Lancé officiellement le 10 février par Finance Montréal, le CEFQ sera d’abord financé par des membres de la grappe financière du Québec (principalement des entreprises privées), par le gouvernement du Québec et par la Communauté métropolitaine de Montréal.

Le CEFQ devrait toutefois s’autofinancer lorsqu’il aura atteint sa vitesse de croisière, et ce, grâce aux cours qui y seront offerts.

Vraiment utile ?

Cependant, sa création suscite déjà des critiques dans l’industrie financière. «Honnêtement, ce n’est pas un sujet d’intérêt pour moi, indique un banquier qui requiert l’anonymat. J’ai l’impression qu’il y a des groupes qui cherchent à justifier leur existence.»

Selon lui, les organismes gouvernementaux et paragouvernementaux ont toujours tendance à dire qu’ils s’autofinanceront un jour. «Ce qui n’arrive jamais. Mais en attendant, ils ont tous un PDG, une secrétaire, un compte de dépenses, un loyer, etc. Et on paye !»

À la firme de gestion de portefeuille Hexavest, le premier vice-président Robert Brunelle juge que la création du CEFQ est une «bonne idée» qui pourrait avoir un effet positif sur l’industrie.

Il admet du même souffle qu’il ne voit pas comment Hexavest en profitera concrètement. «Nous sommes essentiellement à la recherche de détenteurs du titre de CFA, et nous les trouvons assez facilement sur le marché», souligne-t-il.

Faire le pont

Malgré tout, Éric Lemieux persiste et signe : le nouveau CEFQ a sa raison d’être et répond à un besoin puisque les poids lourds de l’industrie financière ont souhaité sa création.

Pour sa part, le directeur du CEFQ, Benoit Desgroseillers, souligne que le nouvel organisme sera davantage un forum qu’une structure.

«Nous sommes le Davos de la main-d’oeuvre en finance», précise-t-il, en faisant référence au fameux forum économique mondial qui se tient chaque année à Davos, en Suisse.

Le CEFQ fera le pont entre les quelque 160 000 personnes qui oeuvrent dans l’industrie financière et les 8 000 à 10 000 étudiants qui souhaitent y travailler un jour, dit-il.

En matière de stages, la plateforme commune – ou le guichet unique – que mettra en place le CEFQ constituera une nette amélioration par rapport au système en place, fait-on valoir. En effet, l’information sera centralisée et accessible à tous en même temps.

Actuellement, un étudiant trouve souvent un stage grâce à un professeur de finance qui connaît bien une personne dans une institution financière. Autrement dit, c’est un système qui fonctionne essentiellement grâce aux relations.

«Or, plusieurs centaines de stages sont offerts à Montréal par exemple. Toutefois, on ne peut pas les trouver dans les universités, car celles-ci en ignorent l’existence», déplore Benoît Desgroseillers, qui a déjà dirigé un service de placement universitaire.

Le CEFQ apportera aussi une plus grande ouverture sur le monde. Ainsi, les professionnels de l’industrie et les étudiants auront davantage d’occasions de suivre une formation de pointe, de faire un stage ou de participer à une conférence à l’étranger portant sur des thèmes précis, comme la retraite.

Pour ce faire, le CEFQ compte exploiter au maximum l’entente de collaboration signée en 2013 entre Finance Montréal et la Shanghai Financial Association (SFA).

Cet organisme sans but lucratif – le pendant de Finance Montréal dans la métropole chinoise – cherche à promouvoir des alliances dans divers secteurs d’activité et diverses industries. Le SFA a été créé par des associations de commerce, des marchés financiers, d’importantes institutions financières, de même que des organisations de services d’intermédiation de Shanghaï.

Accroître les compétences

Au Québec, le CEFQ veut aussi contribuer à relever les compétences transversales de l’ensemble des acteurs de l’industrie financière grâce à la formation continue.

Le CEFQ n’offrira pas de la formation, mais fera plutôt le pont entre les étudiants et les universités qui donnent des cours dans des domaines pertinents.

Par exemple, beaucoup d’avocats et d’étudiants en droit ne connaissent pas nécessairement tous les rouages de l’industrie financière dans laquelle ils oeuvrent ou comptent oeuvrer un jour. C’est pourquoi une formation d’appoint en finance serait pertinente, remarque Éric Lemieux. «Cette formation ferait grandir notre écosystème», soutient-il.

La même logique s’applique pour les produits dérivés, ces outils de gestion du risque encore méconnus, même dans l’industrie financière.

Si les produits dérivés peuvent servir à spéculer, ils peuvent aussi servir à maximiser les rendements des gestionnaires de portefeuille en leur permettant par exemple de gérer le risque lié à certains produits.