Malheureusement, ces dix ans ont souvent été marqués par un certain pessimisme, exacerbé par la crise financière et celle du papier commercial.

Pourtant, si je compare de façon qualitative la situation actuelle par rapport à celle qui prévalait alors, il me paraît évident notamment que les poids lourds québécois vont bien, que de nouvelles firmes ont vu le jour et se sont développées, que des firmes de gestion hors Québec ont ouvert des bureaux de gestion à Montréal, que certaines banques ont redéployé leur réseau de succursales, que Montréal est en voie de devenir un pôle technologique important du secteur des services financiers, que notre régulateur est plus chevronné que jamais et que les normes qui régissent les conseillers dans leur pratique sont beaucoup plus «professionnelles».

Bref, tout n’est pas parfait – des événements navrants (Norbourg, Earl Jones, etc.) ont marqué ces dix ans -, mais les efforts et le talent des gens d’ici amènent de l’eau au moulin, ce qui pallie les pertes que nous avons subies en cours de route. La lecture de notre cahier spécial détachable de 16 pages sur le Top 25 de l’industrie financière du Québec donne un bon aperçu de l’année 2013, qu’on peut qualifier de grand cru.

Le Québec en mode expansion

La caricature au bas de cette page illustre avec légèreté le déploiement des sociétés installées de la Belle Province en Amérique du Nord. Il s’agit là, à mon avis, d’une des caractéristiques importantes de la dernière décennie, et d’un thème qui revient souvent quand nous faisons le bilan de l’année dans notre Top 25.

Évidemment, Fiera Capital a réalisé quatre acquisitions hors Québec l’an dernier. La firme, dont la croissance est fulgurante depuis quelques années, vise à faire passer son actif sous gestion de 77 à 150 G$ en cinq ans. Le tiers de cette croissance proviendrait d’éventuelles acquisitions.

Industrielle Alliance a réalisé l’achat de Jovian Capital Corporation. Pourtant, avec un ratio de capital très élevé en poche, la société établie sur la Grande Allée, à Québec, recherche activement une acquisition. Yvon Charest a même déclaré à Bloomberg qu’il serait prêt à mettre 500 M$ sur la table pour acheter un gestionnaire d’actif. Je vous épargne les rumeurs : Finance et Investissement ne potine pas !

Louis Vachon compte parmi ses principaux projets celui de tirer profit des récentes acquisitions en gestion de patrimoine au Canada, un secteur qui prend de plus en plus de place à la Banque Nationale.

Évidemment, le nom «Desjardins» résonne beaucoup plus souvent à travers le pays, et on note une forte croissance sous l’ère Monique Leroux. L’acquisition des activités canadiennes de State Farm le mois dernier place le mouvement coopératif au deuxième rang en assurance de dommages au pays, tout en consolidant sa quatrième position en assurance de personnes.

Par ailleurs, SSQ Groupe financier mène de plus en plus d’affaires hors Québec, réalisant en 2013 son objectif de ventes annuelles en fonds distincts en six mois seulement.

D’autres firmes ont encore élargi leur champ d’activité sur le plan géographique. C’est le cas de Van Berkom et associés, qui s’est installé à Hong Kong en 2012. Signe de son dynamisme, la firme affiche cette année une croissance de son actif de 71 %, ce qui porte celui-ci à 3,4 G$.

Bien sûr, un déploiement bien géré apporte généralement des emplois supplémentaires au siège social, ainsi que du travail pour les services professionnels et légaux de notre région. Ces apports sont importants, car ils permettent d’endiguer, du moins en partie, la fuite des cerveaux vers d’autres places financières.

Surtout, ils accentuent le rôle de chef de file des sociétés dans leur marché, ou les positionnent comme telles.

À mon avis, ces développements créent un terreau fertile à la naissance de nouvelles firmes. Nous avons une masse critique de capitaux et de talents, donc des assises solides, il faut les faire croître !

Nous avons 15 ans !

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Christian Benoit-Lapointe

Rédacteur en chef