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Question : C’est le moment de parler de vos disciplines.
Jim Young (JY) :Nous investissons dans des sociétés capables de produire une croissance durable et recherchons l’innovation comme force motrice. Les nouveaux produits peuvent accroître la part de marché et s’accompagner de bonnes marges bénéficiaires. Ajoutez-y l’avantage de l’échelle et cela rapporte suffisamment d’argent aux sociétés pour qu’elles réinvestissent dans une croissance déclenchée par l’innovation.
Pour ce qui est des évaluations, nous étudions les caractéristiques qui déterminent les flux de trésorerie disponibles de l’entreprise concernée et examinons la croissance de ses ventes, bénéfices et flux monétaires. Ces deux éléments fournissent une estimation de la valeur d’une société. Nous possédons 40 sociétés. Nous conservons nos placements assez longtemps. Par exemple, je détiens Wells Fargo WFC depuis 1999. Nous la vendrons si notre thèse change ou si l’action devient surévaluée.
Glenn Fortin (GF) : Nous aussi, nous détenons Wells Fargo depuis 1999 ou 2000. Nos portefeuilles d’actions tendent à être concentrés. Actuellement, le portefeuille américain a 28 noms. Nous suivons une approche axée sur la valeur et mettons l’accent sur la durabilité des flux monétaires. Cette durabilité reflète l’avantage concurrentiel de la société dans son industrie particulière. Lorsque nous initions des positions, nous cherchons un rendement de 50 % sur trois ans. Si un placement donné atteint notre cours cible, nous en vendons automatiquement un tiers et révisons notre thèse de placement.
Janet Navon (JN): Le tableau d’ensemble est important dans notre évaluation de la toile de fond macroéconomique. Toutefois, en évaluant les sociétés, nous nous concentrons aussi principalement sur les flux de trésorerie. Notre discipline consiste à trouver les sociétés dont le rendement du capital est si important qu’elles peuvent poursuivre leur croissance tout en distribuant de l’argent aux actionnaires. Nous nous concentrons autant sur le risque de perte que sur le potentiel de gain quand nous utilisons nos mesures d’évaluation. L’objectif est la préservation du capital. La durée des placements est de trois ans. Notre stratégie relative aux sociétés américaines à grande capitalisation détient de 40 à 60 noms.
Q : Parlons donc des secteurs et des actions. Commençons par les technologies de l’information, qui se sont sous-classées par rapport au marché cette année. Au récent décompte, ce secteur représentait 17,8 % de l’Indice S&P 500, et représente donc le secteur le plus volumineux.
JN : Microsoft, Oracle et Apple font partie des 10 avoirs principaux dans notre portefeuille modèle d’actions à grande capitalisation. L’action d’Apple était un investissement fantastique jusqu’à récemment, alors que celle de Microsoft était décevante jusqu’à récemment. L’action de Microsoft a connu une bonne série cette année. Son évaluation était devenue si déprimée qu’elle a pu avoir ce bon passage tout en conservant une évaluation attrayante. Microsoft a fait un bon travail de restitution d’argent aux actionnaires, à la fois par des dividendes et des rachats d’actions. Microsoft est vraiment axée sur les entreprises, et elle génère d’excellents flux de trésorerie avec un flux de revenus récurrent, parce qu’elle a un modèle fondé sur les souscriptions. Elle a eu très peu de succès dans le domaine de l’électronique grand public. Microsoft s’efforce de convertir ses produits destinés au consommateur à un modèle basé sur les souscriptions.
GF : Miscrosoft est l’une de nos plus grosses positions. Nous aimons ses flux de trésorerie et le fait qu’elle accroisse ses dividendes et commence à racheter des actions. Une bonne affectation du capital est importante pour nous.
JY : Je possède Google, Apple et KLA-Tencor.
Q : Google se négocie à un ratio cours/bénéfices bien plus élevé qu’Apple.
JY : Google a un ratio plus élevé parce que c’est principalement une société de logiciels. Elle domine le segment des moteurs de recherche et a encore une part de 80 % de ce marché. Cette entreprise connaît une croissance des revenus de 25 % à 30 % par an et produit un énorme montant de flux monétaires. C’est une franchise fantastique qui opère dans un secteur fantastique et occupe une position inattaquable. J’avancerais même que son ratio est assez bas pour la croissance qu’elle produit et ses caractéristiques financières. Apple est perçue comme une société d’équipement informatique davantage influencée par le cycle des produits. Son ratio a un peu plus de mal. Toutefois, c’est au moins à 50 % une société de logiciels, qui a créé pour ses produits une bonne fidélisation de sa clientèle. L’écosystème tout entier fonctionne à l’unisson. Je ne pense pas que l’innovation ait ralenti du tout. Le iPhone 5s et le iPad Air sont des développements phénoménaux.
GF : Nous avons une grosse position dans Oracle, que nous avons initiée au début de l’année. Nous aimons l’aspect de forte bastille économique de sa plateforme de logiciels d’entreprise. Historiquement, la société s’est développée à partir de ses acquisitions. À notre avis, elle se trouve actuellement dans une situation de croissance possible avec la plateforme qu’elle a. Elle est extraordinairement rentable. C’est une entreprise qui crée une fidélisation, et ses clients tendent à rester avec elle.
JN : C’est exactement ce que nous cherchons. Ces dernières années, Oracle a commencé à distribuer une plus grande quantité d’argent à ses actionnaires. Nous détenons cette action depuis quelque temps.
JY : La technologie est un secteur clé. Les États-Unis sont la force motrice de l’innovation, pas seulement dans la technologie de l’électronique, mais aussi dans la technologie des sciences de la vie.
Q : Cela nous conduit aux soins de la santé. Ce secteur a connu un rendement robuste cette année, notamment avec un essor extraordinaire des actions de la biotechnologie. Les soins de la santé ont une pondération de 13,1 % dans l’Indice S&P 500. Ce qui a aussi une importance pour certaines sociétés de ce secteur, c’est le déploiement de la réforme des services de santé par le président Obama.
JN : Nous faisons de plus en plus attention dans ce secteur, parce que les remboursements du gouvernement américain deviennent de plus en plus problématiques. Il nous reste une ou deux sociétés de soins gérés. Nous craignons que la diminution des remboursements ne soit pas compensée par une participation plus importante aux services de santé.
GF : C’est pour cette raison que nous nous concentrons sur les sociétés qui investissent dans la technologie et les nouveaux produits comme les sociétés pharmaceutiques et les fabricants d’appareils médicaux. Covidien PLC est notre plus gros avoir dans ce secteur. Nous détenons cette action depuis six ans. Cette société évolue dans le domaine des fournitures et appareils médicaux. Covidien est déterminée à restituer au moins 50 % de ses flux de trésorerie disponibles aux actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d’actions. Ces dernières années, elle a restitué près de 80 % de ses flux de trésorerie disponibles aux actionnaires. Cette action représente encore une excellente occasion.
Q : Glenn, Jim et vous-même possédez Johnson & Johnson JNJ , n’est-ce pas?
GF : Cette société a un palmarès incroyablement long de productivité et de distribution de liquidités aux actionnaires. Elle a trois secteurs d’activité : les produits de santé pour le consommateur, les appareils médicaux et les produits pharmaceutiques. Sa particularité la plus attrayante est sa division pharmaceutique, qui connaît la croissance la plus rapide et génère les marges les plus élevées.
JY : Nous avons acheté JNJ il y a environ 18 mois, parce que c’était la première société parmi ses pairs à franchir l’obstacle de l’expiration des brevets et qu’elle détient un catalogue de médicaments tout neuf et prolifique. La compagnie a résolu beaucoup des problèmes qu’elle avait dans ses deux autres divisions. L’action a connu un bon passage cette année, mais la société accroît ses dividendes chaque année, et l’action a un rendement en dividendes de 3 %.
Mon plus gros investissement dans les soins de la santé est Celgene, société biotechnologique spécialisée dans le cancer. Par exemple, elle a un produit qui soigne le myélome multiple, cancer qui commence dans les plasmocytes. Le produit de Celgene est le plus gros dans ce domaine. La compagnie a introduit trois nouveaux produits cette année : deux contre le cancer et un contre l’arthrite. Ses revenus vont augmenter de 25 % par an pour les cinq prochaines années. C’est ça, le pouvoir des nouveaux produits. Son évaluation arrive vers le maximum, mais elle est encore inférieure à son taux de croissance. Elle a des marges brutes de 85 %, qui sont en train d’augmenter. C’est une machine à fabriquer de l’argent. Elle possède aussi des morceaux de beaucoup de petites sociétés biotechnologiques, notamment trois ou quatre qui sont entrées à la Bourse cette année. Ces sociétés ont des technologies très prometteuses. Les sciences de la santé progressent très fort.