une valeur ajoutée, nous serons en péril. Dans l’environnement actuel de changements, le partage d’information est la pierre angulaire de notre pertinence.»

Présentement, le CFIQ a du pain sur la planche avec les consultations sur l’élimination des frais intégrés des fonds communs ainsi que sur la norme d’agir au mieux des intérêts du client. Le CFIQ peut faire entendre le point de vue de l’industrie et l’a prouvé dans le passé.

«Rappelons-nous la consultation sur le RVER durant laquelle le CFIQ a mis en avant l’importance du conseil. Le CFIQ a soulevé l’importance de l’accompagnement du particulier et a poussé le gouvernement à offrir une option avec du conseil», raconte Kia Rassekh.

Éduquer pour mieux conseiller

Une des missions les moins connues du CFIQ est probablement celle du développement de la littératie financière. Le CFIQ a d’ailleurs décidé, pour son 20e anniversaire, de s’associer avec Bourstad, une simulation boursière utilisée comme outil d’éducation financière auprès des élèves et du grand public.

«N’importe qui peut aller sur Google Finance pour se faire un portefeuille en ligne, mais ce qui est bien avec Bourstad, c’est qu’on force les élèves à utiliser des concepts de gestion de portefeuille comme la diversification et l’allocation d’actifs», lance Kia Rassekh.

Bourstad, qui souligne cette année son 30e anniversaire, touche près de 50 000 étudiants dans 225 maisons d’enseignement au Québec. «Ça va trahir mon âge, mais je l’ai fait moi-même lorsque j’étais étudiant au cégep», blague Stéphane Blanchette.

CFIQ : 20 ans à défendre l’industrie

EN DIRECT DU CFIQ – Lorsqu’il a été fondé, en 1997, le Conseil des fonds d’investissement du Québec (CFIQ) voulait être la voix du Québec au sein de l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC). Près de 20 ans plus tard, l’organisme est devenu un interlocuteur pour le gouvernement du Québec et l’Autorité des marchés financiers (AMF).

CFIQ : 20 ans à défendre l'industrie

Robert Frances, président et chef de la direction du Groupe financier PEAK, a contribué à fonder le CFIQ : « J’étais au conseil de l’Institut des fonds d’investissement du Canada et j’étais aussi impliqué au sein de l’Association des courtiers indépendants multidisciplinaires (ACIM). Il était clair qu’il y avait des besoins des deux côtés : chez les émetteurs, soit les maisons de fonds, mais aussi chez les courtiers. »

En 1996, il y avait 21 maisons de fonds au Québec et elles avaient un actif sous gestion de 8,7 G$. En 2013, le nombre de maisons de fonds était passé à 13, mais l’actif sous gestion avait grimpé à 65,6 G$, selon l’IFIC.

On retrouvait les gros acteurs, comme le Mouvement Desjardins, la Banque Nationale et le Groupe Investors, mais aussi de plus petits concurrents, tels que Capital DRM et, après leur lancement au début des années 2000, les fonds Diamant de MICA.

L’avocat Pierre-Yves Châtillon a aussi participé au lancement du CFIQ : « Le Québec est la seule province à avoir ce statut particulier (au sein de l’IFIC). Le fait qu’il n’y ait pas de common law au Québec, qui utilise plutôt le Code civil, explique notamment qu’on lui ait accordé un statut particulier. »

C’est dans ce contexte qu’une vingtaine de membres de l’ACIM se sont joints à l’IFIC afin de fonder le CFIQ. « Les frais d’adhésion des membres de l’ACIM à l’IFIC étaient suffisants pour faciliter l’ouverture du bureau de Montréal du CFIQ, raconte Robert Frances. Ensuite, les grandes institutions financières du Québec sont venues se greffer à notre cause et nous avons pu mettre sur pied une permanence et faire décoller le CFIQ. »

 

Influence pertinente

De nos jours, le CFIQ participe à des réunions presque mensuelles avec l’AMF afin de discuter d’enjeux propres à l’industrie, rappelle Pierre-Yves Châtillon.

« Le CFIQ évite à l’AMF d’avoir à faire des sondages particuliers. Le régulateur peut recevoir des commentaires de la part des membres de l’industrie sur une base ponctuelle ou immédiate. Ces rencontres mensuelles avec l’AMF sont précieuses pour les deux côtés », dit-il.

C’est ainsi plus facile pour tous les acteurs d’avoir le pouls de différentes parties de l’industrie financière, indique pour sa part Kia Rassekh, chef de bureau et conseiller principal en politiques pour le Québec au CFIQ : « Ça apporte une certaine efficacité dans le système. Quand le CFIQ dialogue avec l’AMF, ce n’est pas seulement au niveau du président et des surintendants, ce sont aussi les directeurs (du régulateur) qui viennent à nos différents comités techniques de réglementation et de conformité. Ainsi, l’AMF n’a pas à rencontrer chacune des firmes séparément, puisque tout le monde est déjà autour de la table. »

L’IFIC est inscrit au registre des lobbyistes du Québec. Toutefois, le CFIQ se défend d’essayer d’influencer les décisions et insiste sur le fait qu’il fonde ses représentations « sur les faits et non pas strictement sur des opinions ». Elles visent aussi à amener une valeur ajoutée dans la discussion sur les réformes réglementaires des politiques.

Stéphane Blanchette, président du CFIQ et vice-président, Finances et opérations chez Investia Services Financiers, abonde dans cette direction : « Ultimement, la décision appartient au gouvernement et à l’AMF, mais nous jouons un bon rôle d’informateur, parce que nous sommes capables de leur faire comprendre de quoi a l’air la réalité, sur le terrain. »

 

Du pain sur la planche

Selon Robert Frances, le CFIQ est maintenant une organisation à part entière sous le chapeau de l’IFIC.

« Ce qui est intéressant avec le CFIQ, c’est qu’il regroupe des émetteurs, mais aussi des distributeurs, dit-il. Avec tout ce qui se passe dans l’industrie, nous sommes heureux de voir qu’il y a un endroit où le conseil, les émetteurs et les distributeurs peuvent s’asseoir à la même table pour discuter et apporter des pistes de solution. »

Le CFIQ regroupe 50 % de courtiers, 30 % de manufacturiers et 20 % de membres affiliés. Selon le CFIQ, en 2002, l’industrie représentait 22 % de la richesse financière du Québec. En 2016, cette proportion avait grimpé à 35 % du patrimoine financier des Québécois.

« C’est un organisme rassembleur, c’est une tribune de partage de l’information et un organisme qui a la capacité d’influencer, souligne pour sa part Stéphane Blanchette. Même si des concurrents sont autour de la table, il y a une belle harmonie et une belle complicité, parce que nous affrontons tous les mêmes défis avec des degrés d’intensité différents. »

La concertation est d’autant plus importante que les membres du CFIQ naviguent dans un contexte de changements réglementaires quasi perpétuels : « Un des défis du CFIQ est de s’assurer de participer à l’implantation de ces changements tout en étant conscient de la réalité quotidienne des membres de l’industrie. »

D’ailleurs, selon Stéphane Blanchette, cette collégialité est au cœur de la pertinence du CFIQ : « À la seconde où les membres ne sentiront plus que le CFIQ amène une valeur ajoutée, nous serons en péril. Dans l’environnement actuel de changements, le partage d’information est la pierre angulaire de notre pertinence. »

Présentement, le CFIQ a du pain sur la planche avec les consultations sur l’élimination des frais intégrés des fonds communs ainsi que sur la norme d’agir au mieux des intérêts du client. Le CFIQ peut faire entendre le point de vue de l’industrie et l’a prouvé dans le passé.

« Rappelons-nous la consultation sur le RVER durant laquelle le CFIQ a mis en avant l’importance du conseil. Le CFIQ a soulevé l’importance de l’accompagnement du particulier et a poussé le gouvernement à offrir une option avec du conseil », raconte Kia Rassekh.

 

Éduquer pour mieux conseiller

Une des missions les moins connues du CFIQ est probablement celle du développement de la littératie financière. Le CFIQ a d’ailleurs décidé, pour son 20e anniversaire, de s’associer avec Bourstad, une simulation boursière utilisée comme outil d’éducation financière auprès des élèves et du grand public.

« N’importe qui peut aller sur Google Finance pour se faire un portefeuille en ligne, mais ce qui est bien avec Bourstad, c’est qu’on force les élèves à utiliser des concepts de gestion de portefeuille comme la diversification et l’allocation d’actifs », lance Kia Rassekh.

Bourstad, qui souligne cette année son 30e anniversaire, touche près de 50 000 étudiants dans 225 maisons d’enseignement au Québec. « Ça va trahir mon âge, mais je l’ai fait moi-même lorsque j’étais étudiant au cégep », blague Stéphane Blanchette. 

Manchettes Dans

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