Le choix dépendra de la situation personnelle du client, selon les experts interrogés pour cet article. De plus, le conseiller doit principalement tenir compte de trois facteurs : les frais, la fiscalité et les avantages des placements en portefeuille.

Les frais

Si la vente des produits détenus en portefeuille engendre des frais importants, il faudra y penser à deux fois avant de bouger.

«Il faut souvent attendre que les frais de sortie des fonds communs de placement (FCP) soient minimaux pour aller de l’avant, remarque Alain Desbiens, vice-président Québec et Atlantique, FINB BMO, chez BMO Gestion mondiale d’actifs. Le processus de transition peut durer jusqu’à sept ans.»

«Le conseiller doit faire une analyse coût/bénéfice, ajoute Raymond Kerzérho, directeur de recherche chez PWL Capital. Il devra tenir compte des frais de sortie et de gestion plus élevés et déterminer si les frais de gestion plus bas des FNB compenseront à long terme.»

Si par exemple l’emploi de FNB fait baisser le ratio de frais de gestion (RFG) de 2 %, le conseiller pourrait décider d’absorber des frais de sortie de 2 %. Il annule l’avantage du FNB au cours de la première année, mais il le touche ensuite chaque année tant qu’il détiendra ce produit.

Par contre, le conseiller doit tenir compte d’autres facteurs. Alain Desbiens mentionne la différence entre la répartition d’actif actuelle et celle qui est proposée. Si le conseiller estime que le portefeuille est trop à risque, il pourrait vendre des FCP, même si les frais de sortie sont élevés.

«L’attitude de l’investisseur est aussi à considérer», note Raymond Kerzérho. En effet, si les frais sont connus, le rendement l’est moins.

Or, le client pourrait dans deux ans reprocher à son conseiller de lui avoir fait payer des frais de sortie pour acheter un produit qui a rapporté moins…

Naturellement, s’il n’y a aucuns frais de sortie, il est possible de vendre d’un coup, à condition qu’il n’y ait pas d’autres obstacles.

La fiscalité

Un autre aspect important à considérer est la fiscalité, particulièrement lorsque les placements ne se trouvent pas dans des régimes enregistrés.

«Si l’investisseur détient des FCP qui ont accumulé d’importants gains en capital latent, le conseiller devra calculer l’impact d’une liquidation et trouver une façon de réduire la facture fiscale», dit Ian Gascon, président de Placements Idema. Il ne doit pas vendre sans faire une analyse, même s’il veut implanter une nouvelle stratégie.

Par exemple, si un client québécois dont le revenu imposable se chiffre à 65 000 $ réalise un gain de 50 000 $, il verra son taux marginal d’imposition combiné (fédéral-provincial) passer de 38,4 à 47,4 % en 2013. En échelonnant le gain sur deux ans, à raison de 25 000 $ par an, le taux marginal resterait inchangé, à 38,4 %.

À l’inverse, si le client subit des pertes en capital et les applique à l’encontre des gains déclarés au cours des années précédentes, de sorte que sa facture fiscale est nulle, le conseiller peut alors mettre en place son plan de transition.

Les avantages

Dernier élément à considérer avant de tout vendre : les avantages des placements déjà en portefeuille. Ainsi, si le client aime la sécurité, il peut être difficile pour le conseiller de remplacer les certificats de placement garanti (CPG) qu’il détient.

Prenons le cas d’un client qui possède peu d’actif et qui place des FNB dans son REER. Dans son CELI, où il a accumulé moins d’argent et dans lequel il épargne de façon systématique, il pourrait opter pour un FCP qui permet un investissement minimum de 500 $ et des investissements supplémentaires de 50 $.

«Quand l’avantage est monétaire, comme une économie fiscale, il faut cependant vérifier qu’il est supérieur à l’économie de frais, note Ian Gascon, car ce n’est pas toujours le cas.»

Comme la nature des FNB n’est pas diamétralement opposée à celle d’autres produits, il est parfois plus avantageux de les combiner à d’autres placements.

«Les fonds communs, les fonds distincts, les actions et les obligations sont souvent remplacés par des FNB, explique Alain Desbiens. Certains conseillers bâtissent des portefeuilles exclusivement avec des FNB, mais la plupart d’entre eux jumellent des FNB, des titres individuels et des FCP de série F lors de la construction de portefeuille, notamment les conseillers qui travaillent sur honoraires.»