Mentor auprès des entrepreneurs de sa région, maître de stage pour les apprentis conseillers et philanthrope à ses heures – «Je ne suis pas Paul Desmarais, à chacun son budget !» dira-t-il à la blague – cet homme met son énergie inépuisable au service de sa collectivité depuis 40 ans.
Voilà pourquoi Gilles Garon reçoit le prix du Conseiller le plus engagé dans sa communauté en 2016, décerné par Finance et Investissement.
À la fois dans son rôle de maire et de conseiller, il a su tisser des liens entre les gens, établir des relations de confiance et ainsi renforcer l’économie et le dynamisme de sa région.
Né à Notre-Dame-du-Lac, Gilles Garon a été élevé au sein de l’assurance. Il a commencé sa carrière en 1976 au cabinet fondé par son père. À la suite du décès subit de ce dernier, en 1980, il a repris le flambeau de l’entreprise avec les associés de l’époque. Il n’avait que 24 ans.
Son père a été son premier mentor. À sept ans, il enfilait sa chemise et sa cravate pour aller remplir des contrats d’assurance avec lui sur la machine à écrire du bureau. À 20 ans, il décide de travailler au bureau de son père l’été pendant ses études en administration à l’Université Laval.
«Il voulait que je commence en assurance vie, pour rencontrer des clients. Il m’a dit : « Même si on perd quelques piasses avec toi, on paiera juste moins d’impôt ! »» raconte Gilles Garon, qui n’a jamais quitté le cabinet depuis.
Ramer dans le même sens
Dans le métier de conseiller, Gilles Garon évolue comme un poisson dans l’eau. «C’est un métier de relations et je suis un gars de relations, c’est dans ma nature, dit-il. Mon père disait toujours qu’en assurance, sur 100 qui commencent, il en reste dix au bout d’un an et un au bout de dix ans. Celui qui reste est celui qui a réussi à tisser des liens de confiance et qui est au service de son client.»
Il a appliqué cet enseignement à la lettre. Au cours de ses premières années en tant que conseiller en sécurité financière, Gilles Garon s’est fait connaître pour les retraites de pêche qu’il organisait pour ses clients entrepreneurs à la Seigneurie du Triton, une pourvoirie au nord de La Tuque, en Mauricie. Le but ? Les mettre en relation.
«Je ne leur parlais pas d’assurance ou de planification. Mon objectif était que les gens sortent de là gagnants», dit-il. N’empêche qu’il avait compris que quand les affaires de ses clients allaient bien, les siennes ne pouvaient qu’en bénéficier.
«Je leur demandais d’amener une personne à recommander, un prospect de relation d’affaires. Il y a même des gens qui réglaient des différends là-bas. Ils n’avaient pas le choix de se parler, car je faisais exprès de les asseoir dans la même chaloupe !»
Aujourd’hui, son cabinet, Services financiers Garon & associés, gère un actif de plus de 45 M $. Des clients de la première heure le suivent encore, et pour lui, il n’est pas question de les délaisser, même s’il assume un autre rôle : celui de maire de Témiscouata-sur-le-Lac, une municipalité issue de la fusion entre Cabano et Notre-Dame-du-Lac en 2010.
Cette fusion, il en a aussi été l’un des maîtres d’oeuvre. Encore cette «manie «de «mettre les gens ensemble»…
Le saut en politique
En 2002, avec son ami, le défunt Claude Béchard, alors député libéral de Kamouraska-Témiscouata, Gilles Garon a fondé le Conseil des dirigeants d’entreprises du Témiscouata, qu’il a présidé jusqu’en 2007.
«Un jour, on discutait de fusion et de l’importance de rallier nos forces plutôt que de se concurrencer dans la région, et un des membres m’a dit : «Plutôt que de faire le gérant d’estrade, embarque donc sur la glace, va dans les coins et vend ta salade»», se souvient Gilles Garon.
Il l’a pris au mot et en 2005, il est élu maire. Et en 2009, le oui l’emporte lors d’un référendum sur la fusion entre Cabano et Notre-Dame-du-Lac et la création de Témiscouata-sur-le-Lac.
Il règne depuis sur cette nouvelle municipalité et continue de s’engager dans divers organismes. Il a été administrateur et membre du Comité Investissement du Centre local de développement de la MRC de Témiscouata. Il a également été l’instigateur de la société FIER Témiscouatain, fondée en 2007, dont il est toujours président. Sa mission : favoriser l’émergence, le développement et la croissance d’entreprises par l’injection de capital de risque.
«Mon but est de faire profiter les autres de mes connaissances et de mon expérience afin que tous deviennent des gagnants.»
S’il avait un conseil à donner aux conseillers, nouveaux ou futurs, il leur dirait d’apprendre à écouter. «Nous ne sommes pas là pour imposer ou vendre des produits, mais pour écouter le client. La relation de confiance s’établit à partir du moment où il exprime ses préoccupations. Après, c’est le client qui apprendra à te découvrir et te demandera ce que tu peux faire pour lui», dit Gilles Garon.
Bien qu’il reconnaisse que son engagement dans la communauté l’ait bien servi, il met en garde les conseillers qui ne le feraient que pour faire mousser leurs affaires.
«J’ai connu un conseiller qui venait dans un club social juste pour aller chercher des clients. Ça n’a pas marché parce que ça paraissait trop qu’il n’était pas là pour servir. Il ne faut jamais voir un contact comme un futur client. Donne de bon coeur et les gens vont apprendre à te connaître, te respecter et t’apprécier.»
À 60 ans tout juste, Gilles Garon ne sait pas ce que l’avenir lui réserve, mais chose certaine, la retraite n’est pas dans son plan. La politique provinciale ou fédérale ? Bien peu pour lui. Il confie qu’on lui a offert de se présenter après le décès de Claude Béchard, mais qu’il a décliné.
«Ce palier ne m’intéresse pas. Je suis un développeur et je ne sais pas si j’aurais la patience de toujours me battre contre une opposition officielle dont le rôle est de ne jamais être d’accord avec ce que le parti au pouvoir fait. C’est un combat perpétuel et cette dynamique ne m’intéresse pas», dit Gilles Garon.
Même dans les mots qu’il utilise, on sent que le planificateur financier n’est jamais bien loin du maire. «Dans la vie municipale, on récolte les trésors du passé et on prépare l’héritage de la relève. Il faut rallier les gens pour travailler dans ce sens-là», dit celui qui a remporté de nombreux Méritas d’excellence au sein du réseau SFL Partenaire de Desjardins Sécurité financière.
Bâtir pour la relève
Son engagement va aussi plus loin que la politique. Gilles Garon essaie d’amener les dirigeants d’entreprise à redonner à leur collectivité, par des soirées-bénéfices, notamment au profit des cuisines collectives.
«Le rôle d’une municipalité n’est plus juste de fournir le ramassage des vidanges et des eaux usées. Les gens s’attendent à ce qu’on s’occupe autant des loisirs que du développement économique, alors, comme maire, il faut savoir bien s’entourer», ajoute Gilles Garon, qui est appuyé par une équipe de quatre conseillers municipaux.
Leur nouveau cheval de bataille : attirer les jeunes familles dans sa région. La municipalité a lancé en décembre 2016 un vaste programme d’incitatifs financiers pouvant atteindre 8 000 $ pour les nouveaux propriétaires ayant de jeunes enfants.
Le maire Gilles Garon ne manque pas de qualificatifs pour décrire son coin de pays où la qualité de vie, dit-il, est extraordinaire et où tous peuvent s’épanouir.
«Ça nous inquiète tous de voir les jeunes quitter les régions, car ce sont les berceaux des milieux urbains. Notre préoccupation est de rendre le milieu le plus attrayant possible et de le faire découvrir au plus de monde possible», dit le détenteur du titre honorifique de Membre à vie de l’Institut québécois de planification financière.
Son propre fils, l’aîné, Charles-Antoine, suit les traces de son père bien qu’il habite à Québec. En plus d’être conseiller en sécurité financière pour le cabinet de son père, il s’occupe du développement des affaires de R.E.G.A.R. Gestion Privée.
Gilles Garon a donc de fortes chances de pouvoir passer le flambeau à la troisième génération, ce qui est plutôt rare dans le monde de l’entrepreneuriat en général. Si le grand-père était toujours vivant, il serait sans doute fier de son fils et de son petit fils, qui sont devenus pas mal plus qu’une déduction d’impôt !