Lors d’une conférence de presse tenue mercredi après-midi, le RICIFQ a soutenu que le RVER n’était pas le remède adéquat aux maux financiers des Québécois.
« Depuis des années il est question de placer l’intérêt des contribuables en priorité et de faire preuve de transparence. Or, le RVER fera tout le contraire. Est-ce que le contribuable pourra se bâtir un patrimoine important sans l’aide du conseiller ? », a d’entrée jeu lancé le président du RICIFQ, Flavio Vani.
Le RICIFQ déplore que le gouvernement implante un régime collectif obligatoire qui ne requiert pas de conseils financiers. « Il s’agit d’un manque de transparence sur l’information concernant le risque, ajoute Flavio Vani. L’absence du permis de rentes collectives, c’est un affront aux représentants qui se sont conformés à la loi durant toutes les années passées. »
Perte de clientèle au profit des directs
Les membres du comité sur le RVER du RICIFQ considèrent aussi injuste que l’exigence du permis en régime de rente collective de personnes sera levée pendant 24 mois pour les institutions financières qui n’ont pas de spécialistes. « Cela va faire en sorte que les directs comme Desjardins, qui mettent déjà en place leurs produits RVER, iront chercher une bonne partie de la clientèle », dit Flavio Vani. Ce dernier est d’avis que les conseillers pourraient perdre la moitié de leurs clients.
« S’il avait vraiment voulu se préoccuper de la santé des contribuables, le gouvernement se serait tout d’abord attaqué à l’endettement qui constitue le principal frein à l’épargne », ajoute-t-il.
La question fiscale aux oubliettes ?
Jean-François Robert, membre du RICIFQ et invité à la conférence comme spécialiste en fiscalité, a illustré cette situation par une analogie d’épicerie. « Quand vous allez au marché, est-ce que vous voyez une file de gens aux caisses automatiques ? Non, les gens préfèrent souvent transiger avec un caissier et ce n’est pas nécessairement un rabais qui va les faire changer d’idée », dit-il en établissement un lien avec l’argument de la baisse des frais de gestion mis de l’avant par le gouvernement.
En se basant sur les courbes Laferrière 2013, Jean-François Robert souligne qu’en contribuant à un RVER automatique, le contribuable ne sera pas au fait de certains désavantages fiscaux que ces placements impliquent.
« Par exemple, un célibataire, selon les tranches d’imposition un célibataire qui gagne 46 182$ par année pourrait être plus avantagé que celui qui gagne 90 000 $, du moins s’il bénéficiait des services d’un spécialiste qui lui dicterait exactement le montant de la cotisation REER optimale et qui le guiderait pour réduire les impacts sociaux-fiscaux. »
Pas d’unanimité quant à la solution de rechange
Si le RICIFQ balaie du revers de la main le projet de loi 39, l’unanimité de ses membres en ce qui a trait à la solution de rechange idéale est moins certaine.
Jacques Provonost, invité comme expert en régime de retraite, privilégie un régime où l’employeur serait aussi contraint de cotiser. « L’implantation d’un régime de retraite simplifié serait à tout le moins préférable. Avec le RVER, le gouvernement ne prend pas en considération l’insuffisance de revenus pour certains individus », soulève-t-il.
Certains membres du RICIFQ ont aussi suggéré de rendre obligatoire la cotisation à un CELI ou encore une réglementation plus sévère pour les compagnies de cartes de crédit, notamment en ce qui concerne les taux d’intérêt.
Jean-François Robert a reconnu que l’obligation de cotisation à un CELI serait préférable au RVER actuel proposé, mais soutient que le gouvernement ne devrait simplement pas intervenir dans le domaine de l’épargne-retraite. Jacques Pronovost a, par ailleurs, préféré se dissocier de cette opinion.
Le président du RICIFQ, Flavio Vani a également spécifié que l’association de conseillers indépendants ne rejetait pas l’initiative du gouvernement de tenter d’améliorer la situation financière des Québécois à la retraite.