Hollywood s’est tourné vers l’espace : des extraterrestres allaient siphonner toutes les ressources de la Terre, voire éliminer l’espèce humaine.

Puis il y a eu le 11 septembre. Dès lors, la menace d’extraterrestres, dont l’existence même est extrêmement improbable, paraissait anodine. La hantise du terrorisme, elle, est bien plus réelle et Hollywood en a fait un thème récurrent. À tel point que parfois, même les services secrets censés nous protéger devenaient un ennemi.

En 2008 arrive la crise financière. Hollywood a flairé la bonne affaire en donnant plus de place à un type de personnage qui a presque toujours joué les mauvais rôles au cinéma : le financier, surtout celui qui a pignon sur rue à Wall Street.

Usman Hayat, blogueur du CFA Institute, a passé quelques mois à regarder de nombreux films, documentaires et émissions de télévision traitant de la finance. Il a dressé une liste des meilleurs films, en fonction des critères divertissement et éducation. Le résultat est publié dans un texte de son blogue «Top 20 Films About Finance: From Crisis to Con Men».

Quel rôle y ont joué les professionnels de la finance ? Dans le quart des 20 films (Trading Places, Floored, etc.), ils avaient les traits caractéristiques d’un parieur. Dans neuf films, c’était soit un opérateur sans scrupules, soit un arnaqueur, soit une personne qui voyait l’avidité d’un bon oeil (Boiler Room, Wall Street: Money Never Sleeps, etc.). À cela s’ajoutent cinq films qui ont pour thème central la récente crise financière (Capitalism: A Love Story, Too Big to Fail, etc.).

Si on fait le décompte, un seul film ne se classe pas dans ces catégories peu enviables. Ce film, qui dépeint le professionnel de la finance comme un héros, a été tourné en noir et blanc… Il s’agit de It’s a Wonderful Life, sorti en 1946. Le héros du film, George Bailey, est un homme honnête et aimable qui aide sa collectivité grâce à sa banque… et lutte contre un homme d’affaires sans scrupules ! Espérons que le petit-fils de George Bailey restera honnête, car il sera la vedette de la suite. It’s a Wonderful Life: The Rest of the Story, devrait sortir en salle à Noël 2015.

Dur pour la confiance

Donc, en plus de lire ou d’entendre dans les médias les déboires des quelques rares escrocs de l’industrie financière, les financiers tiennent plus souvent qu’à leur tour le rôle de bad guy au cinéma.

Cela nuit-il à la façon dont le grand public perçoit notre industrie ? Impossible de le démontrer scientifiquement, mais quand on connaît l’influence du cinéma et de la télévision sur notre société, il est facile de supposer que ces rôles de méchant influencent la perception du public.

Or, ce niveau de confiance reste bas. Évidemment, le cinéma n’est pas responsable de tout, mais seulement 52 % des répondants du «CFA Institute & Edelman Investor Trust Study» font confiance à l’industrie des services financiers. Cette étude a été réalisée auprès de 2 104 investisseurs particuliers et institutionnels aux États-Unis, au Royaume-Uni, à Hong Kong, en Australie et au Canada.

À peine un sur deux ! C’est peu pour une industrie très règlementée au sein de laquelle les cas de fraude restent rares compte tenu du nombre de gens qui exercent ce métier, qui consiste à aider des familles à planifier leur retraite et à gérer tous les aspects de leur vie financière.

Le devoir de rembourser

Huit des 20 films mentionnés précédemment ont été réalisés depuis 2008. L’auteur a fait sa compilation l’automne dernier, elle n’inclut donc pas The Wolf of Wall Street, qui pousse un cran plus loin le dégoût qu’on ressent pour les êtres avides et sans scrupules comme Jordan Belfort, le «courtier» qui a inspiré l’histoire.

Ce dernier a passé 22 mois en prison pour avoir fraudé les investisseurs à hauteur de 104 M$.

Une de ses conditions de libération exige qu’il rembourse les investisseurs qu’il a floués avec la moitié de ses revenus. De plus, le million de dollars qu’il a reçus en droits pour le film sera versé à ses victimes.

Plus près de chez nous, Vincent Lacroix a obtenu sa libération conditionnelle totale en février. Bien sûr, il doit respecter certaines conditions, comme ne plus travailler dans le secteur des services financiers – où il est persona non grata de toute façon.

J’aurais tellement aimé que tout comme Jordan Belfort, on le force à verser un pourcentage de ses futurs revenus aux investisseurs ainsi qu’au Fonds d’indemnisation des services financiers. Cela aurait mis un petit baume sur une plaie qui n’est pas encore cicatrisée.

Rédacteur en chef