Stratégie défensive (SD) : Il importe d’avoir de courtes durations dans son portefeuille à revenu fixe.
Tendance 2 (T2) – Hausse des dépenses en infrastructures : Il semble assez clair que les États-Unis augmenteront les investissements en infrastructures, dit-elle : «Le secteur industriel profitera d’un vent de dos pendant plusieurs années, tant aux États-Unis qu’au Canada». Le nouveau président prévoit aussi accroître les dépenses militaires, note-t-elle. Ces mesures devraient donner encore plus de souffle à l’économie américaine et mettre plus d’argent dans les poches des consommateurs qui augmenteront leurs dépenses.
SO : Les titres des firmes d’ingénierie, mais aussi des sociétés ferroviaires qui devraient enregistrer une hausse du volume de marchandises, en profiteront. De même que les entreprises du secteur aérospatial dont les activités comptent un volet militaire.
SD : Il y a toujours un laps de temps qui s’écoule entre les promesses et leur réalisation. «Si on achète des actions d’entreprises dans ces secteurs d’activité qui paient de bons dividendes, il faut se montrer patient», prévient-elle.
Daniel Dupont
Gestionnaire de portefeuille Fidelity Investments
T1 – Essoufflement boursier : «On est à l’intérieur d’un cycle économique et boursier qui est assez âgé», lance Daniel Dupont, qui met les investisseurs en garde contre les risques de l’endettement corporatif, qui est revenu au niveau de 2007. «Les entreprises fortement endettées pourraient avoir des problèmes à se financer dans les trimestres à venir.»
SO : La patience est de mise, estime Daniel Dupont, qui s’attend à des corrections dans le marché boursier : «On est prêt à toute éventualité et quand l’occasion d’acheter certains titres se présente, on essaie d’en profiter».
SD : «Je suis toujours défensif, c’est la façon dont je travaille, mais je le suis encore plus aujourd’hui», souligne-t-il. D’autant plus, ajoute-t-il, que les risques d’évaluation sont très élevés. «Je fais très attention aux multiples qu’on paie.»
T2 – Incertitude : L’élection de Donald Trump a amené un vent d’incertitude, selon le gestionnaire de portefeuille. Le nouveau président «a annoncé une foule de changements, mais cela prend toujours un certain temps avant l’exécution, et il ne pourra pas tout faire unilatéralement».
SO : Daniel Dupont garde l’oeil sur l’industrie de la santé. «Les secteurs pharmaceutique et de la distribution ont connu un recul important, notamment à cause de l’incertitude sur les prix des médicaments», explique-t-il.
SD : L’arrivée du nouveau président américain semble avoir donné un regain d’énergie au secteur des ressources, en particulier le pétrole et le gaz. Daniel Dupont reste pour sa part sceptique. «Le prix du pétrole reste imprévisible. Les sociétés pétrolières deviennent attrayantes quand le prix du baril est tellement bas que les probabilités d’autres baisses sont faibles.»
Michel Doucet et Jean-René Ouellet
Gestionnaires de portefeuille Valeurs mobilières Desjardins
T1 – Les États-Unis sous la loupe : Michel Doucet surveillera attentivement les 100 premiers jours de Donald Trump, en particulier ses mesures protectionnistes. «Comment le Mexique et la Chine réagiront-ils ? Quel sera l’impact sur l’économie et sur le marché du travail qui frôle le plein emploi ?» dit-il. Par ailleurs, les politiques budgétaires et fiscales du nouveau président «vont injecter du carburant dans une économie qui tourne déjà assez bien», ajoute le gestionnaire. En ce qui concerne la hausse des taux d’intérêt, «il ne s’agit plus de savoir quand, mais combien».
SO : Le marché des actions des États-Unis pourrait s’avérer le plus performant des pays industrialisés.
SD : Le marché obligataire représente le principal risque sur la planète financière, selon Michel Doucet. «C’est la fin d’un bull market long de 30 ans. Les portefeuilles d’obligations devront se mettre en mode protection de capital», dit-il, en précisant qu’il faut favoriser des obligations dont les échéances varient de 1 à 5 ans, en particulier celles qui sont émises par «des gouvernements ou des sociétés de grande qualité».
T2 – Croissance modeste au Canada : Avec des ménages endettés et des consommateurs à bout de souffle, sans compter des dépenses gouvernementales qui tardent à se concrétiser, la croissance économique canadienne sera modeste, indique son collègue Jean-René Ouellet. «Même le commerce extérieur ne lève pas, malgré un dollar à 74 cents», ajoute celui qui prédit une fourchette de 15 500 à 15 800 pour le S&P/TSX.
SO : «Les sociétés d’assurance vie, particulièrement celles qui ont des activités en sol américain, sont à surveiller», note Jean-René Ouellet qui s’intéresse aussi aux sociétés de petite capitalisation et à celles liées aux infrastructures. «Le secteur technologique, celui relié à l’Internet des objets, à l’intelligence artificielle ou aux véhicules autonomes, devrait continuer à bien performer.»
SD : Le secteur immobilier pourrait se ressentir des nouvelles exigences hypothécaires du gouvernement fédéral. De plus, les «titres des utilités publiques et des entreprises de consommation resteront sous pression tant que les taux d’intérêt ne se stabiliseront pas», souligne-t-il.
Manon Létourneau
Gestionnaire de portefeuille Financière Banque Nationale
T1 – Volatilité en vue : 2017 sera sous le signe de la volatilité, estime Manon Létourneau : «Il y a trop d’incertitude et c’est ce que la Bourse déteste le plus». L’élection de Donald Trump profitera à l’économie s’il «met en place ses promesses de réforme fiscale et d’augmentation des dépenses en infrastructures», dit-elle, précisant que le dollar américain restera fort.
SO : «L’impact des dépenses en infrastructures ne sera pas immédiat, mais c’est une occasion de se placer pour les années à venir», suggère-t-elle. L’année 2017 est aussi de bon augure pour le secteur financier.
SD : «Il faut envisager une duration plus courte que longue pour les obligations.»
T2 – Faiblesse de l’économie européenne : Manon Létourneau voit très peu d’éléments susceptibles de stimuler l’économie européenne. Par ailleurs, malgré la décélération de son économie, «la Chine ne s’effondrera pas et affichera encore un taux de croissance intéressant».
SO : «Les entreprises en bonne santé financière ou celles à grande capitalisation traversent toujours les tempêtes», fait-elle valoir.
SD : Elle suggère d’avoir une pondération qui tient compte des risques associés aux marchés européens et asiatiques.
Steve Bélisle
Gestionnaire de portefeuille principal Gestion d’actifs Manuvie
T1 – Accélération de l’inflation aux États-Unis : L’inflation est en pleine accélération aux États-Unis et cette tendance devrait se poursuivre en 2017, constate Steve Bélisle : «Le marché de l’emploi a continué à se raffermir, menant pratiquement le pays au plein emploi. Devant une plus grande difficulté à trouver de la main-d’oeuvre, les entreprises haussent les salaires, ce qu’elles compensent en augmentant leurs prix». La stabilisation du dollar, la reprise des prix des ressources, de même que les déficits générés par les politiques fiscale et économique du nouveau président causeront davantage d’inflation plus tard en 2017. «Il est fort probable que l’inflation dépassera largement les 2 % en 2017. Ce qui résultera en une hausse spectaculaire des taux d’intérêt à long terme.»
SO : «La hausse des taux d’intérêt bénéficiera au secteur bancaire américain et, par ricochet, canadien», dit celui qui privilégie les titres comme JPMorgan Chase et BankUnited aux États-Unis, ainsi que Banque TD et Banque Royale au Canada. Les compagnies d’assurance vie constituent aussi un secteur à privilégier.
SD : «Les investisseurs devront s’intéresser aux entreprises qui ont la capacité d’augmenter leurs prix pour refiler l’inflation à leurs clients et préserver leurs marges de profit», souligne Steve Bélisle qui cite en exemple les entreprises Brookfield Infrastructure Partners LP et Praxair. Les entreprises CN Railway, UPS, Microsoft, Altus Group, Cineplex et UnitedHealth, qui ont une forte position concurrentielle dans des industries où les barrières à l’entrée sont élevées et où l’élasticité de la demande est faible, sont aussi à considérer.
T2 – Bouleversements politiques : Le Brexit et l’élection de Donald Trump, dont les marchés se sont vite remis, pourraient néanmoins avoir des impacts à plus long terme. D’autant que «ce mouvement se poursuivra possiblement en Europe, notamment en France, en Italie, en Allemagne et aux Pays-Bas, où plusieurs partis populistes montent dans les sondages». Sans oublier l’attitude hostile de la Russie envers les pays occidentaux, de même que l’ambiance belliqueuse entre le Japon et le Chine. L’incertitude pourrait encore être cause de volatilité en 2017.
SO : Les banques américaines bénéficieront des baisses d’impôt des entreprises et d’allègements de la réglementation (notamment l’abolition de la Règle Volker) aux États-Unis. JPMorgan est alors particulièrement bien positionnée, selon Steve Bélisle. Aussi, «les entreprises d’oléoducs comme Enbridge et TransCanada bénéficieront d’une plus grande facilité à obtenir des permis», ajoute-t-il. Les dépenses en infrastructures devraient par ailleurs bénéficier à des entreprises telles que WSP Global et Stantec.
SD : Les investisseurs devront se montrer prudents face aux politiques protectionnistes et se méfier des entreprises qui bénéficient du commerce international. La teneur des réformes du système d’assurance-santé que proposera Donald Trump incite aussi à la prudence, alors que les entreprises impliquées dans les énergies renouvelables font aussi face à des perspectives atténuées, prévient-il.
François Bourdon
Chef des solutions de placement Fiera Capital
T1 – Premier effet Trump : L’arrivée au pouvoir de Donald Trump favorisera la croissance économique et l’emploi. «Le cycle économique est avancé et devrait favoriser les actions de type late-cyclicals, comme les entreprises liées aux matières premières. Nous aurons droit à la poursuite de ce que nous avons observé en 2016», constate François Bourdon.
SO : Il propose l’achat d’actions canadiennes et de pays émergents qui devraient poursuivre sur leur lancée de 2016, après cinq années de sous-performance relative par rapport aux actions américaines.
SD : Vendre ses obligations de longue duration «qui souffriront d’une augmentation du rythme de croissance et de l’accélération de l’inflation».
T2 – Deuxième effet Trump : Le nouveau président américain souhaite réduire le niveau d’imposition des entreprises américaines et éliminer la règlementation excessive, rappelle François Bourdon. La réduction de la règlementation devrait aussi leur rendre la vie plus simple et réduire leurs coûts.
SO : Il recommande donc l’achat d’actions de petites et moyennes capitalisations américaines.
SD : Il propose l’achat du fonds négocié en Bourse HFR dont les sous-jacents sont des obligations à taux flottants.