Plusieurs ressentent ce changement comme le commencement du déclin, une appréhension qui naît la plupart du temps au moment où la personne commence à planifier sa retraite.
Les conseillers doivent alors aider leurs clients à réfléchir à cette nouvelle étape. Il est possible en effet de leur donner des outils qui leur permettront d’envisager plus sereinement cette transition. Voici ce qu’il faut savoir.
Faire le point
La retraite, c’est-à-dire la période où on devient rentier, est loin d’être un concept uniforme. «Il y a autant de types de retraites qu’il y a d’individus, dit la consultante Marie-Paule Dessaint, conférencière et auteure d’ouvrages sur la retraite. Une même personne aura plusieurs retraites au fur et à mesure qu’elle vieillit.»
Chacun est donc libre d’imaginer la retraite qui lui convient et de la modifier au fil du temps pour l’adapter à sa réalité. Toutefois, cela peut sembler flou quand on n’a aucun repère. D’où l’importance de pousser les clients à se livrer à une introspection rigoureuse pour cerner leurs goûts, leurs aptitudes, leurs valeurs, leurs capacités, etc.
«Autrement dit, la retraite se prépare en amont. Si une personne a pris soin d’avoir une vie active équilibrée, la retraite ne sera qu’une suite logique. En revanche, si elle a négligé les loisirs, les passions, la vie familiale ou le couple, la transition sera plus difficile. Car les choses qui clochent durant la vie active seront toujours là à la retraite», dit Marie-Paule Dessaint.
Par conséquent, une bonne façon d’envisager la retraite est de faire le point sur sa vie active, c’est-à-dire de consigner par écrit ce qu’on aime ou non, ses forces, ses talents, ses valeurs, etc.
Cela aidera un préretraité à faire la transition. À partir de ses acquis, il pourra se recréer un monde cohérent pour ses vieux jours, selon les spécialistes interrogés. «La retraite invite à développer un autre mode de vie. Le retraité n’est plus axé sur les échéances et la réussite. Il a l’occasion de se réapproprier son existence, de prendre le temps de vivre. C’est ce qu’on peut appeler la liberté», précise Marie-Paule Dessaint.
Visualiser la retraite
Un bon moyen de savoir ce que sera la vie à la retraite est de la visualiser. Le préretraité devra en outre choisir des activités liées à sa personnalité et à son vécu qui lui permettront d’avoir un bel équilibre de vie. Ces activités comprendront des gestes de vie quotidienne, tels que l’alimentation, les soins, l’entretien du logement, les loisirs et la vie sociale, et des occupations qui lui permettront de se rendre utile sur le plan social (famille, bénévolat, travail, transfert des compétences, etc.).
«Le problème, c’est qu’auparavant, une bonne partie de ces éléments se mettaient en place grâce à l’école et au travail. Une fois à la retraite, chaque individu doit penser lui-même à les intégrer à sa vie», explique Catherine Geoffroy, présidente de l’Association québécoise de gérontologie.
Pour plusieurs, le plus simple est de prolonger la vie active. En janvier 2011, une étude de Harris/Décima commandée par la Banque Scotia révélait que deux Québécois sur trois (64 %) prévoient travailler à la retraite. Pour 67 % d’entre eux, c’était une façon de rester actifs mentalement ; 51 % voulaient maintenir des liens sociaux.
«Travailler comble des besoins essentiels comme les relations humaines, le sentiment d’accomplissement et d’appartenance, l’estime de soi et la sécurité financière. Il est important de trouver de nouveaux moyens de répondre à ces besoins lorsqu’on est à la retraite. Sinon, on risque d’être vite désenchanté», explique Marie-Paule Dessaint.
Cette réflexion amènera les préretraités à établir la façon dont ils meubleront les prochaines années de leur existence. «Ils ont 2 500 heures à occuper par an, note Catherine Geoffroy. Que comptent-ils faire exactement ?»
Prévoir les changements
C’est le moment d’explorer de nouveaux horizons et d’approfondir ses intérêts.
«Il ne s’agit pas nécessairement d’entreprendre des projets immenses, dit Danielle Poupard. Il faut continuer à se développer en faisant place à ses goûts et à ses intérêts. Et cela ne coûte pas nécessairement une fortune.»
Dans ce processus, il est important que les conseillers rappellent aux clients certaines grandes vérités. Il faut en outre leur dire que des éléments de leur vie changeront. Par exemple, les conjoints seront ensemble plus souvent. «Et comme la retraite apporte des discussions et des réaménagements, il faudra que la communication dans le couple soit suffisamment active et vivante pour qu’ils parviennent à s’entendre quant à un mode de vie qui leur convient», précise Danielle Poupard.
En plus de ces changements, les événements de la vie peuvent aussi s’accélérer : maladie, décès, inflation. Il faudra que le préretraité y pense avant et pendant la retraite, souligne Catherine Geoffroy. «Qu’adviendra-t-il s’il devient inapte ? Comment se fera le transfert du patrimoine à son décès ?»
Enfin, il n’est pas rare que les préretraités planifient un changement majeur à leur retraite. Un client pourrait par exemple avoir envie de vendre sa maison pour acheter un véhicule récréatif afin de parcourir l’Amérique du Nord avec sa conjointe. Il est alors primordial de le questionner davantage pour voir s’il comprend bien les conséquences de cette décision. L’autocaravane est elle grande comme son salon ? Seront-ils heureux dans un espace aussi restreint ? Pourront-ils facilement se priver de confort ? Quand verront-ils leurs enfants ?
«Sans vouloir briser leurs rêves, il est bon de faire réfléchir les préretraités, surtout quand certaines décisions pourraient les appauvrir à la retraite», précise Catherine Geoffroy.