Le rebond des marchés boursiers et la hausse des rendements obligataires au quatrième trimestre ont effectivement eu des impacts positifs sur les caisses de retraite, comme en témoigne l’indice de la firme Aon qui montrait un ratio de solvabilité de 94,9 % au 1er janvier 2017, comparativement à 86,1 % au 1er janvier 2016. Autre constat d’amélioration : plus du tiers (35,2 %) des régimes ont terminé l’année entièrement capitalisés par rapport à 10,7 % au début de l’année, reflétant ainsi une bonne reprise.

« Le quatrième trimestre a fait toute la différence, et il ne s’agit pas uniquement d’un rebond du marché des actions aux États-Unis. La hausse vertigineuse des rendements obligataires depuis septembre et la robustesse des marchés boursiers, malgré le Brexit, ont eu un effet remarquablement positif sur la solvabilité des régimes de retraite. La question maintenant pour les régimes de retraite est de savoir comment ils peuvent tirer profit de leur force pour se préparer à des conditions de marché plus difficiles », a commenté Claude Lockhead, associé exécutif de la pratique Retraite chez Aon Hewitt.

Deux tiers de l’augmentation du ratio de solvabilité annuel sont attribuables à l’actif investi en actions et en placements non traditionnels, en particulier ceux du S&P/TSX au Canada (rendement de 4,5 % au 4e trimestre et de 21,1 % pour l’année) et du S&P500 aux États-Unis (5,9 % au 4e trimestre et 8,1 % pour l’année, exprimés en dollars canadiens), la soi-disant « euphorie Trump » ayant prolongé la tendance haussière des actions, indique l’étude d’Aon.

Les rendements obligataires étant inversement liés au passif des régimes de retraite, la vente massive des obligations au 4e trimestre a également eu une incidence sur le rendement obligataire de l’actif des régimes de retraite.

Revoir les stratégies de placement

À moyen terme, les caisses de retraite et d’autres investisseurs sont susceptibles de faire face à des rendements moins intéressants dans bien des classes d’actif traditionnelles de croissance, constate l’étude. Or, les possibilités se trouvent dans les marchés émergents, les marchés du crédit privé et les classes d’actif non traditionnelles, qui dépendent moins de l’orientation du marché.

Pour les régimes de retraite axés sur la couverture du passif et la gestion du risque de taux d’intérêt, l’augmentation des rendements des obligations d’État offre une possibilité de réduction des risques à un prix plus intéressant, suggère l’étude. Les promoteurs de régimes devront aussi prendre en considération leur capacité à réagir de façon efficace au retour des occasions à saisir et de la volatilité sur le marché.

« Il s’agit d’un moment propice pour les promoteurs de régimes de réévaluer leurs stratégies de placement et leurs modèles de gouvernance pour s’assurer qu’ils peuvent tirer profit des changements sur les marchés », propose Claude Lockhead.

Par ailleurs, le Québec a modifié son règlement concernant la capitalisation des régimes enregistrés sur la base de solvabilité, et d’autres provinces pourraient lui emboîter le pas, rappelle l’étude d’Aon. Il s’agit d’un risque inconnu pour les stratégies actuelles de financement, alors que plusieurs promoteurs de régimes examinent déjà la possibilité d’ajuster les cotisations futures.