Vincent Lacroix, l’homonyme du protagoniste de « l’affaire Norbourg » a aujourd’hui 29 ans. Il affirme que son nom tristement célèbre ne l’a pas du tout empêché de faire son chemin. Il lui a en fait plutôt ouvert des portes.
« Des amis à l’université me disaient que je ne me trouverais jamais de travail. Certains m’ont même suggéré de changer de nom! Je le leur répondais qu’au contraire, mon C.V. se retrouverait probablement au dessus de la pile parce que les employeurs voudraient s’assurer de me rencontrer », raconte le diplômé de l’Université Laval en administration des affaires avec une majeure en finance. Il a également son titre de représentant en épargne collective.
Finalement, l’avenir lui donnera raison. « Quand j’ai commencé à chercher du travail, nous étions au coeur du scandale. J’arrivais dans les entrevues et les employeurs me regardaient avec un gros sourire. Je m’en suis toujours servi comme une façon de briser la glace. Encore aujourd’hui, lorsque je vais dans des 5 à 7, mon nom amène plusieurs personnes que je ne connais pas à venir me parler. »
Sans faille
Il a débuté son parcours à la Banque Laurentienne par l’entremise d’un programme intitulé « Relève de la gestion » qui lui a donné la chance d’être formé à travers différents postes soit caissier en succursale, agent du service à la clientèle et conseiller au service aux particuliers.
Vincent Lacroix a cheminé sans anicroche dans le domaine financier et a rapidement obtenu un poste de gestion.
« J’ai occupé un poste de directeur de succursale par interim pendant six mois. Par la suite, j’ai été nommé pour un mandat dans une plus petite succursale au centre-ville de Québec comme directeur. En novembre 2010, on m’a transféré à une plus grosse succursale de Quatre-Bourgeois ».
« Un an plus tard, un changement de structure m’a amené à devenir directeur ventes conseils. Je supervise aujourd’hui les équipes de conseillers et de planificateurs financiers des succursales de Place de la Cité et Cap-Rouge », ajoute-t-il.
Une blague par jour
Encore aujourd’hui, le jeune Lacroix de la Banque Laurentienne fait l’objet de blagues par rapport au Vincent Lacroix, ex-patron de Norbourg. Pour lui, il n’y a toujours eu qu’une seule façon de gérer cette situation, c’est-à-dire avec humour : « Ça va faire six ans que je suis dans le domaine. Si je ne l’avais pas pris en riant, chaque matin aurait été excessivement difficile ! »
Au moment fort de l’affaire Norbourg, il recevait au moins une plaisanterie par jour. Aujourd’hui, la fréquence a diminué, mais cela arrive assurément chaque semaine. Le nombre de remarques augmente aussi lorsque l’histoire refait surface dans les médias, comme en février dernier lorsque Vincent Lacroix, le criminel, a obtenu sa liberté conditionnelle complète. Il était sorti de prison au sixième de sa peine en janvier 2011 et se trouvait jusque-là dans une maison de transition.
« Ça m’a en tous cas amené à me tenir très au courant de ce qui se passait avec Vincent Lacroix », affirme son homonyme de la Banque Laurentienne.
Rappelons qu’en 2008, Vincent Lacroix, ex-PDG de Norbourg, a été reconnu coupable de 51 chefs d’accusation selon la Loi sur les valeurs mobilières du Québec et 200 chefs en vertu du Code criminel canadien. Il a été entre autres été accusé d’avoir détourné des fonds en effectuant des retraits irréguliers auprès du gardien de valeurs Northern Trust pour une valeur d’environ 115 M$. Le scandale a touché 9200 victimes.
De son côté, Vincent Lacroix de la Banque Laurentienne a même côtoyé des clients floués par son homonyme. « Certains d’entre eux sont clients chez nous et quand ils ont vu le nom écrit sur ma porte, ça les a poussés à venir se confier à moi. »
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Droiture et approche client
Il est d’ailleurs loin de se voir comme le miroir du fraudeur qui a été baptisé comme lui. « Je suis honnête et incapable de ne pas être droit. De plus, je suis très centré sur le client. Il est toujours au cœur de ma stratégie. Comme directeur ventes conseil, normalement, nous ne sommes plus censés avoir de clients. J’en ai encore une trentaine. J’ai toujours voulu garder le contact direct avec les clients pour m’aider dans mon travail », mentionne-t-il.
L’impact négatif de son nom ne s’est que rarement fait ressentir, selon lui. « Cela m’est arrivé que quelques fois lors d’approches téléphoniques. La première fois, il pouvait y avoir un petit silence au bout de la ligne, mais je me mettais ensuite à faire des blagues, Je détendais l’atmosphère de cette façon-là. »
Tout comme ses collègues aux noms à la résonnance un peu moins familière, le directeur et conseiller vit de temps à autre les répercussions des malversations de ceux qu’on appelle les « criminels en cravate ».
« Les scandales financiers, on nous en parle toujours puisqu’ils sont très véhiculés par les médias. Il y a toujours des gens qui croient que les gens du secteur financier ne pensent qu’à faire de l’argent sur leur dos, mais je remarque que ces préjugés sont de moins en moins répandus », mentionne-t-il.
En entrevue avec Finance et Investissement, Vincent Lacroix s’est montré enjoué et rieur. Les blagues sur son nom ne sont certainement pas près de s’arrêter, mais si dernière il y a, c’est sûrement lui qui la fera.