Ainsi, Jean-François Rémillard est davantage axé sur le respect d’un plan d’investissement à long terme que sur la quête de placements. « Je ne suis pas un trader. Je cherche les grandes tendances de fond, pas les lapins à la mode », dit cet adepte du buy and hold.

L’arrivée au pouvoir de Donald Trump à la Maison-Blanche l’incite d’ailleurs à faire quelques ajustements en fonction des tendances du marché actuel.

« Même si la Bourse est en feu en ce moment, j’ai des réserves et je veux réduire le risque dans mes portefeuilles. Je veux voir où les choses vont aller avec Trump. Le contexte actuel me rend un peu plus prudent. »

En outre, l’appétit actuel des marchés pour l’or l’amène à s’interroger. « Je me demande si je ne prendrais pas une position dans l’or, dit-il. Est-ce que la Chine va abandonner les bons du Trésor et se réfugier dans l’or ? »

Jean-François Rémillard n’a recours qu’à cinq manufacturiers de fonds, et ne retient que sept fonds chez chacun d’entre eux. « Je demande à chacun son meilleur fonds équilibré et son meilleur fonds de titres canadiens ou de titres internationaux. »

Dans un effort de rationalisation, il envisage maintenant de composer des portefeuilles standards et statiques sur cinq à sept profils où chaque client trouverait sa place : prudent, modéré, croissance, revenu modéré, etc. « Parce que les investisseurs se ressemblent », dit-il.

« C’est ma réflexion pour 2017, poursuit-il. Est-ce logique ? Est-ce bénéfique pour les clients et pour moi-même ? En agissant ainsi, je serais moins occupé par les exigences de conformité et par la documentation à transmettre aux clients, et je pourrais passer plus de temps avec eux », explique-t-il.

« Je dois faire des gains de productivité tout en ne négligeant pas mes clients. »

Voici trois fonds qu’il propose à ceux qui recherchent une quête prudente de rendement.

1. IA Clarington Canadien équilibré (série A)

Manufacturier : Placements IA Clarington

Création : septembre 1996

Actif sous gestion (ASG) : 1,1 G$ (25 janvier 2017)

Ratio des frais de gestion (RFG) : 2,4 %

Rendement annualisé depuis la création : 5,5 % (au 30 décembre 2016)

Jean-François Rémillard est un adepte inconditionnel de QV Investors, de Calgary, qui agit comme sous-conseiller de ce fonds. « Si je devais hériter de 10 M$, j’investirais la totalité chez QV ! lance-t-il. Leurs rendements sont rarement astronomiques, mais rarement catastrophiques. »

La principale caractéristique de QV est « qu’il déteste perdre de l’argent ». Cela entraîne une attitude parfois trop prudente, peut-être, mais Jean-François Rémillard n’a pas de problème à la compenser en recourant à des fonds plus entreprenants.

QV privilégie des sociétés très stables, peu endettées, qui versent des dividendes, capables de s’autofinancer, et qui ont montré leur capacité à traverser les crises. Bref, la qualité avant tout.

2. Catégorie de Société Petite Capitalisation Canam CI

(catégorie A)

Manufacturier :

Placements CI

Création : décembre 1997 ASG : 237,3 M$ (25 janvier 2017)

RFG : 2,43 %

Rendement annualisé depuis 10 ans : 7,4 %

QV Investors est également le sous-conseiller de ce fonds. La firme albertaine utilise les mêmes critères de sélection de titres que pour le fonds de Clarington, mais les applique à des sociétés de petite capitalisation.

Aucun secteur ne peut compter pour plus de 20 % de l’actif de ce fonds, une caractéristique qu’apprécie Jean-François Rémillard. « Même si QV est établie à Calgary, elle n’a pas un biais en faveur du secteur de l’énergie. »

C’est pourquoi le fonds de CI se compare à l’indice composé S&P/TSX, et non à l’indice BMO petite capitalisation, « trop concentré dans les ressources et les financières », selon le représentant de courtier en épargne collective.

3. Globevest Capital Fonds d’options de vente couvertes

(série A)

Manufacturier :

Globevest Capital

Création : janvier 2014

ASG : 116 M$ (décembre 2016)

RFG : 1,92 %

Rendement annualisé depuis la création : 4,9 %

Chez un conseiller qui se dit prudent, le choix de ce fonds étonne. Il s’agit en réalité d’un fonds de couverture, réservé auparavant au marché dispensé, mais qui est maintenant disponible en fonds communs, précise Jean-François Rémillard.

« Ce sont des choses que je ne peux pas dire en ces termes aux clients, mais une fois qu’ils comprennent la mécanique des options couvertes, ils se rendent compte que c’est une approche conservatrice destinée à les protéger de la majeure partie des baisses de marché », dit-il.

Cette mécanique est la suivante : le gestionnaire vend pour 4,50 $ une option de vente à 45 $ pour un titre qui se négocie à 50 $. Le revenu de 4,50 $ est immédiat, à quoi s’ajoute l’investissement de cette somme dans un fonds de marché monétaire.

Tant que le titre ne tombe pas sous 40 $ – une baisse sensible -, l’épargnant est protégé. En dessous de ce seuil, le détenteur de l’option de vente va exercer son option et obliger le gestionnaire à racheter le titre à 38 $, par exemple, pour le revendre au détenteur. Cette éventualité représente une perte potentielle importante, mais elle est amenuisée par la prime de 4,50 $ touchée au départ. Tant que le titre de référence se maintient au-dessus du seuil de 45 $, l’épargnant retient la pleine prime de l’option.

« En matière de risque, c’est à peu près l’équivalent d’un fonds équilibré à 50/50, mais ça procure à un portefeuille une diversification dans une catégorie d’actif différente », explique Miguel Mediavilla, vice-président de Globevest Capital.

Par contre, rappelle Jean-François Rémillard, l’épargnant renonce à toute possibilité d’un gain à la hausse sur le titre.