C’est, entre autres, ce qu’a indiqué Hugo Lacroix, directeur principal des fonds d’investissement à l’Autorité des marchés financiers (AMF), lors du 11e colloque de conformité du Conseil des fonds d’investissement du Québec, mercredi. « Je suis allergique aux inefficiences règlementaires », a-t-il dit, précisant que l’AMF n’a pas de règlementation supplémentaire dans ses cartons, mais envisage plutôt l’optimisation de celle actuelle.
Parmi les chantiers d’optimisation figure celui de repenser la manière dont on communique l’information aux investisseurs, à la lumière du régime d’information au moment de la souscription, aussi connu sous le nom de Fund facts.
« Tout est sur la table avec un objectif : réduire, moderniser. On va avoir une réflexion sur du contenu multimédia qu’on pourrait mettre à la place. On veut moderniser et éliminer les redondances dans le but d’offrir des choses qui sont plus utiles que ce que prévoit le régime présentement, qui date d’une autre époque, d’avant le règlement 31-103 », a-t-il noté.
Différentes dispenses dans le but de réduire les coûts des émetteurs de fonds d’investissement doivent entrer en vigueur aussi.
Préoccupante liquidité
L’AMF observe également les risques liés à la popularité croissante des actifs qui sont moins liquides. Cette tendance a été propulsée par l’appétit de rendement découlant de la faiblesse des taux d’intérêt.
Hugo Lacroix note que les portefeuilles de titres à revenu fixe contiennent de plus en plus de titres moins liquides que des obligations gouvernementales, comme les prêts de rang prioritaires ou les obligations internationales. Les investisseurs institutionnels se diversifient même du côté des infrastructures.
« Ces actifs sont moins liquides que les actions ou les obligations. Je n’ai rien contre, la liquidité a un prix. Mais est-ce qu’on en est conscient? Est-ce que les conseillers sont capables de bien l’expliquer aux clients? Et est-ce que ma mère comprend bien ? Est-ce qu’elle aurait peut-être préféré de travailler plus longtemps, d’épargner davantage au lieu de prendre ce risque? Est-ce que les divulgations de risques ont cheminé? » a-t-il soulevé comme interrogation.
L’équipe d’Hugo Lacroix, en collaboration avec les autorités règlementaires internationales, développe une boite à outils en matière de gestion de risque de liquidité pour les fonds alternatifs. L’objectif est que la suspension des rachats d’un fonds soit une mesure de dernier recours. « Suspendre les rachats, c’est perturbateur. Ce n’est pas le fun pour les investisseurs ni pour l’efficience des marchés. Il y a toujours une crise de confiance qui suit. »
Risques systémiques de la gestion passive
Dans le même ordre d’idée, la part de marché croissante de la gestion passive peut engendrer des risques systémiques et pour certaines entreprises émettrices de titres financiers, selon Hugo Lacroix.
« Je fais très attention ici pour ne pas parler de FNB indiciels, qui sont la pointe de l’iceberg. Je parle aussi de la gestion passive indicielle, soit ceux qui se disent être en gestion active, mais qui suivent impérativement l’indice. Et il faut regarder l’intérêt du marché institutionnel pour la gestion indicielle », a-t-il détaillé.
« On craint que tout le monde bouge en même temps. Est-ce que les bulles, les corrections et les mouvements de marchés vont être amplifiés parce que tout le monde bouge sans réfléchir? » a-t-il ajouté.
Il s’interroge sur le sort qui serait réservé à une entreprise émettrice qui se ferait sortir d’un indice majeur. « Si on a une masse critique [d’actif à gestion passive], est-ce que ça va être la fin de cet émetteur? » a dit Hugo Lacroix.