C’est ce qu’a fait savoir André Chapleau, porte-parole aux relations de presse en entrevue avec Finance et Investissement. Il rappelle que lors de consultations tenues sur le sujet en 2010 devant le Comité permanent des finances à Ottawa, la coopérative québécoise s’était même dite à l’aise avec la demande des coopératives, notamment de l’Ouest, de « permettre une reconnaissance et la création de » credit unions » ou de caisses populaires sous juridiction fédérale ».
André Chapleau explique que des coopératives qui prennent du poil de la bête peuvent représenter pour Desjardins des chances d’établir de nouveaux partenariats. Par exemple, il cite celui qu’elle entretient déjà avec Coast Capital Savings en Colombie-Britannique qui vend ses produits de cartes de crédit. Desjardins, qui est en mode croissance, garderait donc l’œil ouvert sur les opportunités d’affaires avec ses semblables canadiennes.
Jamais sans ma province
Comme mentionné dans notre article sur la mesure du budget 2014 qui touche les coopératives de crédit, Desjardins n’est pas concernée par celle-ci puisque cela impliquerait qu’elle laisse tomber son encadrement dans le giron de Québec, ce qui n’est pas dans les intentions du Mouvement, selon André Chapleau.
« Cette mesure permettrait aux coopératives de passer, par une clause spéciale, sous juridiction fédérale. Nous, ça ne nous convient pas puisque la disposition fédérale prévoit que les réserves d’une coop soient partageables entre les membres advenant une démutualisation », précise-t-il.
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Dans la situation hypothétique, c’est-à-dire dans un contexte où une coopérative devrait faire faillite au beau milieu d’une crise économique par exemple, les réserves de Desjardins seraient partagées également entre les membres. « Nous considérons cette option injuste pour tous ceux qui ont aidé à bâtir le Mouvement, ce qui représente 100 ans d’efforts. »
En 2010, Desjardins avait souligné au gouvernement fédéral que « le Mouvement était extrêmement à l’aise avec l’encadrement juridique auquel il est soumis, c’est-à-dire la loi du Québec qui le gouverne ».
Donc, ouvrir sur une succursale hors-Québec pour concurrencer les autres coopératives de crédits n’est toujours pas les plans de Desjardins, mentionne André Chapleau.
Est-ce que Desjardins pourrait considérer d’adhérer à un modèle de juridiction qui lui permettrait à la fois de fusionner avec des compagnies canadiennes tout en restant sous la législation québécoise, sorte de modèle hybride ?
« C’est une question beaucoup trop hypothétique pour que je puisse y répondre, répond André Chapleau. De plus, nous ne voudrions pas perdre notre droit de vendre des produits d’assurance. J’ajouterai aussi que le modèle d’affaires des » credit unions » est très différent du nôtre. En effet, elles ne forment pas, comme les caisses Desjardins, un réseau intégré. Plusieurs se concurrencent entre elles. »
Le Mouvement Desjardins aimerait plutôt qu’Ottawa « instaure une fédération qui dispose de réels pouvoirs d’encadrement, de mise en commun et de responsabilité à l’égard du réseau de coopératives qui afin de créer une meilleure collaboration entre » credit unions » et Desjardins à l’intérieur du Canada », selon un document soumis au ministère des Finances en 2010 et toujours actuel d’après André Chapleau.