Investissements PSP pourrait rater sa cible de rendement réel à long terme de 4,1 %
Tanawat Pontchour _123RF Banque d'images

« Dans le contexte actuel, avec les risques qu’on nous demande de prendre, ce sera difficile d’atteindre notre objectif de rendement sur 10 ans. Il va falloir réduire les attentes du gouvernement et viser une période de 20 ans », a indiqué André Bourbonnais, président et chef de la direction de l’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public (Investissements PSP), lors d’une allocution prononcée le 15 février devant des membres de CFA Montréal.

Le gestionnaire des caisses de retraite d’employés fédéraux (la fonction publique, les Forces armées canadiennes, la Gendarmerie royale du Canada et la Force de réserve) a obtenu un rendement d’à peine 1 % pour son exercice terminé le 31 mars 2016, après cinq années consécutives de rendements positifs, souvent dans les deux chiffres.

Investissements PSP, qui avait 125,8 milliards de dollars en actif sous gestion au 31 septembre 2016, enregistrait ainsi sa plus faible performance depuis la crise financière. Le gestionnaire affiche un rendement annualisé net de 8,9 % sur 5 ans et de 5,9 % sur dix ans. L’objectif de rendement de 4,1 % est l’hypothèse de rendement à long terme utilisée par l’actuaire en chef du Canada. Plus de 50 % du portefeuille d’Investissements PSP est directement investi sur les marchés publics.

Investissements PSP, dont le principal bureau d’affaires est à Montréal, a modifié sa stratégie d’investissement au cours de 18 derniers mois. « On avait du rattrapage à faire, par rapport à d’autres caisses de retraite, dans certaines classes d’actifs, notamment dans les placements privés et en infrastructures », a indiqué André Bourbonnais qui est en poste depuis 2015.

La stratégie de son groupe de Placements en infrastructures, dont l’actif totalisait 8,7 G$ au 31 mars, est axée sur le développement de sa base existante de plateformes de placement direct. PSP cherche également à établir des partenariats avec d’autres investisseurs financiers et exploitants stratégiques en vue d’acquérir et de développer des actifs.

Cette stratégie lui a permis de faire « des investissements dans les secteurs de l’énergie et des aéroports », précise-t-il. L’an dernier, PSP a notamment investi dans Cubico Sustainable Investments, une plateforme de placement en énergie renouvelable, et dans AviAlliance, un investisseur et gestionnaire d’aéroports industriels privés.

PSP entend aussi mettre l’emphase sur les placements en titres de créances privés, sa toute nouvelle classe d’actifs lancée l’an dernier. « Nous avons saisi l’opportunité d’entrer dans ce marché », a souligné André Bourbonnais. L’ouverture en février 2016 d’un bureau de PSP à New York visait justement à s’implanter là où les placements en titres de créances privés sont concentrés.

Cette classe d’actifs est évaluée à plus de mille milliards de dollars américains et offrirait des occasions attrayantes pour des investisseurs comme PSP, estime André Bourbonnais. À la fin de l’exercice 2016, PSP avait des engagements totalisant plus de 3 milliards de dollars, y compris un engagement de financement afin de participer à la privatisation de l’entreprise ADT, spécialisée en sécurité résidentielle et d’entreprise.

André Bourbonnais a aussi rappelé le climat d’incertitude engendré par l’élection de Donald Trump et le vote du Brexit. « L’environnement a changé à vitesse grand V, il y a plus de volatilité », constate André Bourbonnais qui s’attend aussi à une hausse des taux d’intérêt aux États-Unis. « Mais on restera encore dans un environnement de bas taux historique », souligne-t-il.