Bien que les gestionnaires doivent toujours maximiser le rendement ajusté au plus bas coût possible, leur compréhension de divers facteurs et sources de performance s’est améliorée, a-t-il soutenu lors du déjeuner économique et financier organisé par l’Association canadienne du commerce des valeurs mobilières (ACCVM).
Compréhension accrue des sources de performance
Jacques Lussier indique que la lecture scientifique et le bon sens permettent aujourd’hui aux gestionnaires de portefeuille systématique de mieux saisir les sources de performance.
Rappelons que l’approche des gestionnaire systématiques implique des règles prédéfinies d’analyse graphique et temporelle pour déceler des modèles d’achat et de vente de titre.
Les facteurs principaux sont la valeur, la taille, la tendance, la qualité, la gouvernance et les vues de marché et la qualité.
« Ces facteurs-là expliquent une forte proportion des performances des gestionnaires, souligne-t-il. Si on combine plusieurs facteurs, c’est préférable ».
Le président d’IPSOL – en se basant sur une étude de Bender, Hammond Mok de 2014 – soutient qu’en moyenne de 60 % à 80 % de l’alpha généré par des gestionnaires discrétionnaires s’explique par leur exposition à quatre de ces facteurs, soit le marché, la valeur, la taille et la tendance.
Coûts à la baisse
Les coûts de transactions et de gestion sont également à la baisse, provoquant un changement dans l’approche des gestionnaires de portefeuille.
Jacques Lussier explique que la diminution des frais de transaction en gestion active est liée à une nouvelle approche, où l’enjeu du taux de roulement du portefeuille est moins important.
Auparavant, le taux de roulement était une préoccupation pour les gestionnaires de portefeuille actif par rapport aux frais d’exploitation d’un fonds.
« Aujourd’hui, quelqu’un qui négocie de façon appropriée, qui ne paie pas pour la recherche peut rééquilibrer un portefeuille d’actions américaines, faire un taux de roulement de 100 % et le coût sera de moins de 3 points de base », explique le chef de l’exploitation d’IPSOL.
Du moins, cette réalité s’applique pour les actions américaines. Pour les actions internationales ou les marchés émergents, cette approche n’est toujours pas envisageable, le jeu n’en valant pas la chandelle.
Le gestionnaire peut maintenant envisager des stratégies de placement qu’il n’aurait pas considérées dans le passé.
Finalement, la concurrence des fonds négociés en Bourse exerce également une pression à la baisse sur les frais de gestion, provoquant un mini bouleversement dans le travail des gestionnaires.
Meilleur traitement de l’information
Les données sur les titres permettent aux gestionnaires de portefeuille, systématiques et discrétionnaires, de prendre des décisions plus justes.
Il n’est désormais plus nécessaire d’avoir d’immenses locaux pour entreposer de l’information, les ordinateurs facilitant le travail.
Pour un gestionnaire, ces évolutions permettent non seulement d’obtenir plus d’information, mais également de les analyser plus rapidement par des programmes informatisés.
Entre 1957 et 2017, les coûts associés à la mémoire vive, pour l’équivalent de 1 000 petits romans, sont passés de 400 000 M$ à 29 $.
« En 1957, ça représentait à peu près 25 % du [produit intérieur brut] mondial, ce qui veut dire que personne ne le faisait à l’époque », dit Jacques Lussier.
Pour les coûts de la mémoire d’entreposage d’un million de petits romans, ils sont passés de 9 200 M$ à 5 $ durant la même période.
Ainsi, même les gestionnaires de portefeuille considérablement petits ne sont pas affectés dans leur capacité d’entreposer et de traiter les données, selon le président d’ISPOL.
Ils peuvent maintenant se créer des programmes informatiques qui entreposeront et analyseront des milliers d’informations sur les titres.
Ainsi, le défi est plutôt de savoir comment traiter cette quantité importante d’informations et en ressortir les plus importantes.
« De plus en plus, pour faire de la bonne gestion, qu’elle soit fondamentale ou systématique, nous avons besoin d’une quantité énorme d’information, de traiter l’information et il faut qu’elle soit de qualité, indique-t-il. [Chez IPSOL] nous avons de l’information financières et comptables sur près de 100 000 titres depuis les années 50 ».