Dix-sept transactions entre 2008 et 20013 dont six acquisitions, sept partenariats et quatre investissements : devant une salle composée d’une centaine de convives des domaines financiers et d’affaires canadiens, Christiane Bergevin a expliqué une partie du mode d’emploi que Desjardins a suivi afin de croître au Canada et à l’étranger.
L’évènement était organisé par le Cercle de la finance internationale de Montréal.
C’est pour mettre en place un plan de croissance que Christiane Bergevin a été recrutée par la coopérative en 2009. La poussée de Desjardins vers l’Ouest canadien s’est amorcée par l’acquisition de Western Financial Group en 2010, une transaction d’environ 440 M$.
« C’est comme lorsque vous faites un gâteau au chocolat pour la première fois. Vous commencez par une recette plus facile et quand vous maitrisez la technique, au fur et à mesure vous en essayez des plus complexes », illustre celle qui est aussi passée par la Standard Life et SNC-Lavalin Capital, avant de joindre Desjardins.
D’ailleurs, à son arrivée, elle dit avoir fait face à un défi de taille, c’est-à-dire celui d’intégrer une culture de croissance dans une ruche avec une structure déjà imposante et dans laquelle travaillent de nombreuses d’abeilles.
Elle rappelle que le projet d’expansion pancanadienne de Desjardins a été approuvé démocratiquement lors d’un congrès en 2009.
Son premier mandat aura été de créer une unité de développement d’affaires dont elle décrit la mission comme une « grande offensive permettant au Mouvement Desjardins d’augmenter significativement sa distribution de produits d’assurance et financiers au Canada ».
Transactions à venir à Calgary?
Transactions à venir à Calgary?
Cinq ans plus tard, selon les données fournies par Desjardins, le Mouvement a fait passer la part de ses revenus hors-Québec de 15-20% à 20-25%. Christiane Bergevin mentionne que la nouvelle cible de Desjardins est fixée à 30-35%. Sans révéler quelles acquisitions elle a dans sa mire, elle laisse savoir que de petits investissements pourraient être faits du côté de Calgary.
« Quand on compare, la croissance économique et l’inflation du Québec à celle de l’Alberta et de la Saskatchewan. Si un marché croît de près de 2% de point de pourcentage plus vite, on se doit d’y être afin d’augmenter notre masse de revenus », exprime-t-elle.
Christiane Bergevin énumère de façon plus générale trois raisons qui ont motivé Desjardins à grandir à l’extérieur du Québec, soit garder une masse critique pour ses manufacturiers pour avoir une meilleure base de coûs, contribuer à la pérennité du Mouvement et améliorer la compétitivité de l’offre de produits.
Ascension du palmarès de l’assurance
« Nous sommes la plus grande institution coopérative au Canada avec un actif de plus de 210 G$, nous avons tous ce qui faut pour grandir », souligne la dirigeante. Cette dernière n’a bien sûr pas passé sous le silence la récente acquisition des activités canadiennes de la mutuelle américaine State Farm, une transaction qui a notamment fait monter la coopérative du 8e au 2e rang du marché de l’assurance de dommages au Canada (2 G$ à 3,9 G$ de primes) et selon elle, « consolider son 4e rang en assurance-vie et augmenter son réseau de distribution » (ajout de 140 M$ de primes sur le 3,3 G$ actuel).
Rappelons qu’une fois la transaction conclue, Desjardins accueillera les 1 700 employés canadiens de State Farm et le réseau canadien de plus de 500 agents au service de plus de 1,2 M de clients actuels de l’entreprise en Ontario, en Alberta et au Nouveau-Brunswick.
Avant l’achat des activités de State Farm, Christiane Bergevin indique que Desjardins avait augmenté ses ventes en assurances générales de près d’un milliard $ de 2009 à 2012.
Les apports aux excédents de la gestion de patrimoine et de l’assurance de personnes sont passés de 185 M$ (15,4% du total) pour les neuf premiers mois de 2012 à 312 M$ (26,5% du total) pour la même période de 2013.
Entre Western Financial Group et State Farm, Christiane Bergevin note aussi l’achat d’actifs de Qtrade, un courtier à escompte de l’Ouest du pays et l’association avec Coast Capital, la plus grande coopérative au Canada.
La raison qui a poussé Desjardins à également étendre son partenariat coopératif jusqu’en France avec Crédit mutuel est, selon elle, une association avec une coopérative d’envergure, un investisseur dans leur fiiale d’assurance de dommages et un géant du domaine des paiements de la taille de la Banque Royale du Canada.